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Par un sale mois de novembre glacé et venteux, une femme est retrouvée assassinée dans un grand hôtel de Lyon, attachée sur un lit, étouffée, la tête emprisonnée dans un sac. Le commandant Farel et son équipe se penchent sur le passé de la victime, directrice d'un institut d'accueil pour enfants handicapés et dont la vie va très vite se révéler particulièrement scabreuse. Au fil de l'enquête, en pleine campagne électorale, un autre cadavre sera découvert, apparemment exécuté sur le même modus operandi, celui de l'adjoint au maire, franc-maçon, chargé des finances de la ville et grand pourvoyeur de fonds électoraux. En laissant délibérément à Farel les mystérieux indices d'un jeu de piste macabre, le tueur, froid et méthodique, semble vouloir régler ses comptes. L'enquête va faire remonter à la surface les odeurs nauséabondes d'une terrible affaire toujours pas élucidée mettant en cause l'establishment local. Et pour Farel, les souvenirs douloureux d'une amitié à jamais perdue.
Ce qui est bien chez Jigal, c'est que spécialiste des romans noirs et/ou polars, on en trouve pour tous les goûts : des flamboyants avec Janis Otsiemi, des rapides et très noirs avec JO Bosco, des plus classiques, des tordus, des romans noirs ou d'aventures avec dans le désordre, Maurice Gouiran, Pascal Thiriet, Olivier Maurel, Gilles Vincent, Philippe Georget, Florent Couao-Zotti, pour ceux que j'ai lus et sans doute encore plein de qualificatifs pour ceux que je n'ai pas lus. André Blanc avec son Farel fait dans le polar réaliste : on suit l'enquête pas à pas. Tout est précis, formel, tant les procédures que l'autopsie -et je vous rassure tout de suite, rien de purement administratif et donc rébarbatif ou de gore, la description de l'autopsie est plutôt technique. La construction du roman est classique (je me suis même douté d'un point très important concernant le coupable très vite, mais ça n'a pas gâché ma lecture d'autant moins que j'ai appris par la suite plein de détails, et puis je me doute assez facilement, parce que j'ai tendance à soupçonner tout le monde, mais là, quand même, j'avais une idée assez précise), l'écriture aussi qui colle parfaitement à l'ambiance et aux personnages décrits qui pourraient être vous ou moi ou vos voisins voire même les miens. "Un polar efficace et sans concession" est-il écrit sur le bandeau de couverture. J'opine. Sur fond de magouilles politico-financières, de réseau de pédophilie ou de pratiques sexuelles débridées, Farel avance sans lâcher le morceau, un limier besogneux qui ne fait confiance qu'aux faits qui doivent corroborer ses intuitions, sinon, ses intuitions, il les laisse de côté. Et il est très bien secondé, son équipe de lieutenants est vaste et compétente, pas vraiment drôle comme dans certains autres romans policiers, là l'humour n'est pas le fort de ces flics lyonnais, quelques remarques ou vacheries de temps en temps, mais surtout des coups de gueule, des regards noirs et des susceptibilités qu'il faut ménager et que pourtant aucun ne ménage. On ne se marre pas, mais comme André Blanc écrit avec réalisme, il a tout à fait raison, je doute que les flics rient beaucoup lorsqu'ils ont en mains une affaire liée à un réseau de pédophiles, même avec un sens de l'humour très développé, certaines blagues sont difficilement acceptables. "Peut-on rire de tout ?" demandait en son temps Pierre Desproges. Finalement, peut-être pas...
Guillaume Farel est le personnage central, inévitable du bouquin, un type complexe, très bien décrit, pas trop physiquement, plutôt psychiquement. Il vit avec Maud une flic d'Interpol une relation pas toujours très calme, n'est pas au top relationnel avec son père, juge à la retraite mais un profond respect les lie l'un à l'autre. Il a un réseau amical fort qui date de ses années d'études entre Jean Le Han psychocriminologue, Charles Vobslinger journaliste, ne manque que Marc Philippe avocat fiscaliste, mort des années auparavant, mort dont Farel ne se remet pas et qui le hante toujours.
Décrit comme cela ce polar pourrait sembler sec, austère. Il l'est sans doute un peu, mais en l'occurrence, c'est plutôt une qualité qui fait que l'on reste pris de bout en bout par l'histoire, ses rebondissements, ses ramifications dans le monde politique -quelques remarques fort judicieuses sur les collusions entre la politique, les affaires, l'argent, le goût et l'attrait du pouvoir qui ne redorent pas le blason des politiciens sans pour autant crier au "tous pourris"-, ses personnages attachants malgré leur manque de détachement et d'humour.
C'est un roman qui débute comme cela :
"J'avais trente-deux ans lorsque j'ai poussé la porte grise. L'homme en blanc m'avait conseillé de le faire depuis longtemps, mais il était trop tard, le temps avait passé, Dieu nous avait abandonnés et nous vivions un enfer depuis des mois. Nous étions à cinq jours de Noël. Ni Stéphanie ni moi n'avions dormi cette nuit-là. L'état de santé de Marie s'aggravait, plus aucun traitement n'agissait, elle partait doucement, et nous avec." (p.7)
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