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Avec beaucoup d'autodérision Arthur raconte son vécu d'enfant laid, puis d'adolescent et de jeune homme. Dès sa naissance, ses parents, qui s'attendaient à un beau bébé, sont effondrés. Il est d'une rare laideur ! Ils essaient de s'attacher à lui. Peine perdue. Ils espèrent qu'un chirurgien saura réparer cette erreur de la nature. Mais aucune intervention n'est possible avant l'âge adulte. En attendant, ils cachent leur enfant du mieux qu'ils peuvent : « burka pour bébé », écharpes, chapeaux... Comment grandir avec cette laideur? On accompagne Arthur, ses aventures, intrigues, instants de suspense. Son désir intense d'être « comme tout le monde ». On s'attache aussi à sa famille, notamment à Kouki, une artiste, troisième parent d'Arthur. Elle apprend la sculpture à son père qui dessine sa laideur, la transforme, avec succès, en oeuvre d'art. On finit par aimer cet être laid, on se glisse dans sa peau, sous sa barbe, ses cheveux longs, on lui veut du bien parce qu'il pourrait être nous...
Le titre a tout de suite attiré mon attention. Quelqu’un affirme sa laideur et la raconte… Sujet banal mais peu traité dans la littérature.
La photo de couverture accentue l’impression : un portrait disgracieux, voire répulsif.
Embarquement immédiat !
C’est Arthur, enfant et même bébé, qui est le narrateur.
Une naissance est toujours source de joie, de fierté. Pas dans notre histoire. Les parents cachent au mieux la laideur de leur bébé.
La chirurgie esthétique étant impossible avant l’âge adulte, ils acceptent et aiment cet enfant aussi fort qu’ils le peuvent.
Le père choisit alors d’arrêter un métier peu intéressant pour s’occuper d’Arthur. Il entreprend une formation de sculpture qui va changer sa vie et son regard sur l’enfant. Car il dessine, représente son fils et transcende cette laideur dans ses créations, qui très vite, se vendent de mieux en mieux. Un symbole fort, où la disgrâce fait un pied de nez à la beauté.
Arthur nous raconte ses blessures, son cheminement dans la vie avec beaucoup de réalisme et d’humour : « Quand on a une gueule comme la mienne, on ne se pavane pas. On espère que les apparences sont trompeuses, et que sous l’emballage effrayant, se cache quelqu’un de bien, quelqu’un qui vaut la peine ; il me venait parfois, pour me réconforter, l’image d’un bijou enveloppé dans du papier toilette. »
Une auto dérision qui rend ce personnage repoussant particulièrement attachant. Un paradoxe parfaitement maîtrisé par l’auteure, dont on perçoit bien l’expérience en tant que psy.
Arthur se construit, accepte sa disgrâce, sans jamais l’oublier. Etudiant, Il va même s’engager dans une étude sur l’importance de l’apparence physique : « l’influence de la laideur sur le comportement des gens. »
Pourquoi, j’ai adoré ce roman ?
Le récit simple et juste du parcours d’Arthur, depuis sa plus tendre enfance, où il découvre très vite sa laideur, et la répulsion qu’elle provoque chez autrui.
Positiver, c’est ce que fait Arthur : transformer l’handicap en avantage. Arthur est différent, le sait, et les coups reçus lui permettent de se renforcer, de s’assumer, de bâtir sa personnalité.
Ses émotions, sa souffrance, ses difficultés pour vivre comme « tout le monde » ne sont pas éludées. Elles sont évoquées sans pathos, ni pitié. Le lecteur comprend rapidement que son humour, le recul qu’il a par rapport à lui-même, le protègent et l’enrichissent.
C’est surtout une histoire lumineuse où la « mocheté » est traitée avec beaucoup de finesse, d’humour et de bienveillance. Carton plein pour ce livre à qui j’accorde un 5 / 5, tant pour l’histoire, que l’écriture.
