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Une boîte de carton, une cassette, un téléphone, une radio. Le décor est dépouillé. Le corps est en convalescence, improductif, à l'écart du monde. Du fond de la pièce s'échappent des murmures, bientôt des phrases. Ce ne sont pas des gens. Ce sont des voix à la radio. Pendant des jours, des mois, des années, ces voix trompent la solitude et la douleur.
S’il est un livre qui peut vous donner le souffle pour résister face aux adversités, à la maladie, à la solitude, au corps meurtri, à la crainte de la mort, c’est celui-ci.
Ne prenez pas peur. « Jardin radio » est sans pathos. Il est le sable qui se soulève dans un désert figé.
Des rais de lumière qui percent au travers des persiennes. C’est un livre vrai, la parole de Charlotte Biron, ici sur les pages qui content l’expérience de la douleur échelle fois dix.
Des épreuves éreintantes, une femme très belle, jeune, vive, qui devient la cartographie sournoise et immanquable de ses opérations pour survivre.
« Jardin radio » et l’incipit tire le drap blanc. La narratrice confie ses mots, tels des papillons de nuit qui se cognent contre les lumières vacillantes dans un tunnel infini. Un pas, peut-être et c ‘est déjà un marathon de vaincu. Pour elle, en combat, la parole écoutée.
« Je suis dans mon ancienne chambre chez ma mère… Quand j’appuie sur play, je découvre ma voix miniature encore intacte et parfaite. »
Une radio près d’elle. Elle écoute les voix, s’étire dans le jardin langagier. Ressent la vie, sans souffrances et sans batailles. Elle s’accroche aux amarres. Il ne lui reste plus que cela. Son corps, ses mâchoires déchiquetées par le scalpel, l’outil pourtant crucial. On imagine la siamoise de Frida Kahlo. On pressent les corsets symboliques, la finitude de la beauté, les désirs qui s’enfuient sous le vaste des courants d’air. Elle a peur, se fait peur, elle a mal. La radio est sa voix. Cette petite bulle résistante restée dans l’orée d’avant. Insouciante et pleine de vie, amoureuse-aimée.
‘Toc, toc, toc, on entre et c’est écho, il n’y a presque rien. L’intérieur n’est occupé que par des formes qui se décomposent. Quelques voix s’enfuient, apeurées comme des rongeurs surpris. Ce ne sont pas des gens, ce sont des voix à la radio. »
Les voix sont captives. Elle sait que la sienne est intacte. Mais elle ne peut ouvrir la bouche. C’est une muselière. Les barbelés enserrent son visage.
Jardin, radio, est son exutoire, sa plage des mots, sa collecte de pansements, sa jachère fleurie. « Sa précision défie la mémoire. En même temps,elle ne respecte pas la chronologie. Elle n’ordonne pas le passé, ne restitue pas le déroulement des faits. »
La radio rassemble l’épars, enclenche la réalité. Babel et transmission, le baume des résonances.
« La radio remplit l’espace et le temps, se place au centre de ma tête. »
Les œuvres écoutées sont nourricières. Elles fusionnent, gémellaires, spéculatives et intelligentes. La culture est un puits de lumière pour les souffrants aussi. Laure Adler, Delphine de Vigean, Chantal Dumas, Susan Sontang, Honor Eastly… prêtent leurs voix à celle qui vacille et persiste à trouver la sienne dans le jardin d’une radio qui, par son magnétisme, son vivifiant est le centre même de la vie.
Émouvant, « ma voix existe sans mon corps, sur cette cassette, seulement ma voix. »
est grandiose malgré ses souffrances. Son immensité est une clef. Le bouton d’une radio allégorique aussi tant ses pouvoirs sont le viatique d’une guérison.
Rédempteur !
Publié par les majeures éditions Le Quartanier éditeur.
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