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Alors qu'il vient de se marier avec une jeune femme de la grande bourgeoisie, l'auteur, bipolaire en grave crise maniaco-dépressive, est emmené en hôpital psychiatrique. Enfermé une nouvelle fois, il nous plonge au coeur de l'humanité de chacun, et son regard se porte avec la même acuité sur les internés, sur le monde paysan dont il est issu ou sur le milieu de la grande bourgeoisie auquel il se frotte. Il est rare de lire des pages aussi fortes sur la maladie psychiatrique, vue de l'intérieur de celui qui la vit. Ce récit autographique est le premier livre publié par Pierre Souchon, journaliste au Monde diplomatique et à L'Humanité.
Pierre, brillant journaliste, cultivé, sensible, intéressé, n'est pourtant plus l'ombre que lui même lorsqu'on l'emmène une fois de plus en HP suite à une crise maniaco-dépressive.
Atteint de bipolarité, il se raconte dans ses hauts et dans ses bas. Il dénonce la société, l'humanité en perte de vitesse et d'empathie, les traitements qui l'abrutissent plutôt que de le soigner et le relever. Il raconte la terre des siens, son père, son grand-père avec honnêteté.
Un ton qui m'a semblé juste mais peut-être un peu trop décousu et dispersé du fond qu'est la bipolarité. J'ai vu à travers cette lecture un homme malade malgré lui mais dépourvu de doutes, de questionnements, je n'ai pas cerné les faiblesses liées à cette terrible maladie ni la force et la lumière que ces malades cherchent peut-être encore. C'est au coeur des maux que je voulais me promener avec Pierre et non partout et nulle part à la fois. J'avais aussi envie d'un message plus clair, plus lumineux. Un récit qui je l'espère a fait du bien à Pierre Souchon.
Encore vivant oui. Quand beaucoup se demande encore et toujours comment rester debout.
Une lecture qui m’a subjuguée, passionnée, interpelée.
Pierre Souchon est journaliste, marié, mais aussi bipolaire.
Il raconte son parcours, les hôpitaux psychiatriques, ses rencontres, ses excès….
Il raconte sa famille, son père aimant, si compréhensif et complice, qui ne juge pas, ses grands-parents décédés qui lui manquent. Une famille de gauche. Et sa belle-famille aussi, bourgeoise, catholique, de droite, mais sympathique.
Il raconte la vie des paysans des Cévennes.
Il raconte ses révoltes contre l’injustice, les barrières sociales
C’est un être d’une hyper sensibilité, d’une grande humanité, qui épouse les souffrances des autres et en fait ses grandes causes.
Il ne nous cache rien, se dévoile entièrement.
C’est une autobiographie mais écrite comme un roman, d’une plume, concise, nette, belle.
A la révolte se mêle l’humour, la poésie.
Il est pris entre plein de feux. L’histoire de sa famille, l’histoire des paysans cévenols, l’histoire des malades mentaux, l’histoire des fractures sociales,……. et sa propre histoire, et sa maladie.
Entre les psys et les cachets, il tente de faire la part des choses.
J’ai admiré son courage et sa lucidité de se livrer ainsi d’une manière qui paraît presque légère malgré la difficulté à vivre avec tous ces poids.
https://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/11/encore-vivant-de-pierre-souchon.html
Ce premier roman de Pierre Souchon est autobiographique. Bipolaire, il a du être interné en hôpital psychiatrique suite à une grave crise maniaco-dépressive. Son médecin l'avait autorisé à arrêter son traitement, tout allait bien pour lui, il venait de se marier avec Garance et avait un travail. Il avait déjà connu des crises de ce type pendant ses études et avait été interné à l'âge de vingt ans
Alors qu'il est issu d'une lignée de paysans son mariage avec Garance, une jeune femme de la grande bourgeoisie, lui fait ressentir le gouffre qui le sépare du monde de sa femme. C'est un homme qui revendique sa paysannerie et qui se voit comme " la bête de l'Ardèche mariée à la belle des salons". Journaliste, il a à cœur d'écouter les oubliés et les opprimés. Écorché vif, il ne supporte pas les injustices et vit douloureusement l'agonie du monde paysan.
Lassé des mondanités de sa belle-fille, une dispute avec son beau-frère le fait partir dans un délire qui le conduit sur la statue de Jean Jaurès, c'est là qu'il est retrouvé en train de manger des branches de buis.
