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Gérard Lacour est un poète timide et réservé. Il aime profondément sa femme Nathalie, chanteuse de jazz lumineuse et fantasque. Ils sont heureux ensemble depuis dix ans quand un cancer, diagnostiqué chez Nathalie, fait irruption dans leur vie. le couple se retrouve devant le seuil, face à la maladie, la mort. Gérard prend la plume et déroule, hommage-poème, son histoire à elle, racontée avec ses mots à lui.
"Devant le seuil", une lecture qui se grave au coeur. Un texte qu'on tourne et retourne en tête comme on le ferait, au fond d'une poche, avec un galet inséparable reçu en talisman de l'être aimé.
L'écriture est alerte, poétique, rythmée, mélodieuse. Le sujet est pesant, grave, tristement terre-à-terre et angoissant. Le cancer. Lui ou tout autre maladie du même type, peu importe. Il s’agira quoi qu’il en soit, d’un mal qui mine la vie, la détricote et, curieusement cependant, la tisse et resserre les liens !
Natalie, chanteuse de jazz et son mari Gérard, accessoirement placeur d'intranet et plus fondamentalement, homme-poème voient la vie chavirer : ils ont un cancer ! Le cancer est singulier. Un seul sein de Natalie. Mais c'est au pluriel qu'ils portent cette épreuve. Noués l'un à l'autre, bien que ne pouvant ressentir les affres de la maladie de la même façon, ils seront projetés devant le seuil, celui de leurs limites, de leurs rêves, de leur amour, de leurs questions, leurs doutes, leurs espérances et désespérances.
Avec finesse, Philippe GODET donne la parole à Gérard qui raconte cette épreuve avec des mots justes, tendres, crus et cruels aussi. Mais ce sont des mots d'amour, des mots de colère, des mots qui se taisent, laissant avant tout la voie à la voix. Celle du chant de Natalie au seuil de la cascade, au seuil de cette ultime don de soi, de défense de l'autre, de la force qui naît de l'épreuve. De la fatigue aussi, celle qui terrasse, qui avilit, écarte et souffre dans l'indicible. La force de l’amour aussi !
Philippe GODET réalise la prouesse de ne jamais banaliser, normaliser cette oppressante déstructuration humaine qu'impose la maladie. Mais il raconte ce combat avec des mots de poésie, de tendresse, d'humanité profonde.
Ce n'est pas un hasard si ce livre a été publié par les éditions de la Rémanence. C'est là un de leurs projets. Ouvrir une vraie parole, même si elle est fictionnelle et permettre l'émancipation même dans l'épreuve. Ce livre, sans conteste une réussite émouvante, atteint parfaitement son objectif : se mettre au service de la recherche de sens à donner à nos vies chaotiques. Merci donc aux éditions de la Rémanence et à NetGalley sans qui je n'aurais pu découvrir et, à titre personnel, revivre cette transcendance d'une maladie portée à deux!
Le roman commence avec Gérard et sa belle fille, on comprend vite que Natalie n'est plus. Puis Flash back 10 ans en arrière où l'on reprend l'histoire de ce couple depuis leur rencontre. Joie de vivre, complicité, admiration mutuelle quand arrive l'annonce du cancer de Natalie.
Alors commence un combat, combat pour Natalie bien sur mais aussi pour Gérard cet accompagnant qui se sent démuni, qui souffre, qui ne trouve plus qui est "je" qui est "elle"qui est "il" pour parler souvent de "nous".
"Nous avons un cancer"
Un style un peu déstabilisant comme la situation où le sujet peut changer au cours même d'un même paragraphe. Les chapitres sont courts, précis, chirurgicaux même s'ils n'entrent pas les détails des traitements.
Le regard du conjoint est rarement abordés dans ces romans sur la maladie. Quel regard porte t-il sur ce sein manquant ? ces cheveux qui tombent ? cette cicatrice ? quelle est sa souffrance ? que comprend il du ressenti de sa compagne ? où se placer pour bien accompagner ou tout au moins au mieux ?
C'est un beau roman d'amour, poétique, sans pathos, où l'admiration est présente à chaque instant.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce texte, pas particulièrement enjoué. J'ai un peu forcé pour les vingt/trente premières pages et puis la suite a coulé naturellement et je n'ai pas pu lâcher l'ouvrage jusqu'à la fin. Philippe Godet alterne les passages poétiques, imagés avec d'autres directs voire crus. Sa plume est belle et originale, oscillant entre le "il" du narrateur, le "je", le "tu", le "nous" sans que jamais le lecteur ne se perde, il faut même faire un peu attention pour remarquer ces changements. Gérard rempli des carnets et un blog qu'il alimente avec ses poèmes et j'ai beaucoup aimé cette phrase : "Nous avons un cancer", qui résume tout le livre. C'est Natalie qui est malade, mais c'est ensemble, tous les deux qu'ils luttent et se soutiennent. Elle révèle également la force de l'amour qui les lie.
Quelques autres personnages apparaissent : les musiciens du groupe de Natalie, quelques amis, la fille de Natalie, née d'un premier lit, mais c'est quasiment un dialogue entre Gérard et Natalie. Le texte est fort, puissant. Il pousse au questionnement : que ferions-nous en pareil cas ? Aurions-nous cette réserve de patience, de vitalité, cette énergie que dégagent les deux ?
Philippe Godet décrit admirablement ses sujets, dans leurs forces comme je le disais plus haut mais aussi dans leurs faiblesses, leurs doutes, leurs peurs, leurs petitesses parfois, leur générosité mais aussi leur égoïsme nécessaire pour lutter, ... Ils sont humains avant tout et donc en proie à tout ce que je décline ci-dessus. Chaque parcours est individuel et chaque personne est unique et seule face à la maladie car c'est elle qui la ressent, mais un entourage présent, aimant et attentionné, même s'il ne suffit pas, insuffle de l'énergie et l'envie de vivre. C'est tout cela qu'aborde Devant le seuil, qui, malgré un thème pas réjouissant est un hymne à la vie et à l'amour, pas plombant du tout, même si certains passages peuvent être durs.
Un très beau texte, édité par les éditions de la Rémanence dont le -déjà très beau, j'en ai chroniqué plusieurs- catalogue s'étoffe de belle manière. Un extrait -presque- au hasard pour finir :
"Natalie a coupé les cheveux épars qui lui restaient. Elle porte désormais sa perruque pour sortir. Dans l'intimité, elle la remise sur son support. Je la vois à nu. Elle se montre ainsi à moi, dans toute sa vérité de femme blessée. Toi seul me vois telle que je suis, dit-elle. Elle se regarde dans la glace. Que c'est moche, ces cheveux éparpillés ! Crois-tu que je doive me rase la tête ?" (p.103)
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