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« Je croyais écrire cette histoire pour mon père, alors que c'était l'inverse : cette histoire, il me l'avait offerte. Et chaque fois que j'ouvrirai ces pages, je le retrouverai comme si je tenais son coeur vivant entre mes mains. »
Quand son père malade le presse d'écrire sur son ancêtre Louis, capitaine des hussards fauché en 1914 dans une charge de cavalerie, Thibault de Montaigu ne sait pas encore quel secret de famille cache cette mort héroïque. Ni pourquoi elle résonne étrangement avec le destin de son propre père qui décline de jour en jour. La course contre la montre qu'il engage alors pour remonter le passé se mue en une enquête bouleversante où se succèdent personnages proustiens et veuves de guerre, amants flamboyants et épouses délaissées.
Thibault de Montaigu nous raconte une lignée hantée par la gloire et l'honneur. Mais aussi ce qu'il reste d'amour et de courage dissimulés dans le coeur des hommes.
D’un intérêt indéniable sur le plan littéraire, ce texte n’a rien d’un roman. C’est une autobiographie familiale, un déroulé d’une filiation avec ses accidents et ses secrets, dont la révélation apporte un éclairage nouveau sur des comportement parfois étranges .
Le narrateur, c’est à dire Thibault de Montaigu, vient en aide à son père, usé par l’âge et tente d’adoucir la rudesse des maux de la vieillesse. Si le corps l’abandonne, la réflexion et les souvenirs sont intacts. Une obsession pour cet homme qui multiplia les conquêtes et eut mille projets, comprendre ce qui s’est passé sur le champ de bataille où son grand-père trouva la mort, alors qu’il lançait une offensive à cheval pendant la guerre de 14-18.
Thibault se lance donc dans un enquête complexe, tant les témoignages sont rares et parfois contradictoires.
Nul besoin de romancer un tel récit, les personnes réelles qui font l’histoire sont suffisamment originaux pour alimenter une saga familiale étonnante.
Le talent d’écrivain de l’auteur fait le reste. Un texte très apprécié, donc, avec cette réserve qu’il ne s’agit pas d’un roman.
336 pages Albin Michel 21 août 2024
Alors qu’après une vie de flambe et de séduction menée grand train, de femme en femme et de châteaux en Espagne en concrétisations miteuses, le père de l’auteur désormais très diminué termine ses jours dans la dèche et aux crochets de son fils, il lui demande de consacrer son prochain livre à leur aïeul Louis – leur grand-père et arrière-grand-père –, capitaine de hussards tué en 1914 dans une charge suicidaire, aussi vaine qu’héroïque, cheval et sabre contre batterie d’artillerie.
Très réticent à s’engager dans ce projet d’écriture, mais malgré tout soucieux de cette dernière chance de complaire à ce père autrefois si peu présent que les moindres signes de son affection lui sont inestimables, le fils finit par se lancer sur les traces du héros familial et de sa gloire couronnée à titre posthume de la croix de guerre. Alternant entre, d’un côté, le parcours de l’aïeul et bientôt d’autres ancêtres tout aussi incroyablement flamboyants – tel ce Montaigu qui, ayant refusé de fuir la Terreur, est monté à l’échafaud, comme s’il ne s’agissait là que d’un intermède inconséquent, en cornant la page du livre qu’il était en train de lire – et, de l’autre, la description sans fard de la décrépitude de l’âge et de la maladie, même si obstinément cramponnée à ses restes de panache – aveugle, grabataire et littéralement à bout de souffle, l’incorrigible joue encore les Don Juan –, la narration devient en définitive le prétexte extraordinaire d’un rapprochement entre les deux hommes, le père et le fils.
A mesure que la découverte des constantes de l’histoire familiale suggère de plus en plus nettement des circonstances atténuantes aux défaillances paternelles, le fils réalise qu’en lui proposant de s’intéresser à leur aïeul, c’est en vérité une perche que lui a pudiquement tendue son père, manière sans le dire de lui demander pardon et de lui témoigner son attachement. Ainsi se produit l’inattendu : plus se creusent les ombres et plus pèse dans le récit la conscience des tares et des héritages familiaux, plus l’auteur et son père prennent la mesure de leur amour, d’autant plus beau et précieux que fragile et malmené. Sous la gangue des frustrations, des regrets et des ressentiments cimentés par les silences, le coeur palpite toujours et il n’était que temps de s’en apercevoir.
Un livre profondément juste et touchant, dont la trame autobiographique n’empêchera pas chacun d’y trouver un écho universel et personnel : au-delà des pudeurs, des non-dits et des incompréhensions, il est une quête qu’il faut mener avant qu’il ne soit trop tard, celle des enfants vers leurs parents et vice versa.
Première sélection Goncourt et Renaudot 2024.
Récit biographique de Thibaut de Montaigu qui nous plonge dans une épopée familial, l'auteur par ici en quête d'une relation paternel en écrivant sur son ancêtre Louis car depuis qu'il est petit il était écarté de cette relation père fils.
Thibaut de Montaigu va décrire son père sans filtre en fin de vie, il part aussi à la recherche des secrets de famille, il est à la poursuite de fantôme. L'auteur attend final un pardon de son père.
La plume est fluide, on retrouve grâce a son aïeul des faits historiques de la première guerre mondiale, le sujet est assez classique mais il reste intime, pudique, sensible, délicat et touchant. La lecture est agréable, tendre et juste.
"J'ai pris l'anneau entre mes doigts pour l'examiner. Il me paraissait plus petit que dans mon souvenir mais je pouvais toujours y discerner la lune et ses deux étoiles et en dessous, séparé par un chevron, un aigle déployant ses ailes. Une aigle essorante en langage héraldique.
Alors soudain, j'ai senti les larmes me venir, comme si le passé me prenait à la gorge. J'avais toujours vu mon père la porter à son annulaire. Elle était son anneau magique, son talisman. Là où résidait le secret de son prestige et de son assurance, ainsi que je me l'imaginais, enfant. L'ôter à présent pour me la confier ne pouvait signifier qu'une seule chose, et je me refusais à l'envisager. Je refusais de croire que ce jour était arrivé."
"La paix de celui pour qui sa propre existence n’a pas d’importance, mais participe à une œuvre qui la dépasse, à une volonté plus vaste et plus universelle, telle une goutte d’eau se noyant dans le mouvement d’une vague. Sentiment de plénitude où n’étant plus rien on devient tout, et qui rappelle à sa manière l’extase mystique, quand les frontières de la conscience semblent s’étendre à celles de l’infini. "
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