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La séparation entre sphère privée et sphère publique est l'un des principes de fonctionnement de notre société. Elle induit l'indépendance à l'égard des institutions religieuses et de ses règles, ce que nous appelons la laïcité. Pourtant, dans les internats, les armées, les prisons, existent des aumôneries reconnues officiellement par l'État. Au sein des armées, elles sont gérées administrativement par le service de santé du ministère de la Défense. Cette présence religieuse qui, dans les institutions de la République, fait exception, a une histoire mais aussi des raisons d'être. Ce sont ces dernières qui ont incité le comité de rédaction de la revue Inflexions. Civils et militaires : pouvoir dire à travailler sur ce sujet et plus précisément sur la relation entre le sacré, le fait religieux et le métier des armes. Le numéro de la revue publié en juillet dernier et intitulé « Les dieux et les armes » fait état de cette réflexion que nous avons souhaité prolonger par cette journée d'étude. La culture militaire, ses cérémonies, ses rites, son « entre-soi », pour le meilleur et pour le pire, vont aider ces jeunes gens, âgés pour la plupart de vingt à trente-cinq ans, à connaître et à reconnaître les « pierres-repères » de leur engagement, et à faire cohabiter le désir de faire le Bien, qui les anime pour la plupart, et la dure réalité de la guerre. Mais chacun sait que ce n'est pas suffisant. Et la guerre d'aujourd'hui, protéiforme, qui ne correspond ni à l'image binaire du Bien et du Mal, ni à la fable du soldat de la paix, n'est pas plus facile que celle d'hier pour ceux qui la font ; la peur et le déchirement ne l'ont pas désertée. Or ce métier sera peut-être moins difficile à vivre, en toute conscience, s'il s'inscrit dans un monde de représentations partagées, celui d'une communauté de foi, que cette dernière soit philosophique ou religieuse. De nombreuses questions et recherches peuvent être posées et menées sur cette évidente relation entre le sacré, la foi et le métier des armes. Mais je ne retiendrai que deux interrogations : de quelle manière, selon quels critères, quelles limites, la nation peut-elle laisser à la disposition des militaires, auxquels elle a délégué l'usage de la force, les « outils » spirituels, philosophiques, religieux pour exercer un métier qui est loin d'être ordinaire ? Comment, pour assurer la coexistence sereine de communautés de foi, qui semblent souvent utiles dans ce métier, l'institution peut-elle aider les individus à s'ouvrir sur les autres croyances que les leurs, tout en restant ancrés dans leurs propres terreaux ?
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