Pierre Souchon nous parle des "vies dévastées", de "l'armée des allumés" qu'il côtoie à l'hôpital, il retranscrit ses conversations parfois surréalistes avec les autres malades. Il raconte aussi les médicaments qui assomment, les électrochocs, la camisole mais aussi la peur de quitter l'hôpital et de se confronter à la vie extérieure.
Son père avec qui il est très proche lui rend régulièrement visite, garde-chasse il lui a appris la nature avec laquelle tous deux sont en totale communion. Cet homme cultivé a aussi appris la poésie à son fils.
J'ai trouvé ce témoignage très courageux, Pierre Souchon nous raconte la maladie mentale vue de l'intérieur ce qui rend son témoignage rare et précieux. L'alternance de phases dépressives et de phases de surexcitation qui caractérise la bipolarité est ici parfaitement décrite, le ressenti du malade quand des voix le harcèlent
Sa souffrance et sa rage sont criantes, on devine aussi la souffrance de son entourage. J'ai trouvé très émouvant le personnage de ce père qui soutient son fils de manière indéfectible et masque son inquiétude sous un bel humour.
J'ai beaucoup apprécié le recul, la lucidité et l'humour dont fait preuve Pierre Souchon dans ce récit très intime où il se met complètement à nu.
Ce roman a été sélectionné pour le Prix du roman Fnac et pour le prix littéraire du monde.
Quelle claque ce roman ! Quelle claque ! Je n'en reviens pas.
Après la lecture d'un livre, j'aime bien aller voir sur Internet à quoi ressemble l'auteur. Je le découvre - bel homme - interviewé sur TV5 Monde par une journaliste dont je n'ai pas trouvé le nom. C'est lui. Je mets un visage sur ces mots qui m'ont touchée au coeur, qui m'ont complètement bouleversée. C'est lui le journaliste à l'Humanité et au Monde Diplomatique né d'une famille de paysans du Serre-de-Barre en Ardèche et qui a épousé une jeune fille de la grande bourgeoisie germanopratine, la belle-famille et les vacances sur l'île de Ré qui vont avec, oui c'est bien lui, le bipolaire qui s'est retrouvé quatre mois après son prestigieux mariage à moitié à poil et mâchouillant une branche de buis, grimpé sur les épaules d'une statue de Jean Jaurès à Montpellier. C'est lui.
L'émotion me gagne en l'écoutant répondre à la douce voix de la journaliste : oui, si je suis là devant vous, c'est parce que je prends des cachetons, sinon je pète tout - et ça, il faut un peu de temps pour le comprendre et l'accepter -, oui ma femme s'est barrée, oui on ne ressort pas indemne d'internements à répétition, oui mon livre est politique, oui il y a des dominés qui s'en prennent plein la gueule et des dominants qui écrasent les petits de ce monde sans même s'en apercevoir comme quand on marche sur des fourmis en se baladant, oui il y a des conflits de classes et quand on se retrouve le cul entre deux chaises, comme moi, on se casse la gueule.
C'est du lourd et il est là à dire que la vie est belle et que, s'il est encore vivant, c'est pour en profiter. J'en ai le souffle coupé. Quelle force, quel courage, quelle volonté, quelle intelligence ! Je vous admire, monsieur Souchon, parce que vous vous battez. Contre votre maladie d'abord, et contre les inégalités ensuite. Je me demande d'ailleurs parfois ce qui vous a rendu le plus malade. Je suis soufflée par la force, la puissance de votre récit. Vous écrivez avec vos tripes dans une langue magnifique, forte, violente, avec des mots qui claquent, des phrases qui cinglent et qui se bousculent au portillon parce qu'on sent que ce que vous avez à dire, ça vous tient aux tripes. Il n'y a pas de pipeau là-dedans, vous n'écrivez pas pour faire du style ou raconter des histoires mais parce qu'il y a une urgence à exprimer vos émotions, c'est vital, viscéral et je vous jure, monsieur Souchon, que j'ai très vite compris qu'on n'était pas là pour s'amuser, non, vraiment pas !
Alors la scène inaugurale met vite le lecteur dans le bain : une crise, une belle : vous pétez les plombs. Les policiers que vous prenez pour les envoyés du diable vous font descendre bien gentiment des épaules de Jaurès et on vous embarque, direction l'HP. Ce n'est pas la première fois que vous y mettez les pieds : à vingt ans déjà, après de brillantes études, vous en aviez fait la terrible expérience : « J'avais vingt ans et j'avais senti dans ma bouche le goût de la vie qui s'en allait. » Là vous découvrez en vrac « les viols, l'anorexie...les suicides, les lacérations, flagellations, avalages de parfums, d'essence, scarifications, coups de tête contre les murs, overdose de cachetons. » Le programme est varié en HP.