Excellent roman sur l'apparence, le diktat de la beauté, qui ne reste pas en surface mais plonge dans les profondeurs des émotions, et sentiments d'un garçon laid. Tout, dans nos sociétés passe par le filtre des apparences, de ce qu'on montre et de ce qu'on voit. On sait tous que notre premier regard, notre première impression nous donne des indications, des envies de rencontres ou pas, même si l'on sait également qu'il ne faut pas s'arrêter à ces premières impressions. C'est souvent plus aisé à dire qu'à réaliser. Isabelle Minière se met dans la peau d'Arthur qui souffre de son isolement et qui a du mal à comprendre que beaucoup s'arrêtent à sa laideur sans chercher à voir qui il est.
J'aime beaucoup cette écriture directe, rapide : "Je suis né laid. Ça n'est pas venu au fil du temps, en grandissant ; c'était là au départ. Non, je n'étais pas un nouveau-né moche, comme ça arrive souvent, un peu rouge, un peu gonflé, fatigué par le voyage. Non, même pour les plus indulgents, c'était flagrant. Laid. Laid de naissance. Ça ne s'est pas arrangé." (p. 9) Isabelle Minière fait preuve à la fois d'un humour féroce, noir et de beaucoup de tendresse pour Arthur. C'est lui qui raconte son histoire avec une auto-dérision permanente, un humour non pas du désespoir mais d'un type blasé qui préfère ne rien attendre de bon de peur d'être encore déçu. C'est un roman formidable qui se lit d'une traite. Original, fort avec des personnages marquants. Un roman en lice pour le Prix Hors Concours, forcément dans mes favoris. Et il est dans les cinq finalistes.
L’incipit « Je suis né laid » est une lézarde sur le mur de l’adversité. Une fausse note qui attise le rejet. Un cri dans le sombre d’une malchance. Et pourtant ! Isabelle Minière délivre une histoire sans pathos, lumineuse. L’écriture est intuitive, aérienne, sensible. L’auteure par une conjugaison de renom parvient à mettre sur le piédestal ce que le manichéen a de force et de vigueur. Subtilement par un jeu de miroir inversé, dans un face à face qui résiste, oppose l’épreuve et l’endurance, les faits et les espoirs, le noir et le blanc, la laideur et la beauté, la frayeur et la sérénité. La posture de la trame est une vertu théologale. Deviner au travers, la symbiose d’un regard, celui de la normalité, celui de l’atypie. Ecarter subtilement dans une histoire l’apparence et laisser naître ce que le clair-obscur pressent. Le symbole ici, est la résistance, le lâcher-prise des aprioris. La place est nette, les mots de l’auteure sont d’une double lecture allouée. Lire, « Je suis né laid » c’est non pas acter la compassion et l’émotion, c’est apprendre les nouvelles gammes d’une musique qui maquille la laideur en notes transcendantes. Ici, nous sommes dans une autre dimension. C’est déjouer les diktats de la beauté et comprendre les signes d’un regard où le langagier est essentiel à toutes survies. On s’attache à ce petit trésor né laid. A ce « Tutur » qui aura tout l’amour de ses parents et de certains, cercle régénérant et magnétique. Sans aucune arrière-pensée de pitié néfaste. Encore une réussite pour Isabelle Minière qui connaît par cœur le pictural de la vérité. Le père est un héros. Un homme avec lequel on fusionne d’emblée. Cheminant avec son fils dans cette allée où l’art va faire un beau pied au conventionnel. Ses mains vont modeler la glaise d’une répulsion en aura subliminale. Ici, respire un symbole fort. Un combat pacifique, une preuve d’amour infinie, pour Arthur. On pleure, il y a trop de noblesse dans cette relation filiale. On aime la mère, couvrant cet enfant d’une burka emblématique. Stigmatisant sa propre honte, s’auto-mutilant, mère battante au destin meurtri. Arthur s’éveille dans l’intelligence des cœurs. Dans ce brillant scolaire qui polie sa pierre. Malgré les coups, les lances reçues, batailles rangées contre son apparence, il deviendra son propre maître. Cette histoire est le souffle de la vie. La beauté est souveraine. « Je suis né laid » est un grand livre généreux. Un plaidoyer de saveurs sociologiques psychologiques, humanistes. Il est valeureux et son pouvoir de transmission est immense. On rêve de voir Arthur en authenticité, dans un grand film un jour futur. Ne jamais le quitter des yeux et se dire que la laideur est à l’instar de la raison. Il faut chercher les signes qui élèvent. Publié par Les Editions Serge Safran « Je suis né laid » se trouve dans les cinq finalistes pour le Prix Hors Concours Gaëlle Bohé, c’est une grande chance !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.
