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Dormir à terre est une anthologie inédite en français des meilleures nouvelles de l auteur. Elle s efforce d offrir un éventail représentatif de l art révueltien de la nouvelle, dont le petit chefd oeuvre Dormir à terre (1959) donne une idée, tout en privilégiant un tant soit peu les textes les plus récents, leur facture étant souvent originale et même parfois franchement audacieuse : c est le cas de Hegel et moi (1973), qui met en scène, en prison, un truand assimilé au philosophe allemand par sa manière de discourir ; de Lit numéro onze (1965), qui associe l autobiographie à la fantasmagorie ; de Ezéchiel ou le massacre des innocents (1969), qui transmet une impression obscure de découragement mais laisse entrouverte une porte étroite à la lutte car il est bien précisé dans les dernières lignes que le personnage « franchit la confusion des vitres pour entrer dans le bois du monde ». Superbe manière d inscrire artistiquement, dans un de ses derniers récits, l enjeu qui a constitué la vérité première de sa biographie (la vie et l oeuvre, inséparablement). Le traducteur Philippe Chéron, auteur d une thèse sur José Revueltas, a déjà traduit trois livres de l auteur : Le Deuil humain (Gallimard, 1987), Le Mitard (Complexe, 1990) et La Rue de la solitude (Les Solitaires intempestifs, 1998). Une place à part et unique dans la littérature mexicaine. (Octavio Paz)
Tranches de vie, histoires courtes, petits plaisirs que l’on peut s’offrir sans traîner, les nouvelles peuvent intéresser tous les types de lecteurs et sont un excellent moyen d’entrer en littérature pour ceux que la longueur d’un roman effraie. En découvrant cet ouvrage de José Revueltas (1914 – 1976), on plonge dans un livre dépaysant à souhait, un livre écrit par quelqu’un qui a toujours refusé de se soumettre, envoyé au bagne parce qu’il était communiste puis exclu parce qu’il n’était pas dans la ligne officielle.
Avec Dormir à terre, on découvre douze autres nouvelles dans ce livre traduit de l’espagnol par Philippe Chéron. Un port, des prostituées dont l’une d’elles, la Chunca, a un enfant de sept ans, et le lecteur est tout de suite placé auprès du quotidien de ces gens simples. Sur un bateau, le Triton, le quartier-maître Galindo refuse d’embarquer l’enfant que la Chunca veut lui confier pour qu’il l’emmène jusqu’à Veracruz. Les souvenirs remontent puis la tempête arrive, terrible, et c’est la surprise finale.
C’est bien écrit avec des descriptions précises et beaucoup de nostalgie. José Revueltas parle aussi des Indiens, comme dans une autre nouvelle, Barra de Navidad : les Indiens restent muets, plongés dans leurs pensées, bien qu’il soit possible qu’ils ne pensent à rien. Ils donnent toujours l’impression d’avoir perdu quelque chose de fondamental, qui leur appartenait de plein droit et qu’ils ne récupèreront jamais . »
Les nouvelles s’enchaînent : Dieu sur la terre, terrible, dramatique, avec cette violence omniprésente au Mexique, Quelles ténèbres, du sang de la douleur, L’abîme, l’angoisse, la peur, Le langage de personne avec une épidémie de typhus et Carmelo qui veut louer un malheureux lopin de terre à Doña Aquilina qui refuse puis…, le mot sacré, etc… Tirées de trois recueils différents, ces treize nouvelles ont été écrites par José Revueltas entre 1941 et 1971 pour la plus récente, Hegel et moi. L’avantage d’un recueil de nouvelles, c’est que l’on peut papillonner au gré de ses fantaisies à l’intérieur d’un même livre. Alors, ne vous en privez pas !
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