Cada, votre père, garde-forestier, est là. Toujours. Ça va Chichi ? Oui Cada.
Vous aviez vingt ans et vous étiez bien persuadé que vous n'y mettriez plus les pieds. Et rebelote en 2003, puis ce 7 janvier 2009, vous retombez dans la maniaco-dépression. Là, pour ce énième séjour en HP, ils vous ont donné la dose de neuroleptiques, votre maladie est identifiée et pour vous c'est un soulagement, n'empêche que pour le moment, vous tenez à peine debout, c'est votre père qui vous soutient dans les allées du parc.
Vous l'interrogez beaucoup sur votre famille de petits paysans ardéchois : la guerre, la misère, le difficile travail de la terre et le déclin de cette paysannerie, vos racines. Il vous en raconte, votre père, sur lui, sur eux : vos grands-parents dont vous n'avez jamais fait le deuil, vos arrière-grands-parents.
D'une certaine façon et sans vraiment le vouloir, il vous aide à bâtir la légende, aussi lourde pour vos frêles épaules qu'une statue de Jaurès. Ce passé vous obsède et vous bouffe. Les vôtres sont des petits, des humbles, ils se la ferment. Ça vous a permis de bâtir votre mythe perso au sujet de vos origines sociales et familiales. Quand vous apprendrez la vérité, ça vous fera comme un poing dans la figure mais peut-être vous faudra-t-il passer par là pour dénouer les nœuds et y voir plus clair .
Quel récit terrible et lucide dans lequel vous vous mettez à nu et permettez-moi de vous dire, monsieur Souchon, que vous êtes magnifique, une belle personne comme on dit, bourrée d'humanité, sincère, sensible, avec de l'humour à revendre. J'ai beaucoup ri en vous lisant. Oh que oui vous êtes vivant ! Bien plus que d'autres qui sont certainement persuadés de l'être plus que vous mais qui ont enterré depuis bien longtemps leur altruisme, leur générosité et leur empathie, si toutefois ils en ont eu un jour… En plus, vous qui rêviez de devenir écrivain : c'est fait, vous l'êtes, votre plume est magnifique de fureur et d'amour.
Bravo, monsieur Souchon et SVP, restez vivant le plus longtemps possible !
Sempervirens, comme votre séquoia...
Lireaulit: http://lireaulit.blogspot.fr/
Agrippé à la statue de Jean Jaurès, le narrateur contemple la ville qui s'éveille en grignotant une branche de buis. Cette prouesse le reconduit tout droit à l'hôpital psychiatrique où il s'était pourtant juré de ne plus jamais retourner après y avoir séjourné à 20 ans. Dépression, bipolarité, schizophrénie, Pierre effeuille les pathologies mentales comme la marguerite des amours toujours. Le regard qu'il pose sur ses compagnons d'infortune, sur le quotidien du micro-univers que représente l'H.P., oscille entre compassion, connivence, impatience et colère et, en cela, garde une clairvoyance que personne d'autre ne peut posséder. Soutenu par les visites de son père, Pierre prend peu à peu conscience de l'écart entre ses souvenirs et la réalité que les récits paternels lui dévoilent. Lui qui n'a eu de cesse de revendiquer orgueilleusement son appartenance à un milieu paysan, s'aperçoit qu'il s'est peut-être indûment attribué cette place. Certes sa famille cévenole était humble et s'est brisée à travailler la terre, mais Pierre a reconstruit cette réalité pour en faire une sorte d'emblème suffisant à le définir et à expliquer son déracinement. A l'image de l'arbre épiphyte, Pierre a puisé "sa matière organique" dans une histoire familiale qu'il a pour beaucoup réinventée, s'empêchant ainsi de "grandir".
L'écriture de Pierre Souchon a provoqué chez moi un tsunami d'émotions, de réflexions, de sentiments. Il faut dire qu'elle joue de tous les registres avec la même sensibilité, la même puissance d'évocation. Situations cocasses, moments dramatiques, réflexion sociale et politique, récit, descriptions, expression d'une intériorité chamboulée s'entremêlent, s'épousent, se contredisent sans que jamais le lecteur ne s'égare dans ce maelström d'une existence qui perd le Nord de ses Cévennes natales. La tendresse lucide avec laquelle le narrateur considère les autres internés contraste avec l'ironie mordante de sa description de la haute bourgeoisie. Il malmène son être autant qu'il tente de lui trouver un ancrage durable. Avec une grande sincérité, le récit se construit, se déconstruit, se remodèle autrement, bousculant les trajectoires temporelles, percutant les lieux et les histoires, dans un flot salutaire dont la poésie n'est jamais absente. Il m'a semblé que cette voix portait le réel de la maladie mentale jusqu'à son incandescence, jusqu'à son insoutenable vérité dans tout ce qu'elle cache et révèle. Pour moi, c'est un roman magnifique dont la force ne peut se résumer à ce simple billet.
