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Jacqui nous embarque de force dans la tête d'un personnage rebutant, chauffeur de taxi frustré, réactionnaire, râleur, perfide et surtout effroyablement misogyne, qui aime asséner des leçons sentencieuses sur la vie. Entre macabre et humour noir, on suit le monologue intérieur d'un meurtrier qui raconte comment et pourquoi il s'est débarrassé de sa femme, la fameuse Jacqui, et en profite pour nous raconter le monde, vu à travers son regard désabusé.
Avec son phrasé populaire, direct, fluide, cinglant, dont on ne sait jamais s'il va basculer dans le rire ou les larmes, Peter Loughran réussit magnifiquement son numéro d'équilibriste. Un roman singulier et dérangeant, toujours aussi corrosif malgré les années.
Où est la frontière entre la lucidité et le cynisme ? Heureusement que ce livre m’avait été recommandé par une femme parce que sinon, ça ressemblait à une déclaration de guerre des sexes. Caroline Fourest aurait un AVC avant la fin du premier chapitre. Le protagoniste du livre est d’une misogynie extrême, à faire passer Houellebecq pour un féministe convaincu. Petit détail d’importance : il (le protagoniste) est anglais et chauffeur de taxi – je ne dis pas que la nationalité et le métier du monsieur ne sont pas neutres mais bon.... Pour Peter Loughran, la femme répond toujours à son instinct primaire de protection. Elle n’est intéressée que par le confort et la sécurité qu’un homme peut lui offrir. S’il est beau, ça ne gâche rien. Quand cette sécurité est obtenue, elle veut des enfants, qui emprisonneront définitivement l’homme dans sa routine. Pour la femme, le sexe n’est pas une fin en soi, mais est un moyen d’obtenir ce qu’elle veut. Quand le matérialisme atteint son paroxysme, elle peut rapidement devenir une pute, mais elle a souvent des circonstances atténuantes (une enfance malheureuse). Notre chauffeur de taxi tombe amoureux de Jacqui, une fille qui a eu… une enfance malheureuse. Tombé amoureux ? La pire des situations, d’après l’auteur, parce que l’homme en perd son cerveau et ses couilles. Le mari de Jacqui commence alors un long calvaire dont l’issue, inattendue (parce que pleine de tendresse) et rocambolesque, ne manque pas de piquant. Ce livre est souvent révoltant mais, pris au troisième degré, il ne manque pas de saveur. On attend maintenant qu’une écrivaine fasse le portrait au vitriol des hommes dans un roman où une femme ne supporterait plus son mari et chercherait à s’en débarrasser fissa. Un roman qui s’intitulerait « Michel » bien-sûr… Et je vois bien Blanche Gardin s’en charger.
Bilan :
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