Les lecteurs ont sélectionné des romans policiers plus palpitants les uns que les autres !
1983. La disparition d'une fillette dans un petit village. L'implantation dans la région d'un parc à thèmes inspiré d'un jeu de rôles sombre et addictif, au succès phénoménal. L'immersion de trois adolescents dans cet Empire des chimères qui semble brouiller dans leurs esprits la frontière entre fiction et «vraie vie»... Tragédie locale, bouleversement global et mondes alternatifs, Empire des chimères nous entraîne dans un labyrinthe vertigineux dont les ramifications finissent par se rejoindre... au coeur de tous les possibles.
Les lecteurs ont sélectionné des romans policiers plus palpitants les uns que les autres !
Vous aimez les polars ? Alors venez par ici : choisissez, lisez et chroniquez !
Merci lecteurs.com et Gallimard pour ce roman !
Voila un des retour de lecture que j’aurai eu beaucoup de mal a vous faire.
Antoine chainas c’est un style d’écriture très littéraire mélangé à un esprit complètement « allumé » !! L’empire des chimères c’est 658 pages très étranges !!
Si, comme moi, vous êtes très cartésiens je vous conseille de passer votre chemin. Ce livre n’est pas pour vous. Par contre si vous aimé rentrer dans un univers décalé et étrange, foncez !!
Dans ce roman on passe de faits réels dans un petit village français a d’autres faits réels aux USA et a un monde imaginaire dans un jeu de rôle qui est « empire des chimères »… et tous les faits se mélangent ….. Est-ce que dans le jeu il se passe la même chose que dans la réalité ou est ce que dans la réalité il se passe la même chose que dans le jeu ??? J’ai le cerveau qui fume encore et je n’ai toujours pas trouvé cette réponse !!
Je ne mettrais pas ce roman dans la catégorie thriller car même si il y a une enquête c’est juste un détail dans l’histoire ou on a la réponse très vite. Par contre elle permet de suivre le personnage de jérome, le garde champêtre, qui a été mon personnage préféré. C’est les parties de l’histoire avec lui que j’ai appréciés.
De toute façon ce roman est inclassable !!! Il est unique, il faudrait lui inventer une catégorie !!
Même si ce n’est clairement pas une lecture a mon goût, je reconnais un très grand talent a l’auteur. Car si moi j’étais perdu dans les différentes parties, lui suit parfaitement son histoire. Son style littéraire fait beaucoup de bien à lire et ses personnages sont parfaitement réalistes (sauf dans le jeu bien sur) malgré une histoire qui ne l’est pas !!!
Petit topo sur l’histoire : En 1983, alors que le petit village de Lensil mène une vie tranquille, une petite fille, Edith, disparaît dans d’étranges conditions. Jérôme, l’ancien soldat reconverti en garde-champêtre et mari aimant, mène l’investigation contre la volonté des gendarmes réquisitionnés pour l’enquête. Au fur et à mesure, il va faire la découverte d’une étrange histoire autour d’un jeu de rôle dont Rémi, Thomas et Julien, trois amis âgés d’une dizaine d’années sont devenus addicts, un jeu qui puise ses origines bien longtemps en arrière.
Ce roman entraîne le lecteur dans une enquête qui mêle psychologie et monde parallèle. Les personnages évoluent au fil des pages et dévoilent leurs visages au gré des évènements, passant d’un jeune suicidaire à la mère qui ne souhaitait qu’une chose : que sa fille la laisse tranquille et se taise. L’auteur sème avec brio des pièces du puzzle au travers des différents chapitres qui composent six grandes parties. Ces pièces, le lecteur prend plaisir à les assembler, à prendre la place de l’enquêteur externe, celui qui voit tous les aspects de l’histoire, qui découvre les indices, les talents de comédien des uns et des autres. Le fond de l’histoire suit un fil d’Ariane précis, qui mène le lecteur à un final étonnant.
Antoine Chainas possède un style qui me rappelle le grand maître de l’horreur, Stephen King. Le style de ce dernier est différent et incomparable, mais le ressentie que j’ai eu à la lecture me fait (presque) penser à ce que j’ai pu ressentir à la lecture de Shining. Il y a un suspens, une histoire autour de chaque personnage qui permet aux lecteurs de s’identifier ou à défaut de développer des « sentiments » ou une certaine empathie qui vont lui permettre de se fondre dans le scénario. Le vocabulaire utilisé par l’auteur est riche et la construction des phrases recherchées, ce qui rend la lecture agréable et permet au lectorat de s’évader dans une autre sphère temporelle.
