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Marseille, ses vieux quartiers, ses nouveaux bobos. Un premier roman drôle et acide à la langue ultra-contemporaine.
Son surnom, Stress, c'est Nordine qui le lui a donné. C'était les années 90, dans le quartier du Panier, à Marseille, au-dessus du Vieux-Port. Il y avait aussi Ichem, Kassim, Djamel et Ange. Tous venus d'ailleurs, d'Algérie, des Comores ou du Toulon des voyous.
Sur la photo de classe, à l'époque, Stress était facilement repérable, avec sa peau rose. Et sa mère, Fred, issue d'une vieille famille aristocratique, était une figure du quartier. La caution culturelle.
Mais aujourd'hui, les pauvres ont été expulsés du Panier, les bobos rénovent les taudis et les touristes adorent arpenter ses rues tortueuses. Ses anciens potes sont devenus chauffeur de bus, agent de sécurité, dealer ou pire. Un peu artiste, un peu loser, Stress rêve, lui, de tourner un film sur son quartier d'enfance, et de leur faire rejouer leurs propres rôles de jeunes paumés, à coups de scènes colorées et d'arrêts sur image. Les descentes à la plage ou dans les boîtes de nuit, les bagarres et les parties de foot. On retrouve dans cette fresque drôle et acide le Marseille d'hier et d'aujourd'hui, ses quartiers, ses communautés. Tout est roman et tout sonne vrai, dans ce livre à l'écriture ultra-contemporaine, mixée d'arabe.
Il parle du Panier à Marseille et j’entends la Pointe courte ou le Quartier Haut à Sète. Il parle des « Venants » et j’entends les « Charmants ». Il dit Kassim le Mahorais, Nordine l’Algérois, Ange le Toulonnais et je comprends Jeannot de la Pointe, Loulou du Quartier Haut, les Italiens, ceux de Gaète et ceux de Cetara, les pieds-noirs, les Marocains et… les « Parisiens », c’est à dire tous les autres qui ne sont pas d’ici.
Il parle des années 90. On me raconte les années 50 et 60. Mais c’est bien le même phénomène. Les mêmes transformations. La même jeunesse qui s’est enfuie et les quartiers qui en ont fait les frais.
Le langage ? À Marseille, c’est un joyeux mélange d’arabe, de français, d’accent pied noir et de termes locaux. Ici, « on pensait parler le patois, c’était de l’occitan » qui s’est bien mélangé à l’italien, ça a fini en « setori » que plus personne ou presque ne comprend.
Que l’on soit de Marseille, de Sète, de la Croix-Rousse ou du Bas-Montreuil, « Cinq dans tes yeux » nous parle. De ces quartiers « réhabilités » où les gens du cru ne peuvent plus se loger : trop cher ! Où les rues se fardent de fresques colorées comme les putains de l’autre côté du pont se plâtraient la gueule autrefois. Où les bars à vin déversent leurs trentenaires, chignons sur le haut du crâne, pantalons feu-de-plancher et progéniture en bandoulière de lin, jusque sur les trottoirs des rues piétonnisées. Le verre de vin biodynamique à quatre euros… Bien loin de celui chapardé au cul des barriques sur le port, au nez et à la barbe des douaniers à vélo.
Faut-il pleurer, faut-il en rire ? chantait Ferrat…
Ce roman est une déambulation dans un Marseille qui se gentrifie.
On retient une plume originale, des moments de vie dans les années 90, la drogue, le sida, la petite délinquance, une certaine forme de violence et de solidarité aussi.
Et puis, de nos jours, les désillusions, le sexe, l'envie d'être artiste, le m'as-tu-vu, encore un peu de drogue et les copains qu'on ne voit plus.
Tout cela est très nostalgie, un peu ennuyeux aussi.
Bienvenue dans le quartier populaire le Panier, à Marseille, qui est mis à l’honneur dans ce roman.
C’est l’histoire de Stress qui y est né et qui vit là-bas avec sa bande d’amis, Nordine, Ichem, Kassim, Djamel et Ange mais Stress a mûri et a vu sa ville natale.
