Une liste qui regorge de pépites littéraires à savourer tout au long de l'été
Il était resté glissé dans la poche intérieure du vieil étui en cuir acheté sur Internet. Un tout petit répertoire, comme ceux vendus avec les recharges annuelles des agendas, daté de 1951.
A : Aragon. B : Breton, Brassaï, Braque, Balthus... J'ai feuilleté avec sidération ces pages un peu jaunies. C : Cocteau, Chagall... E : Éluard... G : Giacometti... À chaque fois, leur numéro de téléphone, souvent une adresse. L : Lacan...
P : Ponge, Poulenc... Vingt pages où s'alignent les plus grands artistes de l'après-guerre. Qui pouvait bien connaître et frayer parmi ces génies du xxe siècle ?
Il m'a fallu trois mois pour savoir que j'avais en main le carnet de Dora Maar.
Il m'a fallu deux ans pour faire parler ce répertoire, comprendre la place de chacun dans sa vie et son carnet d'adresses, et approcher le mystère et les secrets de la « femme qui pleure ». Dora Maar, la grande photographe qui se donne à Picasso, puis, détruite par la passion, la peintre recluse qui s'abandonne à Dieu. Et dans son sillage, renaît un Paris où les amis s'appellent Balthus, Éluard, Leiris ou Noailles.
B.B.
Une liste qui regorge de pépites littéraires à savourer tout au long de l'été
Un simple carnet retrouvé et c'est la vie d'une artiste qui est exhumée, voici le titre qui aurait pu avoir cet ouvrage tant la destinée de ce carnet est extraordinaire.
Découvert dans un étui en cuir acheté sur le net pour remplacer celui abîmé d'une personne proche d'elle, l'autrice découvre d'abord ce document et son contenu avant de mener l'enquête. Lorsqu'elle comprend qui était la détentrice initiale, elle raconte son histoire à travers les noms présents dans ce carnet d'adresses. C'est d'abord l'histoire de Dora Maar qui nous est présentée mais celle aussi de ceux qu'elle a côtoyé, soit pour résumer, presque tous les artistes en vue du milieu du XXème siècle.
Connue surtout pour avoir été une des compagnes de Picasso, on la découvre aussi sous d'autres spectres, tantôt artistiques ou plus psychologiques. Cette approche d'enquêtrice mêlant factuel et fiction donne une cohérence à cette lecture qui nous fait défiler les pages sans s'en apercevoir. Mais surtout, on découvre une femme avec ses aspérités, ses forces et ses faiblesses et on met aussi en avant son travail en tant qu'artiste alors qu'on l'enferme souvent dans le rôle qu'elle a tenu dans l'ombre de Picasso.
Un travail de recherche important a été fait ici pour nous présenter une artiste sous une forme autre qu'une biographie mais à travers un objet banal qui en révèle beaucoup sur sa propriétaire.
Photographe, peintre, muse de Pablo Picasso, Dora Maar est une femme qui a évolué dans le cercle des artistes, surréalistes, intellectuels des années 50. Alors trouver dans un étui acheté par correspondance le carnet d’adresses de Dora Maar, ou même seulement imaginer que cela soit possible est une véritable gageure. C’est pourtant ce qui est arrivé à l’autrice qui a eu la bonne idée, lorsqu’elle est tombée sur des adresses toutes plus incroyables les unes que les autres, de poursuivre ses recherches.
En partant de ces numéros de téléphone et de ces adresses elle remonte le fil de la vie de Henriette Théodore Markovitch, née en novembre 1907 à Paris. Muse du peintre le plus emblématique du XXe. Belle intelligente farouche volontaire hautaine entière volcanique coléreuse exaltée orgueilleuse digne cultivée snob… Les qualificatifs ne manquent pas pour l’évoquer. Et cependant, qui peut se targuer de dire qu’à part citer le si célèbre tableau de Picasso, la femme qui pleure, il ou elle connaît le personnage, sa vie, sa carrière.
Cocteau, Chagall, Giacometti, Balthus, Breton, Lacan, Éluard…
vétérinaire, plombier, architecte…
Et Picasso, à qui elle donne sa vie, son amour, qui lui vaudra sa défaite et sa légende.
