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C'était le bon temps. Quand la France contemporaine nous accable, il suffit, pour aller mieux, de se ramentevoir celle des années 1970, rythmées par les films de Sautet, les chansons de Dalida, Nino Ferrer, Alain Bashung. Sous le signe - très masculin - de Pompidou, Giscard, Mitterrand, Barre, Rocard, Sartre et Mao, elles furent à la fois insouciantes, bourgeoises et révolutionnaires. Pour écrire cette trilogie, j'ai épluché plus de cinquante ans d'archives personnelles. Ce qui m'a permis de confronter mes regards d'hier et d'aujourd'hui, ceux des acteurs de l'époque aussi, avec mes souvenirs les plus personnels comme avec les grands évènements historiques, dans un mouvement de va-et-vient permanent. Très vite, je me suis rendu compte que ce travail permettrait d'éclairer la question qui nous étreint tous, plus ou moins : que nous est-il arrivé ? Pendant la décennie 1970, sujet de ce deuxième tome, la France a continué de progresser, dans la foulée du «Sursaut» gaullien que je vous ai raconté dans le précédent volume. Portée par une croissance économique incroyable, c'est la Belle Époque de la V?. Mais après avoir été frappée par deux chocs pétroliers très violents, elle a peiné à relever les défis qui se posaient : l'urgence écologique, le début de la désindustrialisation et du chômage, l'immigration, la perte de l'autorité, des repères... Tous les germes étaient à l'oeuvre, à bas bruit, au cours de ces années-là, peut-être moins radieuses qu'elles ne le semblent aujourd'hui, la nostalgie aidant.
Dans ce volume 2 qu'il consacre aux années qui vont du retrait du Général de Gaulle en 1969 à l'arrivée des socialistes au pouvoir en 1981, Franz-Olivier Giesbert ne se pose pas en historien respectueux de la chronologie, mais plutôt en journaliste témoin de son époque s'autorisant de multiples digressions, y compris sur sa petite personne.
Maître dans l'art de raconter avec son style inimitable qui recourt abondamment aux « jolis mots de la langue française » peu usités, il emploie tantôt un ton vachard, tantôt admiratif, mais sans excès, tantôt tendre pour qualifier les hommes, politiques ou non, au chevet desquels il se penche.
Ses flèches les plus cruelles, il les tire sur Jean-Paul Sartre, « Fouquier-Tinville du Café de Flore », et sur ses héritiers, tous suppôts de Mao et de sa folie purificatrice responsable de dizaines de millions de morts.
Dans un autre style, c'est une grande statue de la gauche, plus modérée cette fois-ci, qu'il déboulonne. Pierre Mendès France, « pauvre petite chose souffreteuse », et sa condescendance l'horripilent.
Son affection, il la réserve au Chti Pierre Mauroy, « une belle personne ».
À propos de Mitterrand, il confie son amour pour ce « père de substitution », tout en rejetant son cynisme politique.
Quant aux deux présidents, Pompidou et VGE, qui ont traversé les années 1970, ils ont prouvé « que la France était gouvernable » et qu'elle était capable de se réformer.
Il ressort de son récit une forme de nostalgie lucide sur ce que fut cette décennie. Même si celle-ci signe l'arrêt de mort des Trente Glorieuses et porte en elle les germes de ce qu'il adviendra : perte de l'autorité, déni des réalités, pensée magique en économie, culpabilité systémique...
À déguster comme une madeleine trempée dans une tasse de thé.
http://papivore.net/documentaire/critique-histoire-intime-de-la-ve-republique-2-la-belle-epoque-franz-olivier-giesbert-gallimard/
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