«Je suis né laid. Ça n’est pas venu au fil du temps, en grandissant; c’était là au départ. Non, je n’étais pas un nouveau-né moche, comme ça arrive souvent, un peu rouge, un peu gonflé, fatigué par le voyage. Non, même pour les plus indulgents, c’était flagrant. Laid. Laid de naissance. Ça ne s’est pas arrangé.»
Dès l'incipit,le lecteur est averti de ce qui l'attend. De ses premiers pas jusqu’au moment de fonder une famille, Arthur, le narrateur, va nous raconter son parcours d’une plume très aiguisée.
Ses parents avaient prévu de l’appeler Ange, mais avec la tête qu’il a, il n’ont pas pu.
Voici donc l’histoire d’un garçon auquel on n’aurait sans doute pas prêté attention s’il avait répondu à un minimum de critères esthétiques. Ses parents voulaient cet enfant, se réjouissaient de sa naissance et étaient prêts à lui fournir l’éducation qui lui permettrait de trouver sa voie dans une existence vraisemblablement des plus ordinaires.
Seulement voilà, ils sont «démunis devant cette chose effarante: leur bébé allait bien mais il était d’une rare laideur». La sage-femme a beau leur promettre que cela va s’arranger, plus les jours passent et moins leurs espoirs ne se concrétisent. Ils se tournent alors vers la chirurgie esthétique mais doivent là encore déchanter. Une intervention ne peut être envisagée que lorsque Arthur aura achevé sa croissance. Une fin de non-recevoir qui va toutefois s’accompagner d’un conseil précieux: plus vous aimerez votre enfant et plus il ira bien.
Une recette qui, si elle ne provoque pas de miracle, va permettre à Arthur de se sentir mieux et de comprendre que dans son malheur, il pourrait toujours compter sur ses géniteurs: «Je mangeais de l’amour, de l’affection, de l’attention.»
Son père va alors trouver le moyen de transcender cette laideur en dessinant, puis en sculptant son fils. «Le travail de mon père, de "prometteur" est passé à "remarqué", voire "remarquable".» Les sculptures et statuettes se vendent de mieux en mieux. Arthur quant à lui trouve un subterfuge. Oubliant les foulards et les capuches, il se cache derrière une barbe et une chevelure conséquentes. Et derrière un humour, une autodérision qui vont lui permettre de son construire malgré ce handicap. Mieux même, il va faire de son cas une force en s’engageant dans une étude sur l’importance de l’apparence physique, sur «l’influence de la laideur sur le comportement des gens».
Isabelle Minière a cette sensibilité, cet art de raconter les choses les plus difficiles avec délicatesse, de les enrober de bienveillance sans pour autant en oublier les aspects douloureux. Le jeune va avoir envie de découvrir les choses du sexe, se dire que dans son état faudrait passer par une prostituée et va finir par… se faire quelques relations qui lui redonneront le moral et l’envie «de changer de vie, de visage, de me réconcilier avec moi-même, et avec les autres».
Je vous laisse découvrir l’épilogue de ce roman. Et apprécier le talent d’une romancière qui n’a pas fini de nous surprendre en ré-enchantant le quotidien.
https://collectiondelivres.wordpress.com/2019/06/10/je-suis-ne-laid/
« Je suis né laid. Ça n‘est pas venu au fil du temps, en grandissant ; c’était là au départ. Non, je n’étais pas un nouveau-né moche, comme ça arrive souvent, un peu rouge, un peu gonflé, fatigué par le voyage. Non, même pour les plus indulgents, c’était flagrant. Laid. Laid de naissance. Ça ne s’est pas arrangé.
Si j’avais vu ma gueule avant de naître, si j’avais su ce qui m’attendait et si on m’avait demandé mon avis, j’aurais sans doute coché la case « Ne pas naître ». »
Ainsi débute le récit de la vie d’Arthur.
Ce petit garçon issu de parents de fort belle allure et aimants aurait dû s’appeler Ange ou Angelina pour une fille. Devant la laideur, les parents n’ont pas osé l’appeler Ange, c’eût été rajouter du mal au malheur, alors, il se prénomme Arthur.
