Au sein de la littérature, le genre de la lettre est certainement le moins égocentrique, celui qui ne peut oublier son destinataire, celui qui ne cesse de tisser ou de consolider les liens avec lui.
Genre de la civilité, du vivre ensemble et de l'acceptation de l'Autre comme correspondant (c'est-à-dire littéralement comme égal), il est aujourd'hui employé par Mathias Joly qui se décentre totalement pour reconnaître ce qu'il doit à ceux qui l'entourent, à ceux qui le déterminent positivement ou négativement, dans la plénitude ou la restriction.
Son « Ecrire pour guérir » constituant ce texte autobiographique déconcertant, qui énonce la maturation d'un adolescent à travers le regard d'autrui, à travers ce « tu » trop souvent occulté.
Le silence a ceci de négatif qu'il occulte nos sentiments et nous rend imperméables à l'autre. Il éloigne, dresse des barrières. Etres de langage, de mots, nous sommes faits pour communiquer, échanger et, ensemble, résoudre nos difficultés.
Les lettres de Mathias Joly embrassent totalement cette conception de la parole et tentent de nouer ou de renouer des dialogues interrompus ou jamais véritablement entamés. Des dialogues authentiques et thérapeutiques qui, loin de toute superficialité, donnent à voir la fin de l'égoïsme adolescent et l'épanouissement d'un jeune homme dans ses relations avec autrui.
Une démarche passionnante et édifiante.
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