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« Au dessert, je lui parle de la femme que je viens tout juste de rencontrer et elle lève les yeux au ciel : ''Ah bon, une nouvelle ? Déjà ? Fais plutôt un break. Ça te fera du bien, et aux nanas aussi...'' Mais non, je ne peux pas. Je suis dans une quête : comme Perceval cherche le Graal, je cherche l'âme soeur. Oh, je croyais bien l'avoir trouvée, je me suis même marié avec, mais elle n'était manifestement pas l'authentique calice divin parce qu'elle m'a plaqué au bout de vingt ans pour un accordéoniste argentin. J'ai été très malheureux, j'ai même carrément voulu mourir comme dans une chanson d'Édith Piaf, puis je m'en suis remis comme dans un article de Boris Cyrulnik sur la résilience. Et depuis, je cherche. C'est ma nouvelle mission dans la vie. Ça et devenir un écrivain célèbre, bien sûr. »
"Je m'habille comme un plouc. C'est mon style, où plutôt mon absence de style, mais il faut tout de même que je me méfie de ne pas trop me laisser aller. [...] A l'occasion, installé à la terrasse de mon PMU, pas rasé depuis trois jours et avec un T-shirt fripé sur le dos, je me dis que je m'intègre un poil trop bien au paysage et qu'il faudrait que je fasse un effort si je ne veux pas finir en bas de jogging Adidas et en claquettes de piscine Sergio Tacchini, avec cette petite sacoche en bandoulière pour le téléphone portable, les clés de la voiture et le portefeuille que les Marseillais affectionnent." (p.47)
Comme cet extrait le laisse penser, ce roman est plutôt léger et drôle. Hugues Serraf fait preuve de pas mal d'ironie, se moque gentiment de son double littéraire qui lui-même fait preuve d'auto-dérision. Evidemment, s'il n'y avait que cela ce serait un peu facile et vain. C'est pourquoi ces pages humoristiques parlent aussi de la seconde moitié de la vie d'un homme, de l'accès à ses envies et désirs les plus forts : vivre de ses livres, la liberté que procure une vie d'écrivain et une vie de célibataire mais aussi les contraintes et la solitude. Les compromis à faire comme écrire un polar à la fin ouverte pour se ménager une rémunération s'il se vend bien avec une série, alors que l'écrivain écrit plus aisément "une histoire d'amour de quinqua chauve qui tourne mal, ce qui est tout de même plus original." (p.112), mais qui se vend moins.
Pas d'apitoiement ni d'auto-flagellation, le tout est, comme je l'écrivais plus haut, léger et enlevé. Un roman très agréable, dans la veine du précédent de Hugues Serraf : Comment j'ai perdu ma femme à cause du Tai Chi, mais encore mieux, plus maîtrisé. Et puis, malgré le titre, "Deuxième mi-temps [...] ne parle surtout pas de foot." (4ème de couverture), ce qui, à Marseille est presque un exploit, et à mes yeux une qualité indéniable.
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