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Il serait moral de se souvenir et immoral d'oublier - cet absolu éthique fait aujourd'hui consensus.
Et si c'était un leurre ? Car les choses ne sont pas si simples, comme le rappelle David Rieff. À la lumière de son expérience de reporter de guerre, en s'appuyant aussi sur la longue fréquentation des grandes pensées du souvenir (Yerushalmi, Ricoeur, Margalit, Todorov, etc.), il interroge la nécessité d'entretenir une mémoire collective autour des tragédies du passé.
Qu'il soit imposé par les vainqueurs ou par des victimes décidées à obtenir réparation, le souvenir collectif est toujours politique, la plupart du temps partial, intéressé et tout sauf irrécusable sur le plan historique. Il conduit bien trop souvent à la guerre plutôt qu'à la paix, au ressentiment plutôt qu'à la réconciliation, hypothéquant ainsi le difficile travail du pardon - comme en témoignent aujourd'hui maints endroits de la planète, des Balkans à l'Afrique en passant par le Moyen-Orient.
L'exercice de mémoire collective, plaide David Rieff, doit être considéré comme une option, non comme une obligation morale. Parfois, en effet, il est plus moral - sinon raisonnable - d'oublier.
Essai sur l’oubli après les catastrophes qui par le passé ont touché toutes les nations, du moins, c’est ce que le quatrième de couverture tendait à nous faire croire ce que serait ce livre. Mais en réalité, les trois-quarts du livre tournent systématiquement autour de la Shoah et de ce que les juifs d’Europe ont subi pendant la deuxième guerre mondiale (comme si c’était les seuls !). Alors que je m’attendais à lire un essai sur comment oublier ou pourquoi la nécessité d’oublier, surtout après les actes terroristes des deux dernière décennies, il n’en fut presque rien. Je n’ai repéré qu’une seule ligne sur le conflit sino-japonais qui fit d’après les estimations entre 20 et 27 millions de victimes chinoises dont 3 millions de militaires. Mais l’auteur nous fait comprendre que ce ne serait qu’une goutte d’eau (une phrase) dans l’océan de souffrance juive. Alors non, je ne suis pas négationiste, loin de là, mais de là à privilégier une catégorie de victime, je ne suis pas d’accord, c’est manquer de respect envers les victimes des guerres en général et faire preuve même de négationnisme envers les autres peuples.
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