Dans une langue truculente alternant le Marseille des années 90 et le Marseille d’aujourd’hui, Stress revoit son quartier avec ses yeux d’adolescent en nous dévoilant ses ressentis et des anecdotes sur un ton nostalgique. Une forte amitié les unissait comme les cinq doigts de la main, ils se taclent pour impressionner la galerie, ils fument, ils boivent, ils font les 400 coups et ils zonent comme-ci leur futur n’existait pas. Jusqu’au moment où les bobos ont déboulé, ils rénovent, les pauvres qui se sont faits expulsés, Stress ne reconnaît plus son quartier. Chacun fait sa vie, ils se revoient enfin, ils se recroisent, mais ce n’est plus comme avant… Stress est devenu réalisateur, mais ses projets n’aboutissent pas. Il n’a qu’une idée, c’est de réunir sa bande pour faire son projet de long-métrage, mais la plupart ils se sont rangés du bon côté, les temps ont changé. Alors pour conjurer le sort, Stress écrit son premier roman, Cinq dans tes yeux.
Le titre est parfaitement bien choisi et la couverture est chouette.
Ce roman est brut et tendre à la fois, l’auteur nous livre une belle déclaration à sa ville natale Magnifique roman sur Marseille, mais aussi sur les inégalités sociales, sur le temps qui passe et une jeunesse qui nous échappe.
Ce texte est rythmé, sombre et désabusé
J’ai aimé défiler les pages avec ses personnages haut en couleur au ton décalé. Les images s’enchaînent dans les rues de la cité phocéenne. Le style est singulier et original.
La plume de l’auteur est franche et emplie de tendresse. Hadrien Bels nous mène à la réflexion.
Pour conclure, ce roman :
-C’est l’histoire de Stress et de son amour inconditionnel qui porte à Marseille.
-C’est l'histoire d’une jeunesse tumultueuse et du temps qui passe...
-C’est l’histoire d'un film qui n’aboutit pas…
-C’est l’histoire de liens fraternels…
-C’est une histoire authentique ! Une ode à l’amitié !
L’auteur nous plonge dans le Marseille des années 90. Le narrateur est surnommé Stress, un petit blanc. Ce jeune nous raconte avec son franc-parler sa vie dans un quartier, « le Panier ». Un portrait haut en couleur dans un langage imagé et poétique, avec humour et autodérision.
Connaissez-vous le mot « venants » ? Il désigne les « bobos » à Marseille.
« En bas de la place, y a toujours quelques Venants qui tirent sur leur tabac à rouler et sirotent leur mauresque. Ils « prennent l’apéro au Panier. » Prendre l’apéro en bas de la place de Lenche, c’est comme aller à la piscine et rester accroché aux bords. Y t’arrivera pas grand-chose. »
Stress vit avec sa mère, Fred, professeure de beaux-arts. Il raconte ses sorties avec sa bande de copains, les 400 coups qu’ils font ensemble. Puis comment l’un après l’autre quitte le quartier. On le retrouve adulte, essayant de trouver un financement pour tourner un documentaire sur son quartier d’enfance, sur la gentrification.
« Prends une photo de classe dans une école maternelle du Panier d’aujourd’hui et une photo de la même école il y a 30 ans et tu verras ! Pratiquement plus aucun Arabe ou Noir. C’est comme si on avait effacé un écosystème, tranquille, en silence. »
Le titre, « cinq dans tes yeux », fait référence à une expression pour se protéger du mauvais œil.
J’ai beaucoup aimé cette écriture parlée et imagée, avec ses expressions, son argot.
« On est passés devant l’arrêt du 83, le bus des plages. L’été, à l’intérieur, c’était une paella. Le peuple s’y entassait et le bus dégueulait toutes sortes de maillots de bain colorés à chaque plage de la Corniche. »
L’auteur aborde aussi le sujet du sida, des immeubles insalubres qui se sont effondrés, de la délinquance, de la drogue.
