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Dans la louisiane des années quarante, un jeune noir, démuni et illettré, est accusé d'avoir assassiné un blanc.
Au cours de son procès, il est bafoué et traité comme un animal par l'avocat commis d'office. si le verdict ne fait aucun doute, l'accusé, lui, décide de mener un combat pour retrouver aux yeux de tous sa dignité humaine... " il y a une charge d'émotion dans ce roman sans trop de mots, qui roulent dans la bouche comme des galets [...]. c'est une histoire simple. l'histoire d'un homme qui meurt debout." manuel carcassone, le figaro littéraire.
On m'avait prévenue...
Je m'étais donc préparée... mais les larmes ont tout de même coulé. La dernière page tournée je me suis sentie à la fois abattue et élevée. Abattue par la laideur humaine. Élevée par la bonté humaine. Tant de sentiments lourds et contradictoires traversent ce texte...
Beaucoup connaissent déjà l'histoire: Lousiane, années 40, un jeune homme noir qui est au mauvais endroit au mauvais moment et qui finit par être condamné à mort à tort. Un homme blanc a été abattu, quelqu'un doit être tenu pour responsable. Sa famille veut qu'il meure en homme et pas en porc, animal auquel son avocat l'a affreusement comparé pour montrer qu'il n'était pas responsable.
Grant Wiggins, l'instituteur de la plantation, accepte à contre coeur de s'entretenir avec le condamné. C'est un instituteur découragé. Il avait autrefois nourri le rêve d'échapper à son milieu, mais après l'université il est retourné dans sa ville natale pour enseigner à des enfants dont la vie semble aussi peu prometteuse que celle de Jefferson.
Les deux hommes vont nouer un lien et se porter mutuellement quand chacun en vient à comprendre ce que signifie résister et défier son propre destin.
Avec une puissance d'évocation remarquable, Gaines entraine le lecteur dans une histoire dont on connaît l'issue mais qui ne cesse de nous questionner. Il y est bien sûr question de racisme, d'injustice et pourtant je retiendrais comme thème principal, la dignité.
Quant à l'écriture, si simple, débarrassée de tout artifice, elle apporte encore plus de force à l'histoire et met en lumière la complexité psychologique des personnages.
Lucide, noir, sans aucun manichéisme, Gaines a écrit un roman d'une humanité rare et les 20 dernières pages vous déglinguent pour un bout de temps.
Ce roman paru en 1993 a l'évidence des classiques instantanés.
D'une histoire simple et universelle, Ernest J.Gaines, surnommé le Faulkner noir » propose une oeuvre magistrale, lucide, désespérée et lumineuse, qui semble concentrer un siècle de l'Histoire de la Louisiane noire d'après la Guerre de Sécession , d'avant le combat pour les droits civiques.
Années 1940. le roman s'ouvre sur le procès expéditif d'un jeune noir quasi analphabète, Jefferson, pour le meurtre d'un blanc. Il est innocent, mais était là au mauvais moment, au mauvais endroit avec les mauvaises personnes. Son avocat commis d'office tente de le faire acquitter en le comparant à un porc, arguant du fait qu'un porc ne valait pas la peine qu'on le tue. Il est condamné à mort.
Un porc. Ces mots sont d'une violence terrible et hante Jefferson dans les couloirs de la mort. Ils hantent aussi sa marraine qui charge l'instituteur Grant Wiggins d'aider Jefferson à devenir un homme digne sachant accepter la mort dignement. Toute l'intrigue se cristallise autour d'enjeux intimes quasi philosophiques, de grandes questions séculaires en somme : qu'est-ce qui fait un homme ? Comment est-on censé mourir quand on n'a pas assez vécu et qu'on ne connait rien de la vie ?
Le personnage de l'instituteur raconte les dernières semaines de vie de Jefferson dans les couloirs de la mort, lorsqu'il le visite. Cette confrontation est passionnante , entre celui qui va mourir et s'enferme dans l'amertume et le cynisme, refusant de se nourrir et de se soucier des autres, et Grant l'instituteur désabusé par sa vaine mission de scolariser des enfants seulement 5 mois et demi dans l'année ( le reste étant consacré aux travaux des champs ), trop court pour « effacer, gratter, arracher le manteau d'ignorance qui a été plaqué et replaqué sur ces cerveaux ces trois derniers siècles ».
