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L'histoire est parfois d'une troublante injustice : adulé de son vivant, glorifié après sa mort, le compositeur Louis-Ferdinand Hérold (1791-1833) est aujourd'hui bien oublié. Qui se souvient que son chef-d'oeuvre, Le Pré aux clercs, dépassa 1 500 représentations en moins de soixante ans ? Il est certes des gloires éphémères qui ne méritent pas d'être ressuscitées. Mais relire aujourd'hui les partitions d'Hérold assurent dans son cas du contraire. Si les dix dernières années de sa vie sont depuis longtemps richement documentées, notamment grâce aux travaux d'Arthur Pougin, de Julien Tiersot et de Benoît Jean-Baptiste Jouvin, sa jeunesse peut encore faire l'objet d'intéressantes réflexions : pour preuve ce livre consacré aux deux voyages du compositeur (1812-1815 et 1821). Une première partie étudie certains aspects historiques ou esthétiques de cette période de formation, tandis que la seconde propose l'édition critique de la correspondance entretenue par Hérold et sa mère durant ses longs mois d'absence.
Le compositeur traverse l'Italie, s'installe à Naples, revient en France après un détour à Vienne. C'est dans cette ville qu'il rencontre Salieri et découvre ses opéras, dont Palmira : « On y retrouve sa manière : tout pour la scène. Des morceaux courts, bien coupés, bien vigoureux et souvent des phrases délicieuses. » Hérold aurait pourtant apprécié d'entendre davantage de musique allemande : « On donne ici trop d'opéras français et sans la langue avec laquelle je suis en dispute, je me croirais en France. J'ai entendu déjà La Vestale, Jean de Paris, Joconde, Cendrillon. La Vestale n'est pas bien rendue : ce bel ouvrage est fait pour une grande salle et perd beaucoup dans une petite. On prend aussi la plupart des mouvements trop vite. » Mais la découverte de théâtres, d'artistes et de pratiques musicales si différentes ne manque pas de l'interroger. Il note dans son Journal une série de conseils dont il saura se souvenir plus tard : « Tâcher de prendre un juste milieu entre la musique vague de Sacchini et la vigueur de Gluck. Penser souvent à Mozart, à ses beaux airs de mouvement » ou encore « commencer un air de fureur par un largo de huit mesures et attaquer après. Commencer un air sans accompagnement, ou seulement avec un instrument à l'unisson. Finir le récit en ut mineur et commencer l'air en la majeur. Dans le récit, une enharmonique agréable, suivie d'un chant bien coulé et joli ». Et ces voyages sont bien sûr l'occasion de rencontres surprenantes, notamment avec Hummel, « jeune homme bien riant, bien bon garçon, gai, franc, aimable, d'un talent extraordinaire » ou Beethoven « malheureusement sourd et farouche comme sa figure ».
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