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Ce recueil est constitué de poèmes écrits entre 1946 et 1952, en vers libres et en prose, presque tous inédits, qui offrent la découverte d'un Rodanski poète après le Rodanski écrivain « surréaliste ». Quelques thèmes chers à Rodanski : l'errance, la femme, la quête de l'être à travers le néant, l'aventure métaphysique, l'énigme, le coeur, les éléments. Le poète arpente en veilleur un territoire froid et nocturne. Il veille sur les mots, les dévisage, et veille sur luimême, à la recherche d'une lueur de vie. Dans son paysage intérieur sont dressées des phraseslanternes auxquelles il revient toujours pour relancer son discours et réchauffer sa flamme. Les jeux sur les mots rappellent certaines formules magiques de sorcières shakespeariennes ou des tarots. Rodanski utilise les paradoxes et les antithèses pour forcer le langage, pour trouver la voie de l'être et le cours de la liberté. Chez lui la folie est devenue une « vertu morale » et Rodanski se réclame du « fanal de Maldoror » tout en marchant dans les pas de Nerval.
L'utilisation récurrente de la première personne et ses thèmes nocturnes et cosmogoniques l'apparentent au romantisme allemand de Novalis et de Hölderlin. Retrouvant par moments les accents de la poésie courtoise (références à Tristan), Rodanski dialogue également avec le panthéon surréaliste (allusions à Breton, Sade, Vaché, Jarry, Rimbaud), dans un style unique, cristallin, où pointe un humour noir et désespéré. Un grand nombre de ses poèmes et récits, la plupart inédits, se trouvent à la Bibliothèque Jacques Doucet, où ils ont été classés par l'éditeur de ce volume, François-René Simon, spécialiste de son oeuvre et organisateur de l'importante rétrospective qui lui fut consacrée l'été 2012 à Lyon, sa ville natale (et sépulcrale).
Comme Julien Gracq l'avait pressenti, l'oeuvre et l'aura de Stanislas Rodanski ne cessent de susciter un intérêt grandissant et souvent passionné, tant son verbe et sa personnalité imposent une présence hors-norme, laquelle ne trouverait d'équivalent que du côté d'Antonin Artaud. A l'instar de ce dernier, il a passé les 27 dernières années de sa vie à griffonner des carnets dans un asile. La publication de ce recueil de poèmes lui rend enfin sa place parmi les grands poètes français du XXe siècle, ainsi que dans le catalogue de Gallimard aux côtés de ses contemporains Jean-Pierre Duprey et Ghérasim Lucas.
Édition et présentation : François-René Simon
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