Ce que j’ai aimé ?
Embarquer dans ce carnet, parcourir les adresses, retrouver les numéros et les noms parfois oubliés, suivre un parcours de vie, celui de Dora Maar, la femme, l’amante, la muse, l’artiste, la désespérée.
lire la chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/04/22/je-suis-le-carnet-de-dora-maar-brigitte-benkemoun/
C'est un peu comme un roman policier littéraire, un nouveau genre, non mais ça pourrait l'être. Cette histoire vraie est très intéressante car elle aide le lecteur à se projeter dnas ce monde des années folle où l'on comprend un peu cette folie qui a accompagné toutes les femmes qui ont croisé la route de Picasso. A la lecture de ce roman on plaint Dora et dans le même temps on la déteste pour son égoïsme voir son égocentrisme.
« Je ne cherche pas, je trouve » disait Picasso …...
C'est un peu ce qui s'est passé pour Brigitte Benkemoun
Après avoir découvert par hasard un répertoire téléphonique ayant appartenu à Dora Maar, une des compagnes de Picasso pendant une dizaine d'années, elle décide de découvrir l'identité exacte des noms qui y étaient notés sous une forme parfois incomplète . Elle se livre alors à un « vrai travail de fourmi », s'efforçant par suppositions, déductions, recoupements et lectures de documents de construire « une biographie relationnelle » de celle que le peintre représenta dans son célèbre tableau : La femme qui pleure .
« Légende vivante de l'art moderne », photographe et peintre elle aussi mais dont la peinture fut occultée par celle de Picasso , elle est présentée comme « belle, rebelle, artiste, talentueuse, inspirante...voire un peu hystérique ». Figure notable de la vie parisienne dans les années 35-45 , tombée de son piédestal après la rupture avec Picasso, elle se transforma en une créature « jalouse,triste et acariâtre » avant de sombrer dans un délire que tenta de soigner Lacan.
Le livre de Brigitte Benkemoun se présente a à la fois comme le carnet de bord de sa recherche et « une biographie éclatée ». En effet, l'ouvrage couvre les relations que Dora Maar pouvait entretenir avec des personnages aussi variés que des personnalités du tout Paris et du monde artistique, qu' un graphologue, un plombier, un médecin ou un vétérinaire (et je pourrais continuer mon énumération …....)
Cette biographie d'un genre particulier prend parfois des airs de magazine people. C'est alors une chronique de la vie mondaine parisienne sous l'Occupation , dans laquelle se croisent les membres de la grande famille des privilégiés, ayant leurs habitudes dans les bars et restaurants branchés et dont les soirées échappent aux tickets de rationnement . « des relations indignes, légèretés obscènes, ce nazisme de salon et les compromissions alimentaires, Hitler et Mein Kampf arrosés au champagne. »
Si l'auteure reconnaît que ce travail d'enquête et de vérification sur lequel elle a mobilisé son temps et ses forces a fini par lui paraître pesant, eh bien, je dois avouer que cet adjectif « pesant » est celui qui convient aussi pour caractériser ma lecture ......
L'ennui que j'ai fini par ressentir au fil de pages est inhérent à l'organisation du livre. Sachant que chacun des détenteurs d'un numéro de téléphone (et ils sont nombreux) , se voit consacrer un chapitre, et sachant que nombre d'entre eux se connaissent et se fréquentent , l'ouvrage souffre de redites , même s'il présente un indéniable intérêt documentaire.
A lire pour ceux qui s'intéressent au contexte artistique des années 35-45 et veulent découvrir qui était Picasso dans l'intimité de sa vie longue vie amoureuse .
Je suis le carnet de Dora Maar de Brigitte Benkamoun que voilà une biographie originale et intéressante ! Nous entrons dans la vie d’artistes célèbres dont nous avons tous entendu parler par la petite porte ... c’est fort bien écrit et cette période où le surréalisme faisait foi est fort bien rendue ... à lire
Cette enquête de B.Benkemoun est originale par sa construction autour des noms d'un agenda de 1951 trouvé par hasard...En bonne journaliste,l'auteure va enquêter.