« Tu sais, Loulou, avoir un enfant laid, c’est plus dur pour une mère que pour un père. »
Imaginez le désarroi des parents devant ce désastre. La mère ne se sent même pas de l’allaiter. Lorsqu’ils promènent Arthur, les parents prennent soin de mettre un linge devant pour ne pas que les passants voient leur bébé, ils ne supportent pas leurs réactions. Le docteur Beau,chirurgien esthétique consulté ne peut les aider avant que le bébé ne soit adulte.
Quant à confier Arthur à la garde d’une nourrice ou d’une crèche, impossible. Le père, mal dans sa peau au boulot, décide de devenir « père au foyer ».
L’art va aider le papa a accepter, puis aimer Arthur, aidé en cela par Kouki, la prof. Il dessine, puis sculpte son fils, la laideur de son fils. Il la transforme, la sublime sa en une oeuvre d’art qui connaissent le succès.
« Très joli sourire Tutur ! Qu’est-ce que tu serais beau si t’étais beau ! Ton père te rend beau, tu sais ça ? »
A l’école, terrible épreuve pour Arthur, personne ne lui parle. Il est rejeté, éjecté des jeux dès le début et il entend souvent «va-t’en toi ». Devenu « Vatentoi », il adore les jours de pluie, alors la balançoire est toute à lui. « Depuis, j’aime la pluie. Il y a de la place pour moi. »
Toute sa scolarité n’a été que solitude et humiliations.Il travaille deux fois plus et se fait, bien sûr, traité de fayot. En fac, cela n’est pas mieux. La sexualité, la virginité le travaillent et, aucune fille ne veut de lui, alors, il décide de faire appel à une professionnelle et tombe... sur sa camarade de fac.
Et vous savez quoi ? il choisi , comme spécialisation « la psychologie sociale » et, comme sujet de thèse « L’influence de la laideur sur le comportement des gens ». Les profs leur ont conseillé « un thème qui nous impliquait, qui nous motivait personnellement. » C’est on ne peut mieux ciblé, mais attention au casse pipe.
Heureusement, passé les débuts chaotiques, il connaît la chaleur familiale. L’amour, le soutien indéfectible l’aident et Kikou, fut la première à aimer, sans détour, cette brindille si laide.
« C’est si injuste qu’il soit si laid. Il serait mignon, sinon ». Pourtant pour Arthur « Parfois, ça m’aurait bien aidé que mes parents me détestent, me haïssent, soient odieux avec moi. Pas par masochisme, non, mais que ce soit plus facile de disparaître. Leur gentillesse, leur bienveillance, leur affection pour moi m’empêchait de me tuer. Je leur en voulais presque. »
Adulte, Arthur démarre une nouvelle vie et la jeune infirmière en est l’accoucheuse, voire la mère, ce qui rend impossible une liaison charnelle entre eux deux.
Un très beau texte où Arthur narre sa vie dure, solitaire, faite de refus, d’humiliations, de travail, sur un ton où se mêlent l’autodérision, l’ironie du désespoir, a tendresse. J’ai ressenti et aimé la force intérieure d’Arthur . La colonne vertébrale familiale lui permet, sans trop s’épancher, de se ressourcer, trouver de quoi avancer et continuer le combat jusqu’au moment de la renaissance.
La chance d’Arthur est d’être né au sein d’une famille unie et aimante. Souvent une erreur d’aiguillage, un accident de parcours, fait dérailler la locomotive familiale et les wagons, inexorablement, se séparent, rendant plus difficile la vie des blessés.
Qui a connu railleries, insultes, méchanceté parce que gros, trop typé, trop ou pas assez… se reconnaîtra dans ce très beau texte qui n’a rien de larmoyant. Mais ne reste t-on pas toujours quelque part dans sa tête le laid, le gros, le diminué ?
Avec « Au pied de la lettre » Isabelle Minière explorait déjà,le mal être, le mal aimé, la résilience, la force de rebondir.
Serge Safran propose des textes forts et « Je suis né laid » en est la preuve. Merci à lui pour ces très bons moments de lecture.
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