Avec nostalgie, Stress vit dans le Marseille de son adolescence et voudrait le faire revivre avec son film. En attendant il est caméraman de mariage arabe. Pour se faire un peu d’argent, il loue son studio à des touristes et dort chez sa mère.
Ce roman est déclaration d’amour à Marseille, un régal !
Depuis Jean-Claude Izzo, difficile de s’attaquer à Marseille sans tomber dans les clichés. On comprend que l’auteur a la ferme intention de dézinguer tout ce qui sonne faux dans sa ville, à commencer par les venants, ces bourgeois descendus du nord de la Loire qui trouvent à Marseille un exotisme à moindre frais. Le Panier, le quartier où « Stress » a passé son enfance dans les années 90, s’est ramolli à coup de gentrification : « Pratiquement plus aucun Arabe ou noir. C’est comme si on avait effacé un écosystème, tranquille, en silence ». Stress était ce minot blanc en minorité et sa mère, une poétesse de la rue qui utilise la culture comme arme d’instruction massive. Le panier a changé. Beaucoup trop calme. Stress est nostalgique de ce temps où la drogue et le kebab se payaient en francs. Nostalgique mais lucide : « La nostalgie ça emmerde tout le monde, sauf celui qui raconte, ça lui file un coup de jeune ».
Ce roman est une ballade dans le temps et dans Marseille. Il n’y a pas vraiment d’histoire si ce n’est celle de Stress, vidéaste raté, loser attachant, qui se souvient du Panier et de ses copains. On pourrait en faire un genre, le « District book », le livre de quartier.
Hadrien Bels met tout ce qu’il a dans son bouquin, de rages et d’anecdotes. C’est vif et inventif. Monsieur pratique les figures de style avec maestria. Il est fort en métaphores ((« Le 83, le bus des plages. L’été, à l’intérieur, c’était une paëlla », virtuose du zeugma (« j’étais plein de promesses et de morve au nez » et mage de l’image (« La colère, il faut l’accepter et la bercer, comme un enfant quand a fait dans le dos »). Et les dialogues sont remplis de punch-lines, aussi savoureuses les unes que les autres : « C’est quand même curieux, ces jeunes qui ne font rien de leur vie mais peuvent pas attendre cinq minutes ».
Un livre qui pétille, une déclaration d’amour à Marseille (« une ville trop propre ne me dit rien, elle me fait peur, à cacher ses névroses ») qui m’a donné envie de retourner dans la cité phocéenne, avec ma dégaine de venant. Pas grave.
Bilan :
C'est l'histoire d'un quartier marseillais ultra populaire, là, juste derrière le Vieux-Port, le Panier avec ses logements insalubres et ses ruelles étroites, porte d'entrée de la population immigrée depuis la seconde moitié du XIXème siècle, italienne, corse, maghrébine, comorienne. C'est une histoire d'amitié née dans les années 90 et qui se délite à mesure de la gentrification du quartier, sa réhabilitation avec le projet Euroméditerranée en chassant les plus pauvres vers les périphéries et les quartiers Nord.
Il n'y a pas vraiment d'intrigue à proprement parler avec un scénario cause / conséquences tout tracé et des actions factuelles. Fait d'une succession de scènes, le récit est une déambulation sentimentale dans le Marseille des années 1990 et d'aujourd'hui vu au travers du regard du narrateur, Stress ,« figure rose » de la bande multiethnique, le seul Blanc atterri au Panier par le militantisme d'une mère puissante ( formidable personnage ). Sa narration alterne passé ( années 90 donc ) et présent où il végète à l'aube de la quarantaine, artiste un peu looser, un peu branlos aussi, tentant de retrouver le parfum de son adolescence aux côtés de Ichem, Kassim, Djamel et Ange.
On s'amuse beaucoup avec Hadrien Bels, mais jamais aux dépens de quelqu'un, sa plume est trempée à la tendresse humaine, jamais au cynisme facile, juste acide ce qu'il faut quand il le faut. Son écriture rafraichit, emplie d'une oralité vive qui explose dans des dialogues savoureux. Souvent hybride, inventive et insolente, la langue sonne vrai, sous influence méditerranéenne, mâtinée de rap et de raï, avec des punchlines réjouissantes qui donnent envie de lire le roman à voix haute.