En tant que lecteur on reste à la fois sûr de ce qu’on lit et à la fois dans le doute. Le monde parallèle créé par l’auteur au travers du jeu de rôle Empire des Chimères a pour but de créer cette indécision, ce malaise que tout bon polar doit faire ressentir à son lectorat, un malaise addictif qui le pousse à vouloir en savoir plus. On nage toujours entre deux eaux, on se pose des questions, on se demande qui est fou et qui ne l’est pas voire qui devrait l’être.
En revanche, bien que l’écriture soit fluide j’ai trouvé certains passages beaucoup trop longs rendant le récit un peu lourd. Je n’ai pas accroché avec certains personnages tels que le grand directeur Américain Forelong ou encore le grand agent immobilier Denis Davodeau qui en 657 pages n’ont pas particulièrement apporté grand-chose si ce n’est quelques explications sur les origines du jeu. Ils manquaient de consistance et ont alourdis le récit avec des stratégies financières à mes yeux inutiles. D’autres personnages comme Cindy Dutreuil, la petite amie gothique d’un jeune garçon dérangé, auraient mérités une place plus complexe, un rôle plus important.
En conclusion, j’ai aimé Empire des Chimères mais je n’ai pas adorée. L’histoire m’a intriguée, j’ai trouvé le fond intéressant et complexe à mettre en place. A contrario, la longueur de certains passages m’a parfois fait fermer les chapitres avec « soulagement ».
Un grand merci à Lecteurs.com pour m'avoir proposé de chroniquer ce roman dans le cadre des Explorateurs du Polar, car jamais ne me serait venue l'envie de le découvrir !
Rien ne m'aurait attirée : ni l'illustration de couverture, ni le titre, encore moins certaines expressions de la 4e de couverture « brouiller la frontière entre fiction et vraie vie …...mondes alternatifs » . Les polars, je les aime, mais bien ancrés dans la vraie vie !!
J'en ai commencé la lecture un peu inquiète et très vite je me suis sentie à l'aise.
L'ancrage dans la réalité est bien là, dans la France de 1983, sous la présidence de Mitterand, à Lensil, triste petite commune rurale à l'atmosphère stérilisante comme il en existe tant, que les jeunes rêvent de quitter, bouleversée brusquement par la disparition d'une petite fille .
La bourgade est en émoi, chacun suppute, certaines personnes un peu louches feraient de parfaits coupables …. La police enquête. De son côté le garde-champêtre fait ses propres recherches .
C'est toute une galerie de personnages ordinaires que l'on rencontre dans la France profonde, qui vivent sous nos yeux ( le garde-champêtre,le maire, l' institutrice, le boucher, la coiffeuse , l'agent immobilier, le cafetier et sa serveuse et d'autres encore..... ) .
Antoine Chainas les surprend dans leur quotidien, leur intimité, leurs rapports avec les voisins, dans leurs faiblesses aussi, souvent hantés par les fantômes de leur passé .
Ils sont tous vrais et pour cela, ils sont attachants. Le lecteur a les mêmes au coin de sa rue …..
L'auteur rend sensibles la tristesse de leur vie, la grisaille des rues de Lensil, la boue des chemins, la densité lugubre des taillis et le développement inquiétant d'étranges moisissures aux filaments blanchâtres qui rongent meubles et murs et colorent déjà l'ouvrage d'une tonalité fantastique.
Un autre ancrage, cette fois dans une expérience commerciale d'investissement international .
De l'autre côté de l'Atlantique, à Los Angeles, Lawney Industry, leader américain de divertissement, qui a déjà développé la première version d'un célèbre jeu de rôles dans lequel sont plongés quelques adolescents de Lensil, envisage de s'implanter en France en créant sur les terrains improductifs de Lensil un parc d'attractions.
Un projet ambitieux qui entraîne affairisme, rivalités, combines, espoirs de gros profits et projette le lecteur dans l'univers froid et calculateur d'un business où se trouvent impliqués des responsables politiques français.
J'en viens maintenant à ce que promet la 4e de couverture, « ces mondes alternatifs » dont l'annonce m'effarouchait .
