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Dans un monde des confins, miné par une guerre qui ne dit pas son nom, un groupe d'individus vit, ou plutôt survit, acculé à un mur qui le coupe de tout horizon. Dans la peur d'un danger latent mais invisible, les femmes restent dans le camp et s'attellent aux tâches domestiques. Les hommes partent à la lueur du jour et creusent toute la journée, tous les jours, ils creusent des fosses depuis un temps qui dépasse toute mémoire.
Mais un enfant est né. Un enfant a grandi et bouscule sous le demi-ciel offert l'équilibre du désespoir dont les hommes ont fait une maison.
Dans une langue extraordinaire, très cinématographique et dépouillée de toute analyse psychlogique, Demi-ciel révèle l'absurdité d'une condition humaine retranchée et soumise à la peur.
Difficile d’identifier le lieu et le temps de ce roman, car il est universel. Cela pourrait se passer dans n’importe quel pays, à n’importe quelle époque. Grâce à Vleel, j’ai pu avoir quelques éclaircissements de l’auteur. Joël Casséus est professeur en sociologie à Montréal. Il s’est inspiré du Congo, dont sa mère est originaire. A partir de là on peut effectivement raccrocher certains éléments liés au contexte de guerre, aux hommes armés de machettes, à l’extraction de minerais (le coltan). Ainsi il peut s’agir de toutes les guerres ou génocides du monde.
J’ai eu besoin de concentration au début pour identifier les personnages, savoir qui parle. Tel un roman choral, les chapitres alternent les points de vue et les narrateurs. Les dialogues sont bruts, dans un langage simple, et alternent avec des passages poétiques.
Le roman est davantage centré sur un couple avec un enfant, dont la femme est enceinte et sur le point d’accoucher. Il y a aussi le sergent, le grand-père, la mère guérisseuse, l’idiot, l’homme sans mains. Ces personnes vivent dans une sorte de communauté, dans des wagons abandonnés. Les femmes et le grand-père préparent à manger, s’occupent du feu, pendant que les hommes partent creuser des fosses près d’un mur. Un mur immense qui leur cache le ciel, ou le demi-ciel comme ils le nomment. Ils survivent en exil, avec un sentiment de peur permanent.
Joël Casséus s’empare dans ce roman de beaucoup de thèmes notamment celui des réfugiés, du travail des enfants, de la masculinité toxique, de la résilience, du rapport de l’homme à la nature. Il donne la parole à chacun de ses personnages pour susciter l’empathie. Il dit écrire pour comprendre quelque chose, « vivre émotivement ». Il bouscule son lecteur car selon lui il est plus attentif dans l’inconfort. Il a beaucoup fait référence à Karl Marx, à l’aliénation. Son roman est fait d’allégories et d’images brutes, de répétitions qui accentuent le sentiment d’oppression, d’atmosphère pesante. Il nous a dit avoir été influencé par l’écoute du jazz pendant son écriture, mais aussi du cinéma, avec le film « Les bêtes du sud sauvage » de Benh Zeitlin.
C’est un roman certes exigeant mais très intéressant pour son message et son écriture. Si vous n’avez pas peur d’être un peu perdu ou déboussolé, en tout cas au début, lisez-le. Faites l’expérience. Et n’hésitez pas à le relire une deuxième fois. J’ai désormais très envie de lire son premier roman qui vient de paraître en poche, « Crépuscule », chez Le Tripode qui propose toujours des textes originaux et engagés. Vous l’aurez compris, c’est un éditeur chouchou.
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Un auteur passionnant et passionné que je vous invite à écouter dans le replay à venir sur la chaîne Youtube Vleel, ou en podcast.
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