Lien : http://www.livresselitteraire.com/2017/09/encore-vivant-de-pierre-souchon.html
Pierre Souchon est journaliste mais il est aussi bipolaire. Une maladie qui aujourd’hui encore est sous-diagnostiquée. Une maladie qui vous gâche une vie, qui vous entraîne dans des phases maniaques et des phases dépressives. Et c’est cela que Pierre Souchon décrit dans ce roman. A travers de grandes tirades flamboyantes, poétiques et violentes aussi, il nous entraîne dans le tourbillon de sa maladie. Dans les couloirs de cet hôpital psychiatrique où il est admis après avoir été retrouvé en caleçon, mangeant des branches de Buis, en haut d’une statue de Jean Jaurès à qui il parlait en pleine nuit.
Issu d’une famille de paysans, Pierre Souchon a vécu une enfance plutôt heureuse et a fait la fierté de son père lorsqu’après le bac il décide de faire une prépa. C’est là que tout bascule Pierre connaît sa première vraie crise. Puis il se relève, il se bat, il suit scrupuleusement son traitement et devient journaliste pour le Monde Diplomatique et L’Humanité. L’humanité, une valeur qui ne cesse de hanter cet homme, qu’il cherche partout, qu’il pense perdu aussi. Puis il épouse Garance, une femme de la belle bourgeoisie. C’est le choc des classes. Et pourtant, le père de Garance apprécie Pierre, se prend d’affection pour ce jeune homme en qui il voit un brillant avenir. Mais le gendre idéal est rattrapé par ses troubles maniaco-dépressifs...
S’il a d’abord littéralement pété les plombs en étant admis à l’HP, refusant d’admettre ses crises, pensant les autres patients bien plus malades que lui, il va finir par s’habituer peu à peu à ses murs gris, froids et imprégnés de folie. Et si les médicaments administrés lui font perdre la mémoire, il va cependant trouver dans ce lieu, le moyen de se retrouver, de se raconter.
Sans apitoiement et avec une lucidité frappante, Pierre Souchon détaille avec une minutie cruelle et de grandes fulgurances ses accès de violence et de folie incontrôlables, la noirceur qui l’habite et que le monde n’illumine pas. Se mettant à nu, il jette sur le papier de manière déstructurée toutes ses pensées, ses réflexions sur la maladie et les traitements à la fois nécessaires mais aussi destructeurs. Des traitements qui l’affaiblissent autant qu’ils le renforcent dans ses convictions profondément humaines. Dans de merveilleuses envolées, il s’insurge d’ailleurs contre cette humanité qui semble avoir déserté le cœur des Hommes alors qu’elle est la solution pour les sauver. Et il défend avec amour cette terre d’où il vient, le monde paysan et ouvrier qu'il nous donne à découvrir tout au long de son récit.
250 pages d’une densité comme j’en ai rarement vu portées par un rythme frénétique, incisif mais hypnotique. Et on souffre avec lui mais on rit aussi. Souvent. Un humour qui transpire dans ces lignes comme pour dédramatiser la douleur physique et psychique qui ne le quitte pas. Il remonte le temps pour tenter de comprendre à quel moment tout a merdé, quand son cerveau à commencer à vriller. Alors il passe en revue ses souvenirs familiaux, remonte le temps, bien avant sa naissance et part à la rencontre de ses grands-parents qu’il a parfois idolâtrés ou parfois négligés. En retraçant les échanges qu’il a avec son père lors de ses visites et qui lui permettent de sentir la chaleur et les odeurs de sa terre paysanne, il plonge dans son histoire pour se sentir ... encore vivant.
Lire ce livre c’est danser, avec Pierre, au bord de l’abime. C’est comprendre la maladie autant que la révolte. C’est prendre conscience du rejet. Découvrir l’espoir et la beauté insoupçonnée d’une vie qui semble sans lumière. Mais c’est aussi et surtout se rendre compte que ce que l’on nomme vulgairement folie peut également être empreint d’une belle humanité.
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