"Il va falloir recouper,déduire,supposer."
La curiosité fait son oeuvre,surtout que les noms qui apparaissent, séduisent:des poètes Eluard, Cocteau..., des peintres Chagall ...,un psychanalyste Lacan,un plombier,une esthéticienne...!
"J'ai parfois l'impression un peu folle que ce carnet m'a choisie plus que je ne l'ai trouvé."
L'écrivaine se prend au jeu et ,peu à peu,nous dresse la biographie de Dora Maar,"La femme qui pleure" peinte par Picasso.Ce travail de fourmi nous passionne,et l'intérêt ne faiblit pas quoique l'auteure nous fasse découvrir sur cette femme!Lisez-le ,vous vous ferez votre propre opinion...sur ces personnages bien réels.
Pour ma part,plus impressionniste que cubiste,surréaliste,je n'appréciais déjà pas Picasso sans contester son génie.Il est odieux,cruel,suffisant,en un mot détestable!Déçue d'avoir découvert un trait de personnalité chez Cocteau que j'admirais tant;faut-il ne s'attacher qu'aux oeuvres et délaisser les personnalités de ceux qui les ont créées.L'aperçu sur l'époque nous éclaire mais souligne l'attitude peu glorieuse,et,souvent égocentrique de certains artistes.Que dire de l'amour,de la passion qui a étouffé le talent de Dora Maar,photographe ,puis peintre?!?
Bravo ,en tout cas, à Brigitte Benkemoun pour cette enquête passionnante!!!!
Brigitte Benkemoun trouve par hasard un carnet d’adresse de 1951 où les noms compilés sont en majorité liés au milieu artistique parisien de l’époque. Et quels noms! Eluard, Cocteau, Lacan, Breton, Noailles… L’auteur nous explique ses recherches qui l’amène à conclure que ce carnet appartenait à Dora Maar, photographe et peintre reconnue, «la femme qui pleure» de Picasso (une de ses maîtresses) et nous livre une biographie très originale.
Chaque chapitre correspond à un nom et à un numéro de téléphone et l’auteur essaie de replacer l’artiste dans le contexte. Certains noms sont très présents, d’autres moins et Picasso est toujours en toile de fond bien que son nom ne soit pas noté dans le carnet. Brigitte Benkemoun s’est beaucoup documentée, elle a interrogé ceux qui étaient encore vivants ou leurs descendants et lu les courriers et journaux laissés par beaucoup de ces personnages connus. Au fil des chapitres l’auteure dessine un portrait sans concession de Dora Maar, femme étrange et complexe. Elle ne l’idéalise pas comme font souvent les biographes. Elle nous donne aussi une bonne description de ce milieu artistique des années 1930 à 1960.
J’ai lu ce passionnant récit comme un roman policier, d’une seule traite et je suis enchantée d’avoir beaucoup appris sur Dora Maar que je ne connaissais pas bien.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2019/07/08/je-suis-le-carnet-de-dora-maar-de-brigitte-benkemoun/
Le titre m’a immédiatement interpellée et je me suis plongée dans ce roman quasi-détective (puisque la narratrice veut résoudre l’énigme du carnet d’adresses trouvé par hasard : à qui appartenait-il ?). Ce roman biographique original puisque tout est découvert de façon kaléidoscopique ne cesse de nous étonner et de nous faire voyager dans le temps, avec les plus grands peintres, dont Picasso.
Le découpage en chapitres est des plus audacieux puisque chacun fait référence à l’un des noms du carnet. Nous découvrons ainsi l’héroïne fluctuante à travers ce que d’autres disent d’elles ou au gré des informations que chaque nom nous apporte sur elle.
C’est enivrant et passionnant, très bien écrit et cette peinture d’une photographe-peintre, maîtresse et égérie de Picasso, restée dans son ombre est troublante.
Une personnalité complexe que l’on prend énormément de plaisir à découvrir en demi-teintes.
Un grand merci à Net Galley et aux Éditions Stock pour cette belle découverte !
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