Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Crime et sexualité dans la culture russe

Couverture du livre « Crime et sexualité dans la culture russe » de Catherine Gery aux éditions Honore Champion
Résumé:

Qui a peur de Lady Macbeth ? Depuis sa parution en 1865 à Saint-Pétersbourg, la nouvelle de Nikolaï Leskov Lady Macbeth du district de Mtsensk, qui relate les aventures criminelles de Katerina Lvovna Izmaïlova, une femme de marchand possédée par la passion sexuelle, n'a cessé de provoquer... Voir plus

Qui a peur de Lady Macbeth ? Depuis sa parution en 1865 à Saint-Pétersbourg, la nouvelle de Nikolaï Leskov Lady Macbeth du district de Mtsensk, qui relate les aventures criminelles de Katerina Lvovna Izmaïlova, une femme de marchand possédée par la passion sexuelle, n'a cessé de provoquer fascination et effroi chez ses lecteurs. Au XXe siècle, elle a été fréquemment transposée dans les arts visuels et musicaux. À travers ses adaptations par Boris Koustodiev, Dmitri Chostakovitch, Andrzej Wajda ou Valeri Todorovski, le texte de Leskov a connu des fortunes diverses qui sont autant de témoignages sur la façon dont la culture russe - et plus généralement slave - a abordé la sexualité féminine.

Lady Macbeth du district de Mtsensk, c'est la nature contre la culture, l'allégorie d'un féminin avant tout instinctif et pulsionnel qui met en danger l'ordre masculin rationnel; c'est l'aboutissement d'un héritage d'héroïnes qui, de Salomé à Mélisande, en passant par Médée, Clytemnestre ou Méduse, circulent entre mythe et Histoire. Femme fatale, femme-tueuse, femme-animal, femme possédée et, enfin, femme morte et désirée comme telle, la Lady Macbeth de Leskov et de ses adaptateurs matérialise puissamment le passage du romantisme à la modernité et la menace que cette dernière peut faire peser sur l'art normatif. Dans le contexte russe de son élaboration, puis soviétique de son adaptation, la figure de Katerina Lvovna montre également toutes les limites d'un autre mythe : celui de la femme émancipée sous les régimes autoritaires.

Catherine Géry est professeure de littérature russe à l'Institut des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) et co-directrice de la revue Slovo. Elle est spécialiste de l'oeuvre de Nikolaï Leskov à qui elle a consacré de nombreux travaux et des traductions qui ont été couronnées en 2003 par le Prix Halpérine-Kaminsky «découverte ».

Donner votre avis