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Les institutions de soin sont censées être un prolongement de la fonction parentale : protectrices contre les dangers extérieurs, contenantes par rapport à la menace des pulsions et des angoisses internes. Mais pour assurer cette fonction, offrir la stabilité et la compréhension nécessaires à ce rôle et éviter que ne se répètent les défaillances et les traumas, encore faut-il pouvoir s'identifier à ce que vivent les personnes accueillies. Cela suppose de pouvoir entendre et supporter les peurs et les angoisses plus ou moins archaïques ou névrotiques que les soignants sont amenés à vivre dans leur contre-transfert, souvent sur le registre de l'identification primaire : peur du débordement pulsionnel, angoisses d'abandon, de mort, peur et haine de l'autre, terreurs sans nom... Les institutions peuvent être de formidables caisses de résonance de la peur et engendrer au sein des équipes des défenses et des clivages au moins aussi marqués ou paralysants que ceux qui peuvent exister chez les patients.
Le risque n'est-il pas alors que l'institution sacrifie sa fonction soignante pour assurer sa survie ? Comment tolérer d'avoir peur, en parler librement, pour éviter que l'institution ne devienne un lieu mortifère et maltraitant, un lieu où les défenses sont tellement rigides que tout mouvement pulsionnel ou d'empathie se fige ?
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