Revenu sur les terres de son enfance, l'auteur entame un dialogue avec ce petit garçon plein d'ambitions qu'il a été...
Fils aîné d'une famille de jeunes ruraux, le jeune Sébastien Samson ne connait que le périmètre de son petit village et du chemin de fer qui le traverse comme une veine et rythme les journées de sa maman, garde-barrière.
Enfant, il se construit dans ce monde clos, dans lequel la naïveté et l'ignorance du monde favorisent les rêves, en même temps qu'elles tendent à les rendre caduques. Pourtant, Sébastien sent déjà que sa vie ne se passera pas ici, pas dans le même monde que ses parents.
Aujourd'hui, Sébastien est devenu adulte, parent. En plus d'être professeur d'arts plastiques, il est également auteur de bande dessinée. Il se rend à New York pour la promotion de son dernier livre. Soudainement, Sébastien croit apercevoir son double, enfant, en plein New York. Une illusion saisissante...
Revenu sur les terres de son enfance rendre visite à ses parents, l'adulte entame un dialogue avec ce petit garçon plein d'ambitions qu'il a été. Explorant ensemble les terrains en jachère et maisonnettes en ruine de son passé, Sébastien éclaire d'une lumière nouvelle cette enfance disparue.
D'abord tenté par une forme de nostalgie, Sébastien adulte va progressivement transformer son regard sur cet environnement familier, jusqu'à considérer que l'enfance vécue ici était privilégiée, sans doute même favorisée, à rebours des clichés sur la vie en milieu rural.
Revenu sur les terres de son enfance, l'auteur entame un dialogue avec ce petit garçon plein d'ambitions qu'il a été...
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Un regard tendre sur une enfance en territoire rural
Quand l'adulte d’aujourd'hui pose son regard et rencontre l'enfant d’hier, que se passe-t-il ? Un échange, des souvenirs, un dialogue intime. Et bien plus encore.
C’est avec une certaine nostalgie que Sébastien Samson revient sur les lieux de son enfance dans le Poitou. Il nous livre un quotidien fait de petits riens, de rêves et de vie familiale joyeuse. Une enfance passée dans une maisonnette de garde-barrière, métier aujourd'hui disparu... L’ évolution du chemin de fer apparaît en filigrane dans cette bd qui porte en elle une trame sociale.
La colorisation est originale : les souvenirs sont en couleurs et le présent dans des gris/bleu monochomes. Ce procédé qui vient inverser ce qui se fait habituellement est un pari réussi car il donne toute sa force à l’évocation des souvenirs. Les allers-retours entre le passé et le présent se déroulent de manière fluide tout au long du récit.
Graphiquement, Sébastien Samson demontre tout au long de cet album un réel talent, il alterne des styles différents suivant l’intention du propos. Mention spéciale pour le portrait de Jacques Brel.
Un bel hommage, touchant et sensible. Pour avancer vers l’avenir, il faut savoir regarder son passé.
Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Merci à Lecteurs.com et aux editions La Boîte à bulles pour l’envoi
Une histoire simple qui se laisse dévorer
Cette BD est une autobiographie, un voyage mémoriel et un récit introspectif. Fils ainé d’une famille de jeunes ruraux Sébastien Samson se construit un univers clos dans lequel la naïveté et l’ignorance du monde favorise ses rêves. Pourtant, il sent que sa vie ne se passera pas dans le monde de ses parents. Il devient professeur d’arts plastiques et dessinateur de bande dessinée. Alors qu’il est à New York pour faire la promo de son dernier livre, il prend le train et croit apercevoir son double enfant sur une voie jouxtant la sienne. De retour en France, il rend visite à ses parents et le Sébastien adulte entame alors un dialogue avec le petit garçon plein d’ambition qu’il était à 9 ans en 1978. Fils d’une mère garde barrière, la maison dévient le centre d’attraction gravitationnel de ses souvenirs. Il en profite pour faire une visite mémorielle qui le mène de terrains en jachère en maisonnettes en ruines. Il ne peut que constater le dépeuplement du monde rural, la fermeture des usines, l’installation de zones commerciales en périphérie et le centre-ville moribond suite aux fermetures des petits commerces. Sébastien adulte va transformer son regard sur cet environnement familier jusqu’à finalement considérer son enfance vécue sur ces terres comme privilégiée, voire favorisée, à l’opposé de tout ce que l’on peut penser du milieu rural. Il fait également témoigner ses parents sur ce passé qu’ils évoquent avec nostalgie et leur rend hommage, ainsi qu’à ses amis et à l’enseignement public au travers d’un instituteur qui l’a véritablement marqué.