Le roman est autant le chemin qui mène Jefferson à sa dignité retrouvée, que celui de l'évolution de Grant, un homme noir, jeune, instruit pour affirmer son identité dans l'Amérique de la Ségrégation : Jefferson doit aller à la mort la tête haute, être l'homme le plus fort dans la pièce de la chaise électrique, ce qui lui confèrerait une dimension quasi christique ; Grant doit être celui qui résiste et le guide vers la liberté de choisir comment il va accepter la mort, le héros et le héraut d'une communauté afro-américaine qui doit détruire le mythe construit par les Blancs sur l'infériorité intellectuelle des Noirs. Son affrontement avec le révérend, celui qui croyait au ciel, pour éduquer Jefferson, est d'une grande intelligence.
Ce roman est d'une puissance d'évocation remarquable. On connaît la fin dès le départ, on sait que Jefferson sera exécuté. Il n'y a pas d'échappatoire mais la façon dont la tension monte, mots après mots, place le lecteur dans une réflexion sur le sort des Afro-Américains, d'hier et d'aujourd'hui, avec une rare profondeur. Dites leur que je suis un homme est un livre éminemment politique, il a la force d'un pamphlet tout en ayant la subtilité de persuasion de la douceur empathique, l'émotion affleurant de partout et explosant dans les dernières pages.
Déchirant d'actualité, définitivement un classique. Universel et limpide.
Je suis en retard sur les conseils de lecture du picabo river book (eh oui poche de décembre) mais il n'est jamais trop tard. J'ai adoré ce livre et je vais continuer à découvrir cet auteur.
Un avocat de la défense décrit au jury son client comme un simple, un idiot et le compare à un cochon, pour que le jury atténue la peine. Mais cela n'évitera pas la chaise électrique pour ce jeune garçon. de plus, il est noir et nous sommes dans l'Amérique profonde, des années 40, en Louisiane. Bien sur, que ce jeune garçon est un peu simple mais sa marraine va vouloir que lui soit reconnu son humanité avant de subir cette peine. "Dites leur que je suis un homme," titre français va nous raconter ce combat pacifique, simple, humble de cette femme pour reconnaître cette reconnaissance. Elle va demander l'aide du jeune instituteur de la ville, instituteur noir qui a fait des études à l'université et qui est revenu et apprend à lire, écrire et compter aux jeunes enfants noirs des anciens quartiers des plantations. "A lesson before dying" titre original décrit ce cheminement de ce jeune homme, qui ne croit plus en Dieu et est devenu blasé et ne sait pas trop ce qu'il est lui même et cherche sa place dans cette société. de beaux portraits, que ce soient les femmes (la marraine mais aussi la tante de Jefferson, sa maîtresse..), les hommes, noirs comme le rêvèrent qui va essayer d'aider ce jeune garçon ou les blancs (une scène très sensible et douloureuse quand la marraine vient chercher de l'aide chez son ancien patron blanc et qu'il la reçoit dans la cuisine et qu'ils ont dû passer par la petite porte de service, le portrait d'un jeune adjoint au shérif qui va essayer de compatir. Un texte qui nous interpelle sur la place de l'homme dans la société, de l'homme noir dans cette société américaine. Il aborde aussi le sujet de la peine de mort car ce jeune garçon s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Un texte romanesque avec de beaux passages émouvants, terribles. Beaucoup d'émotions lors de cette lecture et hâte de lire d'autres textes de cet auteur.
Peu après la 2ème guerre mondiale, aux Etats-Unis, un jeune noir a la malheureuse idée d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Un échange de coup de feu tue un épicier blanc et ses deux braqueurs noir, de seul témoin il devient le seul coupable. Pendant le procès, son avocat commis d’office « pense bien faire » en le comparant à un cochon : vous ne tueriez pas un cochon pour ces actes car il n’est pas raisonnable et intelligent donc pas responsable. Le verdict tombe, ça sera la chaise électrique. Tout de suite, la communauté se fait une raison sur sa condamnation à mort mais décrète qu’il doit tout faire pour mourir comme un homme. Cette tache va être imposée à l’instituteur de la plantation qui est aussi le narrateur. C’est très poignant, très fort tout en étant écrit de manière simple et agréable à suivre. Mais la bonne surprise est qu’on ne se contente pas de refaire le procès ni suivre la fin de vie du « coupable ». Le coeur de l’histoire, très intéressant à suivre, tourne autour de la vie de la communauté. On a toutes les réflexions autour de la vie d’ex-esclaves. Qu’est ce qu’on peut attendre de la vie, des autres personnes ? Quelle reconnaissance ? Quelle place trouver dans la société ? Pourquoi se comportent-ils comme ça ? Pourquoi ils acceptent tout ? D’où vient ce comportement ? …
Ce focus sur la vie de cette communauté à ce moment là et avec les implications est la grande originalité de ce texte. Ce qui est assez déroutant c’est l’espérance mise sur les épaules du condamné. Ils voient un espoir de considération que le condamné peut leur apporter, qui rejaillirait sur eux tous. C’était une excellente lecture.