Ils sont présents dans les séquences portant sur ce jeu de rôles immersif addictif et violent : Empire des chimères auquel s'adonnent les adolescents du village, qui les entraîne dans un univers parallèle où réel et fiction se confondent et imprègne l'ensemble leurs comportements. ( Une petite réserve concernant les dialogues que l'auteur prête à ces enfants , il les fait parler comme des adultes ! )
Certes, ces scènes sont quelque peu déstabilisantes pour un esprit cartésien, qui s'interroge : Où suis-je ? Dans quel univers suis-je transporté ? mais elles sont savamment dosées, se glissent insensiblement dans l'intrigue principale, et ne rompent pas l'équilibre de ce roman à la structure éclatée mais toujours maîtrisée .
On se laisse embarquer dans ce labyrinthe narratif qui déjoue l'espace et le temps. Il faut reconnaître à l'auteur l'art de montrer comment l'esprit altéré des enfants se projette sur le cadre naturel de l'action, de contaminer ainsi son lecteur qui a parfois l'impression de vivre un cauchemar éveillé au coeur des « Epouvantables terres » . Je dois avouer cependant que j'ai été désagréablement secouée par la tonalité « gore » de certaines scènes.....
Ces chimères, créatures d'un bestiaire fantastique, êtres composites, hybrides, qui associent les corps de deux animaux et combinent pouvoir de la bête et facultés de l'être humain ont vampirisé l'imaginaire des enfants. Elles apparaissent aussi de façon obsessionnelle dans l'esprit dévasté de Séverine la mère de l'enfant morte.
Ne seraient-elles elles pas aussi la métaphore des aspirations à la toute puissance, des spéculations financières, du rêve fou de concevoir « une entreprise dédiée au fantastique merveilleux » qui se propose de recréer « des villages d'antan qui gomment les limites de la réalité »
Chimères dont l'emprise semble infinie, combinant en une seule créature la sauvagerie de l'animal et les calculs de l'être humain, et constituant un véritable empire.
J'ai apprécié l'écriture au rythme énergique, aux phrases plutôt courtes, juxtaposées, qui semblent des étincelles qui crépitent, ponctuées de métaphores à l'effet magnétique.
Une véritable aventure de lecture qui m'a emmenée loin de mes habitudes, et qui me donne envie de connaître mieux ce qu'Antoine Chainas a déjà publié. Je commencerai par PURE , paru en 2013 que la médiathèque de ma ville présente en ses rayons .
Merci à lecteurs.com pour ce roman !
J’aime qu’on me surprenne, j’aime l’originalité, la différence, tout ce qui me fait rêver et voyager à tous nouveaux ! Et avec ce polar hors du commun, nous sommes « secoués » par un style inimitable et très littéraire que j’adore, par l’entrée dans un texte étrange, dans lequel la rationalité n’a plus vraiment de prise. J’ai adoré ce roman de 658 pages (heureusement sinon c’aurait été longuet !). On ne se lasse de rien, dès les premières pages tout est mis en place avec intelligence et le suspense nous emmène vers une histoire fascinante.
J’apprécie également les différents univers qui se rejoignent en apothéose, le mélange de réel et d’irréel qui me fait vibrer !
Évidemment, si l’on est 100% cartésien et que l’on aime une histoire avec un début, un milieu et une fin, dans la continuité, sans surprise… il est urgent de passer son chemin. En revanche, si l’on aime s’immiscer dans un (des) univers étrange(s), il s’agit d’une perle. En outre, en tant que professeure de littérature, le style est essentiel pour moi et je me suis régalée de la première à la dernière ligne.
Tous les éléments sont là pour nous captiver : un petit village sans histoire qui se transforme en scène de crime lors de l’enlèvement d’une fillette, Edith ; des jeunes qui se rejoignent régulièrement pour s’adonner à leur plaisir : jouer à un jeu immersif « Empire des Chimères », dans lequel, étrangement des champignons se développent, en même temps que des champignons commencent à se développer dans le monde réel… Ainsi les délimitations réel / imaginaire commencent doucement à s’effriter pour notre plus grand bonheur…
Un texte fort, original, poignant, que je recommande vivement à ceux /celles qui aiment les textes différents !
Cartésiens , cartésiennes passez votre chemin . Antoine Chainas nous propose avec son dernier roman un véritable tour de force littéraire où l’imaginaire flirte en permanence avec le réel et danse avec lui dans une sarabande infinie .