Les aller-retour entre le passé et le présent sont incessants et contrairement aux normes, qui veulent souvent que les séquences du passé soient traitées en sépia ou en teintes surannées, c’est ici le présent qui est monochrome en lavis gris-bleu tandis que l’enfance est très colorée . Il arrive que présent et passé s’entremêlent au sein de mêmes cases, en respectant scrupuleusement cette règle.
Avec cet album, Sébastien Samson déroule ses souvenirs d’enfance dans et autour de la maison de garde barrière de sa mère, implantée à côté du passage à niveau de la ligne peu fréquentée de Saumur-Poitiers.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions La Boite à Bulles pour cet envoi. »
Quand l’adulte qu’on est devenu revient sur les traces de son enfance et échange avec l’enfant qu’il a été… cette rencontre avec le passé, les souvenirs d’enfant qu’on vient confronter à la réalité du temps qui a passé, c’est à quoi va s’adonner Sébastien Samson, l’auteur d’ « Entre deux gares ». Né en 1973, élevé à la campagne au bord de la voie ferrée (sa mère était garde-barrière), il nous fait le récit des changements qui se sont produits depuis. La colorisation permet de distinguer le temps présent, plutôt monochrome, et le passé, en couleur. L’auteur est accompagné par le petit garçon qu’il a été et reparcourt les lieux de son enfance, grâce aux souvenirs de ses parents et à des « visites » sur place, façon « urbex ». Le traitement graphique est varié, on a des planches en pleine page, des clins d’oeil à d’autres BD. C’est empreint de nostalgie, vraiment touchant, surtout si comme moi, vous êtes sensible au temps qui passe. On y voit le déclin des campagnes au profit de la ville, avec pourtant le progrès et les changements qui vont avec (les parents qui vont pouvoir « faire construire », l’arrivée du canapé dans la maison). Dans cette enfance ordinaire, il y a aussi le rôle de l’instituteur qui fait prendre conscience à ses élèves qu’ils doivent se battre pour s’élever au-delà de leur condition, qu’ils ne sont pas tenus à rester des « modestes ». En postface, l’auteur s’interroge sur sa légitimité à raconter une enfance qui n’a rien de particulier, mettant en regard Riad Sattouf ou Marjane Satrapi. Au contraire, je trouve qu’il est précieux que soient mises en récit des histoires « ordinaires », qui témoignent d’une certaine façon de vivre en France dans les années 70-80. Cela m’a touchée de la même façon que les romans de Nicolas Mathieu et sa manière d’appréhender le temps sur le mode du futur antérieur « ça aura été », la nostalgie est déjà là au moment où l’événement est vécu.
(lu dans le cadre du prix Orange de la bande dessinée, merci aux éditions La boîte à bulles pour cet envoi !)
Tout est dit dans les précédentes chroniques.
Une belle surprise qui montre que l'humanité, le sensible et le profond n'a pas besoin de paillettes (au contraire) et / ou d'extraordinaire.
L'échange entre l'adulte et l'enfant qu'il a été borne ces deux moments (gares où le temps s'arrête et laisse place aux souvenirs), et apportent une dimension particulière.
Sébastien Samson met au service de son histoire personnelle et familiale une qualité graphique et des colorations qui emportent le lecteur dans ce voyage de la vie.