Le récit avance avec le sourire, avec cependant un petit ventre creux vers le milieu et une sensation de répétitions un peu trop présente parfois. Mais dans le dernier tiers, les mots se font plus nostalgiques, l'auteur a grandi et le difficile passage à l'âge adulte fait ressortir une douce mélancolie.
« La ville s'est couchée, je roule sur son dos avec des odeurs de poulet braisé dans le nez. Boulevard national, des bars pleins de vieux à la cornée abimée qui boivent leur thé en trempant leur nez dedans. (…) de petites comoriennes jouent à la corde à sauter en pyjama et des mecs sortent des salons de coiffure en se croyant beaux. J'ai encore des sentiments pour cette ville. Tout est encore possible entre nous. de nouveau envie de la filmer et de l'écouter me raconter ces histoires de vies, qui, bout à bout, me transportent de l'autre côté de la Méditerranée, dans ces ruelles où l'o, vend des cigarettes et des brochettes de foie à l'unité. Où l'o jette par terre papiers, mégots, canettes de coca. Là où les mouettes, les chats et les rats viennent se battre. Une ville doit dégager nos odeurs de crasse et nos instincts animaux. Elle doit raconter nos vies et nos drives. Une ville trop propre ne me dit rien, elle me fait peur, à cacher ses névroses. »
Marseille est vraiment la star de ce roman, décrite avec beaucoup de coeur, sans le folklore habituel que la ville suscite. Derrière chaque scène, chaque tableau, c'est tout l'amour de l'auteur pour sa ville et son quartier qui explose de façon très charnelle, sensorielle et organique, de façon très personnelle aussi.
Mieux qu'un reportage, Cinq dans tes yeux décrypte et donne à voir le mécanisme de gentrification et l'arrivée des « Bobos », surnommés les Venants avec leurs gueules d'héritiers, qui effacent en silence, à coup de rénovations, tout un écosystème au centre des villes, écartant les classes populaire vers les périphéries. C'est rare de lire un roman aussi sensible et géographique à la fois, à la fois intime et inscrit dans un territoire collectif qui s'est métamorphosé vitesse grand V. Hadrien Bels n'écrit pas que pour faire sourire mais pousse à réfléchir sur nos modes de vie urbains et de façon générale sur les identités qui fluctuent au cours d'une vie.
Un premier roman très convaincant plein de verve et de sève incontestablement prometteur.
Dans "Cinq dans tes yeux", Stress raconte son enfance dans les quartiers populaires de Marseille et présente ses amis, aujourd'hui devenu dealer, chauffeur de bus ou encore agent de sécurité. Mais, Stress, lui rêve de devenir cinéaste et de rejouer leur vie passée.
Stress déploie sa carte de Marseille, dévoile son quartier d'enfance, le Panier, qui de nos jours a complètement disparu, transformé en vitrine touristique pour bobo. Comme des flashs, Stress revoit ses potes d'enfance, retrouve ses virées en boite de nuit, à la plage, au terrain de foot, avec leurs engueulades comme leurs fous rires.
Premier roman d'Hadrien Bels, où il arpente pour nous les rues de Marseille des années 90 à nos jours. Le Marseille d'aujourd'hui et celui d'hier. Un Marseille méconnu, un Marseille directement de l'intérieur. L'auteur a Marseille dans la peau et cela se ressent parfaitement.
Une plume vive, brulante avec des dialogues et des descriptions qui sonnent vraies, avec ce petit côté humoristique.
Un premier roman qui nous mène à réfléchir sur la situation sociale à Marseille en 2020, sur les identités de chacun qu'on a pour le meilleur comme pour le pire ; mais aussi sur le rôle de la culture subventionnée que l'auteur a dans son viseur et qui en parle sans filtre.
Succession de tableaux des différentes quartiers de Marseille, un langage brut, tranchant qui donne toute sa valeur au texte. Un bon premier roman de la rentrée littéraire, avec une bonne dose de rigolade, écrit comme un film.
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