Tout commence....ou continue en 1983 dans ce village situé dans un coin perdu de la France où une fillette , Édith , disparaît un beau jour alors qu’elle faisait une partie de cache cache avec des copines . Avec la gendarmerie locale , Jérôme , le garde champêtre est chargée de l’affaire. Lui qui connaît tout le monde va alors tenter de débusquer le détail qui cloche parmi ses habitants à la vie si ordinaire mais pas exempts de secrets cachés. Parmi eux on remarque ce groupe de trois adolescents qui , pour tromper l’ennui , se rejoignent régulièrement pour faire une partie de " L’empire des chimères " , un jeu de rôle totalement immersif, où l’on trouve un bestiaire de personnages mi animaux mi humains , qui semble interagir avec la réalité. Comme ces moisissures et ces champignons qui , peu à peu , insidieusement, se développent dans le jeu comme dans le village comme un signe de corruption indélébile . Lawney Industry , la multinationale de divertissement à l’origine du jeu , souhaite justement implanter un parc d’attraction à proximité de ce village . Encore faudrait-il t il que les experts en charge de l’évaluation des impacts environnementaux sur le site , ne découvrent pas de pique–prune , une espèce protégée de scarabée , ce qui pourrait gravement nuire au projet .
Disons le tout de suite , la construction du roman peut apparaître , à sa lecture, étonnante voire rebutante. Un conseil : accrochez-vous ! Lâchez prise et laissez vous happer par cet univers au vocabulaire foisonnant, à cet imaginaire sans borne où la vérité du réel trébuche en permanence sur la consistance de la fiction. L’auteur sort définitivement des sentiers battus tracés par le genre " roman noir" pour mieux nous surprendre et nous questionner sur la matérialité de notre existence.
Celle - ci n’est elle que le jouet d’une entité supérieure qui nous manipule et qui fait que notre destin est connu d’avance ? Ou chacun dispose t-il de son libre arbitre et chacun de nos choix conditionne t-il plutôt notre vie ? Je laisse le soin aux philosophes de répondre à cette question et serais plutôt curieux de savoir si le cortex cérébral d’Antoine Chainas n’est pas recouvert de quelques filaments blancs qui auraient tendance à altérer sa conscience pour mieux la faire lentement glisser vers son subconscient.
Décidément, en ce moment, je passe d'un texte pas facile (Idiotie de Pierre Guyotat) à un autre, dans un genre complètement différent, puisqu'il s'agit d'un roman noir : Empire des chimères d'Antoine Chainas. Bon, ça, c'est un sacré polar, rudement bien écrit, épais (658 pages) et l'intrigue est... comment dire… pour le moins complexe ! Et il faut l'avouer, je n'ai pas tout compris, loin de là ! Mais est-ce bien grave ? Difficile, au fond, de classer une œuvre aussi dense, touffue, labyrinthique dans sa construction et qui s'en va, parfois, traîner du côté du fantastique. Une espèce de texte vertigineux et tentaculaire qui touche à un tas de sujets et que je vais donc avoir un mal fou à vous présenter (si j'y arrive!) Ne m'en veuillez pas si je tâtonne un peu.
L'action se déroule dans un petit village français situé au beau milieu de nulle part : Lensil.
Quelques figures vont très vite émerger de cet espace glauque et plutôt sordide : une instit' à la retraite, un plombier au chômage, une coiffeuse qui a perdu son chat, un directeur d' agence immobilière, un boucher, trois gamins qui s'adonnent à un jeu de rôle intitulé Empire des chimères, un garde champêtre qui fait office de gendarme dans ce petit village paumé. Bref, c'est tout un tas de personnages qui nous sont présentés. (Pas d'inquiétude, on finit par les mémoriser relativement facilement - et pourtant je ne suis pas très douée pour ça d'habitude...)
Or, un jour, une gamine, Édith, disparaît tandis qu'elle jouait à cache-cache avec ses copines… Meurtre ? Enlèvement ? Mystère ! La petite est introuvable...
L'action se situe dans les années quatre-vingt, époque où Mitterrand milite pour « une France plus juste, plus fraternelle ». En attendant des jours meilleurs, on entend plutôt parler de crise économique, de choc pétrolier, de mondialisation, de société de consommation.
La ville de Lensil, en passe de mourir, faute d'habitants, n'est pas près d'attirer âme qui vive avec une affaire comme celle-ci. C'est l'hiver, il fait froid, gris, et en plus, un champignon invasif a eu la mauvaise idée de s'épanouir dans de nombreuses maisons. Bref, c'est un vrai cauchemar que ce lieu.
« Les rares oiseaux qu'on y entend sont des corbeaux, la terre que l'on foule une stagnation opaque et les gens qui peuplent les environs les gardiens d'une prison invisible, sans plus de consistance qu'un nuage de poix.»
Bienvenue à LENSIL !
