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« Si tout était à recommencer, je recommencerais bien sûr, en évitant quelques broutilles : les accidents de voiture, les séjours à l'hôpital, les chagrins d'amour. Mais je ne renie rien. » Françoise Sagan, dans ces entretiens donnés entre 1954, date de parution de Bonjour tristesse, le premier roman publié à dix-huit ans qui fit sa notoriété internationale, et 1992, ne renie rien : son regard sur l'amour, l'amitié, l'argent, l'écriture, les hommes et les femmes, les voyages, dessine une figure incroyablement cohérente et sincère à travers les années. Et le lecteur, sous le charme de cette conversation entre confidences et mots d'esprit, ne renie rien au plaisir qu'il y prend.
Ces quarante ans d’entretien montrent la cohérence et l’authenticité de l’œuvre de Françoise Sagan qui, doucement, s’applique à tuer sa propre légende.
Sa pensée est vive, son verbe précis.
En voici quelques extraits.
Les riches
Les gens riches en général m’ennuient car s’ils sont riches c’est qu’ils ont réussi à garder leur argent et cela implique qu’on dise non dix fois par joour à d’autres gens.
Le bonheur
Le bonheur ça veut dire ne jamais avoir honte de ce qu’on fait.
Le célibat
Il y a des gens qui vivent très bien tous seuls avec un vœux chat sur les genoux, en mangeant des nouilles.
Etre mère
Si la fibre maternelle consiste à aimer son enfant, je l’ai. Si cela consiste à en faire un objet qui vous appartient, je ne l’ai pas.
L’imagination et l’intelligence
Au fond l’imagination me paraît être la vertu cardinale. Avec de l’imagination, on se met à la place des autres, et alors on les comprend, et donc, on les respecte. L’intelligence, c’est d’abord comprendre au sens latin du terme. Et qu’on ne me dise pas que derrière ceux qui nous piétinent, il y a une âme tendre et meurtrie à épargner : les gens sont ce qu’ils font, rien d’autre.
Droite et gauche
Il y a ceux qui disent : la misère existe, mais c’est inéluctable ; pour moi, ça fait des gens de droite. Et il y a ceux qui disent : la misère existe et c’est insupportable ; ça fait des gens de gauche.
Suicide
Je crois que quand on se tue, c’est pour infliger sa mort aux autres. Il est très rare de voir des suicides élégants.
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