Titre en lice pour le Prix Orange de la BD 2024. Remerciements aux éditions La Boite à Bulles et à Lecteurs.com pour la communication de cet ouvrage.
"Je me considère comme une relique de cette ligne de fuite métallique et rouillée".
Par ces mots empreints d'un certain fatalisme, l'auteur décrit avec justesse sa nostalgie et se confronte au temps qui passe inexorablement tel un train sur les rails. Si le récit autobiographique n'a rien d'original, sa mise en oeuvre se veut comme un reflet intimiste, mais également une évolution dans un univers temporel, spatial et sociétal.
J'apprécie la justesse de l'expression et la fluidité de l'histoire. Sebastien Samson parvient à nous entraîner sur plusieurs "chemins" : l'enfance, les espoirs et illusions, la confrontation de l'adulte face à l'enfant, la nostalgie, le bilan, la ruralité, l'importance de l'éducation ... Ces chemins sont empruntés par différents biais :: les souvenirs personnels, le témoignage de sa mère, l"urbex" de la maison où il a vécu...
Les thèmes sont nombreux, et plus que l'auteur c'est l'évolution d'une époque. Une fresque historique ancrée dans un territoire (les registres paroissiaux sont une évocation intéressante et pas nécessairement anecdotique). L'histoire de l'auteur devient une forme d'alibi à une analyse plus large.
C'est aussi une invitation à ne pas rester bloqué dans le passé pour réconcilier le présent et appréhender l'avenir avec confiance. A ce titre, le jeu des couleurs remplit son office et l'on comprend très vite le décor entre le passé et le présent. Il en est de même de la métaphore filée des chemins de fer dont la symbolique s'exprime comme une sorte de "mise en abyme". C'est aussi un rappel sur l'influence du vécu de l'enfance et la perception que l'on en retient sur les choix futurs. Le passage sur Monsieur Wagon est particulièrement marquant et je retiens ces deux magnifiques planches où son visage apparaît sous plusieurs profils. Un bien bel hommage qui nous rappelle ô combien certains enseignants sont restés gravés dans notre mémoire.
La postface apporte elle-aussi un éclairage supplémentaire sur le travail de l'auteur sur cet album.
Derrière ce récit d'enfance, de nombreux adultes peuvent s'identifier à l'auteur. Des adultes qui recherchent un peu la part d'enfant en eux.
Le message est assez positif. J'ai passé un bon moment de lecture.
Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024 je remercie les éditions La Boite A Bulles et lecteurs.com pour l'envoi de cet album.
L'exercice de l'autobio en BD peut être un vilain piège, et comme l'évoque l'auteur dans sa postface, on peut se questionner sur la légitimité de passer après des géants comme Spiegelman ou Satrapi. Mais si il n'a de son propre aveu "rien vécu de terrible ou de particulier", Sébastien Samson a surtout réussi à trouver un angle et un ton qui donnent du relief à son histoire.
L'auteur se met en scène dialoguant avec l'enfant qu'il était, avec une idée graphique qui fonctionne très bien : le présent de Samson adulte est coloré en lavis de bleu, tandis que l'enfance est elle représentée en couleurs, qui viennent régulièrement s'inviter dans les planches bleutées. Cette idée simple fonctionne à merveille, et les croisements entre les époques sont parfaitement lisibles. Le dessin de Samson jongle habilement entre le réalisme et l'humoristique, et on a également de très jolies illustrations entre les différents chapitres.
Loin d'être nombriliste, Samson parle moins de lui même que de son environnement et de ses influences : ses parents, un instituteur qui l'a marqué… Surtout, il dresse le portait d'une époque et d'une France rurale rarement représentés. Sans verser ni dans la nostalgie ni dans le misérabilisme, il prend du recul et considère avec tendresse le tissu social dans lequel il a grandi. J'y suis forcément d'autant plus sensible que je suis issu de la même région (une dizaine d'années plus tard), mais je pense que beaucoup d'autres pourront s'y retrouver.
(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
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