Nous sommes dans les années 40 en Louisiane, Jefferson, un jeune noir, vient d'être condamné à mort pour avoir tué un blanc lors d'un braquage. Son avocat commis d'office, l'a comparé à un porc durant le procès, le dépossédant de son humanité pour essayer de convaincre le jury de son incapacité à avoir pu prémédité un meurtre. Sa stratégie n'a non seulement pas fonctionné mais a fortement marqué Jefferson qui s'assimile maintenant à l'animal et ne se voit plus comme un homme. Sa marraine demande l'aide de l'instituteur du village, Grant Wiggins, elle veut qu'il lui parle et le raisonne, elle veut que son Jefferson se rende à la chaise la tête haute, en marchant comme un homme. Wiggins accepte de mauvaise grâce, il ne veut pas être mêler à ça, mais sa tante et sa petite amie ne lui laissent pas le choix.
Un retour un peu mitigé pour la découverte de ce classique américain.
J'ai aimé le fait que les personnages ne soient pas manichéens et qu'ils aient leurs contradictions mais je n'ai pas réussi à m'attacher à l'un d'eux. J'aurai aimé qu'il ressorte plus de choses des rencontres entre les deux hommes surtout sur la fin, car si l'on sent bien l'évolution des personnages après chaque entrevues, il m'a manqué de la matière. A contrario les chapitres entre les visites à la prison m'ont semblés parfois un peu longuets et redondants. La fin est quant à elle bouleversante, les mots de Jefferson, simples et émouvants, sont d'une grande force.
En bref je dirais que c'est un classique à découvrir ne serait'ce que pour le message qu'il porte.
Nous sommes en Louisiane, près de Bayonne, dans les années quarante.
Jefferson, un jeune noir plutôt naïf, s’est trouvé indirectement mêlé au meurtre de monsieur Gropé, pour une misérable bouteille d’alcool. Il a eu la mauvaise idée d’accompagner Brother et Bear, deux voyous de sa connaissance, dans la boutique du vieil homme …
Parce qu’il ne reste plus que lui, que la victime était blanche, le procès sera rapidement expédié et la sentence sans appel : mort par électrocution …
Grant Wiggins, l’instituteur noir (et le narrateur) est alors chargé par sa tante Lou et par Miss Emma, la”nan-nan” (marraine) de Jefferson, d’une terrible mission auprès du condamné. Il devra passer du temps auprès de lui afin que ce dernier soit prêt à mourir dignement. Debout comme un homme et non pas “assis sur la chaise électrique comme un porc” (selon l’abjecte qualification de son propre avocat)
Ernest J. Gaines, dont je ne connaissais pas l’oeuvre (et qui est décédé en novembre dernier) nous transmet un texte d’une beauté et d’une émotion époustouflantes ! La lecture du journal de Jefferson (chapitre 29 en fin de roman) est à peine soutenable, tant elle nous prend à la gorge !
Un roman à lire absolument, un IMMENSE coup de coeur ! Avec une ferme intention de lire tous les autres !
Il faut lire ce livre en apnée, débordant de colère et d'amour.
Jefferson, tu es entré dans ma vie comme un anti-héros absolu
symbole d'une justice blanche inique et partiale.
L'instituteur qui va te rendre la dignité n'empêchera pas ta mise à mort.
Je pleure à chaudes larmes en lisant ton ultime lettre!
INOUBLIABLE!
Ce livre m'a littéralement BOULEVERSÉE ! Je ne m'attendais pas à une « happy end » car dès les premières pages le couperet tombe: Jefferson est condamné à mort car il est accusé d'avoir assassiné un Blanc .. alors qu'il se trouvait juste au mauvais endroit, au mauvais moment. Le procès était couru d'avance et a confirmé ce que tout le monde redoutait: la chaise électrique. Aucune chance de survivre, ses jours sont comptés.
Mais il y a un fil conducteur dans ce roman: la tante de Jefferson, « Nan-nan » ainsi qu'il l'appelle affectueusement, ne désire qu'une seule chose : que Jefferson, le jour de son exécution, avance fièrement « en homme », brave l'assemblée car lors de son procès, son avocat l'a traité de « cochon », l'assimilant à un animal. Horrible comparaison. On l'accuse à tort mais, surtout, on vient de lui voler, de lui arracher,de renier toute part d'humanité.
Mais la tâche ne sera pas si simple.
https://chroniquescroqueusedelivres.wordpress.com/2018/06/16/dites-leur-que-je-suis-un-homme-ernest-j-gaines/
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