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Après le feu d'artifice permanent et le règne du moi-je(u) incessant qui marquèrent ses premières passes d'armes cinématographiques, le cinéma des quatre années d'Occupation vues par Sacha Guitry semble être celui de l'effacement au profit de son seul sujet. Ce qui était déjà perceptible dans Le Destin fabuleux de Désirée Clary (1941) l'est davantage encore avec le diptyque Donne moi tes yeux-La Malibran (1943). Tout se passe comme s'il ne s'agissait plus simplement d'épater le chaland, cinéphile ou non, mais de lui parler droit au coeur. Et ça marche ! L'espace de deux films, dont Deburau (1950) constituera, d'une certaine façon, le post-scriptum tardif, Maître Sacha rappelle qu'il n'est de plus beau et de plus cruel que le destin des artistes. Sa grande force, ou sa grande intelligence, c'est selon, est, au propre comme au figuré, de s'être éloigné du « comédien » (et de la figure du « comédien ») au profit du sculpteur, de la cantatrice ou du mime : pas d'universalité possible sans capacité à s'oublier de temps à autre. Et cela, Guitry l'a, de manière ici assez exceptionnelle, parfaitement compris et intégré, qui livre avec Donne-moi tes yeux, sinon son film le plus heureusement lyrique - cela viendra avec La Malibran d'abord, avec Napoléon ensuite -, l'une de ses oeuvres à la fois les plus lucides et, surtout, les plus bienveillantes, dont la vision ou la révision permet de faire voler en éclats, à jamais, le mythe, déjà éculé en soi, de Guitry-misanthrope.
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