Allez, fuyons et partons pour les States car une autre partie de l'action a lieu là-bas, précisément là où a été conçu le fameux jeu auquel s'adonnent les gosses. En effet, on prépare non sans mal une nouvelle version qui, paraît-il, est encore plus terrible que la première. Certains disent d'ailleurs que des copies pirates circulent déjà sous le manteau...
Il faut savoir aussi qu'outre-Atlantique une grosse firme américaine de divertissement a des projets qui pourraient bien transformer les terres pourries de Lensil en or, en y implantant… un parc à thème précisément inspiré de ce jeu effrayant…
En attendant, les enfants jouent et jouent encore : ils sont Louis le lombric, Andy le loup arctique, Eddy la corneille blanche… et la réalité se mêle à leur fiction (à moins que ce ne soit l'inverse), tout s'imbrique, s'enchevêtre, se télescope et devient dangereusement poreux. C'est un jeu intense, subversif, immersif, plus qu'addictif et particulièrement violent. Le but de ces gamins accros ? « Retrouver Eddy, une corneille albinos qui a disparu d'une ville appelée Simplicité. » Et les joueurs doivent se rendre sur les Épouvantables Terres pour la retrouver, des terres gardées par un certain Oskar…
Mais qui cherchent-ils, ces mômes, Eddy ou une certaine Edith que personne ne retrouve et que ses parents pleurent ? Et pourquoi ce charnier de chats ? Et que vient faire ce pique-brune, « la terreur des bétonneurs » ? Et c'est quoi cette boîte noire dont le couvercle « s'orne d'une corneille blanche les pattes en l'air » ? Et cette créature mi-homme mi-bête qui rôde dans la forêt, qui est-elle, d'où vient-elle ?
Allez, lancez-vous dans l'aventure, parce que c'en est une de lire un tel roman. Laissez-vous aller, lâchez votre esprit cartésien. Vous serez peut-être un peu perdu mais certainement pas déçu !
GO !
LIRE AU LIT le blog
Plonger dans ces 672 pages, c'est accepter de ne pas tout maitriser, de ne pas tout comprendre, de se laisser aller pour savourer ce roman, kaléidoscope vertigineux par les multiples facettes qu'il laisse entrevoir, un peu comme dans un film de David Lynch.
Du coup, les esprits cartésiens resteront sans doute sur le côté de la route. Moi, j'ai été littéralement hypnotisée par cette intrigue addictive qui mêle en mode poupée russe une tragédie locale ( la disparition d'une fillette, l'enquête pour la retrouver et son impact sur une petite communauté rurale française ) aux tractations politiques pour l'installation d'un parc d'attraction ici-même. Poupée russe qui devient complètement folle lorsqu'arrivent d'étranges chapitres sur le jeu de rôle Empire des Chimères ( le point de départ dudit parc d'attraction ) , nous immergeant littéralement dans une partie que jouent des ados du village de la disparue, mais aussi dans la conception même de ce jeu qui a rendu fou ces créateurs.
Tout devient fiction, tout devient réel. Antoine Chainas s'amuse à tordre le réel par petites touches fantastiques ( une boîte mystérieuse au contenu magique, une corneille blanche, un champignon invasif, de la moisissure, un scarabée pique-prune en voie d'extinction, une étrange créature homme-chien etc ).
Ces torsions s'accélèrent au fil d'un récit parfaitement maitrisé. Toutes les ramifications finissent pas se rejoindre de façon très cohérente.
Mais cela ne s'arrête pas là. On tient là un roman étiqueté « polar » qui renouvelle complètement le genre. le lecteur est considéré comme un être intelligent à qui il faut fournir du matériau pour faire carburer son cerveau. Là , tu as le bulbe en ébullition pour essayer de relier toutes les pièces du puzzle et ne pas te perdre dans ce labyrinthe. Surtout tu réfléchis. Car ce roman est profondément ancré dans son monde, celui des années 1980, époque charnière du désenchantement de la gauche française rattrapée par les réalités de la mondialisation et de l'ère du divertissement mondialisé, de Los Angeles jusqu'à un patelin rural français paumé.
Les personnages du roman ( une dizaine environ que l'on suit vraiment ) sont eux aussi en ébullition. Tous sont psychologiquement très fouillés, jamais linéaires, notamment le garde-champêtre Jérôme qui mène l'enquête sur la disparition de la petite Edith, rongé par son passé algérien, apaisé par la présence de sa femme lourdement handicapée.
Le tout est porté par une écriture d'une grande élégance, précise, travaillée, utilisant des mots très recherchés.
Original, brillant, déroutant, un régal !
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