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De nos jours, nous sommes en mode, souvent connectés, toujours sur Facebook à distribuer des likes et des émoticônes, appeler à la bienveillance ou exprimer sa colère, traquer la fake news, réagir au buzz, et ponctuer nos phrases de du coup, en même temps, voilà, et bonne continuation. Dans une société de l'hyper communication, notre langue change à toute vitesse.
De nouveaux termes apparaissent, certains sont importés (impacter, racisé, selfie, burn-out), d'autres inventés (charge mentale, collapsologie) ou employés autrement (c'est juste génial, on est sur, je suis dans...). Or notre langue parle à travers nous. Elle nous dit et nous révèle si l'on sait analyser ses mots et retrouver leurs sens. Saviez-vous par exemple que selfie joue avec le même suffixe que Barbie et Daddy et veut dire moi chéri? Que le terme féminicide désigne le massacre (suffixe -cide) des femmes, et qu'il existe depuis deux siècles ? Ou que répéter en vrai traduit notre besoin de distinguer « la vraie vie » de la réalité virtuelle ?
Dans cet essai passionnant, Julie Neveux examine plus de cent de nos expressions, rappelle leur origine et étudie leur emploi actuel pour faire notre portrait à partir de nos mots. D'une plume savante, drôle et franchement décomplexée, elle nous emmène dans un voyage linguistique et une enquête jubilatoires : dis-moi comment tu parles, je te dirai qui tu es.
Un essai passionnant qui décortique la société actuelle par le prisme de la linguistique, avec fluidité et humour. Un véritable coup de cœur !
Je parle comme je suis. Je ne parle pas comme mes parents, qui eux-mêmes ne parlent pas comme leurs parents.
La société évolue et notre langue avec elle. Cette enquête au pays des mots en est la preuve.
Je pense qu'il faut l'accepter et ne pas la figer à tout prix (même si parfois cela peut faire mal aux yeux et/ou aux oreilles). Les mots, que l'on emploie, ont un sens, un sens directement lié à ce que nous vivons dans notre société. Nous parlons comme nous sommes, nous parlons comme nous (sur)vivons dans ce monde.
Cette lecture m'a également fait prendre conscience de certains travers de langage, qui ne me plaisent guère dans ma bouche. Prenons donc garde à ne pas perdre notre propre identité dans le tsunami de la mode langagière.
Quand j’étais plus jeune, j’entendais souvent dire que les jeunes ne savaient plus parler correctement… Ce qui est drôle, c’est que maintenant que je suis moins jeune, c’est un discours que j’entends encore très souvent, et même beaucoup plus souvent.
L’auteure, à travers cet essai, propose d’une manière assez simple, accessible, mais surtout pleine d’humour de décortiquer ces mots, ces expressions qui sont le reflet de notre société.
Qui n’a pas été surpris par la généralisation de certains mots, tout droit hérités des réseaux sociaux, ou qui nous viennent des « banlieues »… Qui n’a pas déjà utilisé « Pardon, j’ai zappé de te rappeler, je suis en mode zombie là, on est sur un gros dossier, j’ai buggé. En vrai, je suis mort, faut vraiment que je déconnecte…« . De nos jours, nous sommes en mode, souvent connectés, toujours sur Facebook à distribuer des like et des émoticons, traquer la fake news, réagir au buzz, et ponctuer nos phrases de du coup, en même temps, voilà, et bonne continuation.
Pour beaucoup, ces modifications linguistiques sont le reflet de l’appauvrissement de la langue, pour l’auteure, c’est au contraire une évolution reflet de notre société, de notre époque et de ses préoccupations. La manière dont elle présente les choses, je dois dire que c’est assez drôle tout en étant très documenté et cela donne un nouvel angle d’approche sur les modifications du langage qui peuvent nous rebuter.
Certaines expressions sont par ailleurs tirées de notre hyper connexion, ou permettent de donner plus de poids à ce qui nous arrive ou ce que l’on fait : l’emploi de la préposition « sur », qui donne à l’utilisateur de ladite préposition des airs d’expert : on est sur du 100 % coton bio, on est sur de la vache au lait cru… L’expression que l’on aime bien rajouter et que l’on entend souvent : « en mode » : en mode burn-out, en mode vacances, en mode cougar, qui fait référence au fonctionnement, aux boutons « on/off ». Le parallèle entre l’arrivée d’Internet et la révolution linguistique est très intéressant notamment avec l’utilisation de terme qui, il y a 20 ans n’étaient pas utilisés dans le langage courant : « Connecté », « bugger », « googl(is)er », « selfie », « hashtag » font référence à la Toile ou à nos téléphones portables.
A travers les mots, c’est toute une étude sociétale que l’auteure nous propose sans langue de bois, avec humour et pertinence. Les puristes peuvent dire ce qu’ils veulent, la langue évolue au gré de la société, elle s’enrichit.
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