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Ce livre rassemble les témoignages de onze anciens résistants. Leur point commun ? Avoir eu moins de 18 ans en 1944. Certains n'avaient même pas 15 ans ; le plus jeune d'entre eux est né en 1933. «Enfants-soldats» avant l'heure, ils ont pris part à la lutte contre l'occupant allemand avec courage et humilité, sans toujours bien mesurer les risques qu'ils couraient ou qu'ils pouvaient faire courir.
Ce livre n'est pas une histoire de la jeunesse résistante française. Il n'a que l'ambition de dévoiler les itinéraires douloureux de jeunes garçons et de jeunes filles qui ont eu la malchance de ne pas vivre une enfance pacifique, mais qui ont contribué, comme le demandait l'abbé Pierre en mai 1943, à ressusciter la France «par leur enthousiasme, leur héroïsme et leur sacrifice».
Extrait du livre :
«Allons enfants de la Patrie...
Dans l'histoire militaire mondiale, la guerre de 1939-1945 constitue, à au moins un titre, une rupture : pour la première fois, de très nombreux jeunes garçons et jeunes filles ont pris part aux combats. La guerre n'était plus la prérogative des adultes, l'apanage de guerriers-citoyens majeurs, le lot exclusif d'hommes aptes à manier des armes aussi pesantes qu'encombrantes... Désormais, il allait falloir compter sur ceux qu'on n'appelait pas encore des «enfants-soldats» : des mineurs, parfois impitoyables, armés de grenades ou de mitraillettes, des messagers anodins en culottes courtes, des espionnes innocentes aux nattes blondes...
Certains de ces adolescents, nés dans les États fascistes allemand et italien, se préparaient au combat depuis longtemps. Les jeunes Italiens intégraient les Balillas à 8 ans, puis ils rejoignaient, six ans plus tard, les Avant-guardisti où ils se préparaient à la prestation du serment fasciste. Les jeunes Allemands militaient tôt dans les organisations de jeunesse avant de se former à la guerre dans les camps de la Hitlerjugend. Le régime nazi n'attendra pas leur majorité pour les jeter sur les champs de bataille : dès 1943, certains d'entre eux allaient se révéler être de redoutables soldats.
En France, en revanche, la militarisation de la jeunesse n'a jamais constitué une priorité politique ou éducative. Les jeunes Français étaient, certes, patriotes. Beaucoup avaient été élevés dans le souvenir de leurs aînés de 1914-1918. Certains militaient chez les catholiques, d'autres chez les communistes. Cent mille d'entre eux, Scouts, marchaient sur les traces de Baden-Powell. Mais l'embrigadement et la militarisation forcenés étaient absents de leur environnement.
Extrait de l'introduction
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