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Que ce soit à la recherche de salles historiques décaties ou même abandonnées, de salles anciennes rénovées avec amour ou de salles contemporaines spectaculaires, pendant plus de 10 ans, dans les villes et les campagnes, Simon Edelstein a écumé les routes de France à la rencontre de ce patrimoine exceptionnel.
Doucement, le public des salles obscures délaisse le cinéma pour se prélasser chez lui devant les multiples plateformes payantes, moins chères qu'une place de cinéma : les gens ont modifié leurs habitudes... Le cinéma ne fait plus rêver.
Les salles ont perdu de leur splendeur, souvent réfugiées en périphérie, entre quelques chaines d'alimentation, elles ont presque honte d'exister.
Pourtant, ce fabuleux patrimoine de lieux voués au septième art existe encore un peu, surtout en France, un des très rares pays où l'on construit aussi encore des cinémas à l'architecture parfois audacieuse et où l'on refuse la mort du cinéma en salle avec véhémence.
J’ai été très gâtée par Babelio et les Edtions Jonquez lors de ce Noël 2023 puisque j’ai reçu par voie postale ce magnifique livre Cinémas : un patrimoine français réalisé par le photographe Simon Edelstein. L’ouvrage rassemble les photographies d’anciens cinémas français, classées par région, que l’auteur a eu l’idée de collecter en comprenant que ce patrimoine était en sursis, désinvesti au profit de complexes extra-muros.
C’est une invitation au voyage d’un genre particulier auquel nous convie l’auteur, il a sillonné la France, tel un archéologue d’un genre nouveau, écrit-il, en quête des cinémas de ville progressivement délaissés dans l’indifférence générale. Sa réflexion porte sur le temps qui passe et sur les évolutions sociales et culturelles, un bouleversement géographique où se développent les métropoles au détriments des petites villes de campagne. La salle de cinéma de quartier à l’entrée confidentielle, à l’infrastructure désuète, cède donc la place au grand complexe installé en banllieue, qui témoigne désormais d’un renouveau. L’auteur s’attarde sur les cinémas anciens, certains de style Art-Déco datent des années 20 et sont les témoins d’un passé où le rêve et la magie s’affichaient sur grand écran. Les photographies restranscrivent parfaitement la multitude des styles, les couleurs éclatent parfois au coeur d’un centre ville bétonné, d’autres façades ont la laideur des blockhaus, mais toutes ont vibré des films projetés et des émotions des spectateurs. Les plus modestes ont des allures de garage ou de granges délabrées, d’autres ont l’allure de manoirs. Certains cinémas étaient installés dans des bâtiments déjà existants ayant un passé souvent industriel, parfois même classé aux Monuments Historiques. Toutes ces facades ont quelque chose d’impalpable que l’on aimerait préserver, quelque chose qui résonne encore entre les murs décrépis de ces lieux qui ont célébré la vie: la culture, les rires et les larmes, la peur et le vertige… Les petites salles c’était comme un art de vivre à la française ! Il y a comme une continuité parfois : une voie ferrée abandonnée bordée d’une ancienne gare transformée en cinéma, quelle réussite ! Certains cinémas déshertés seront un jour réhabilités, celui de ma ville qui s’affiche page 255 le sera cette année et deviendra un casino (la salle de jeux pas le supermarché…). Parfois ces lieux sont insolites et leur originalité titille ma curiosité (la votre aussi peut-être ?), par exemple les cinémas de Dié, Usson-en-Forez, Saint-Judoce, Chartres, Saint-Dizier ou Mons-en-Montois sont plutôt remarquables, pour des raisons aussi diverses que variées.
Entre amertume et nostalgie, passion et délectation, Simon Edelstein m’a offert un voyage émotionnel auquel je ne m’attendais pas en ouvrant ce livre. Merci infiniment!
Quel magnifique cadeau pour Noël, de la part des éditions Jonglez avec la Masse critique de Babelio, que ce beau livre sur les Cinémas : un patrimoine français ! Organisé par régions, le livre de Simon Edelstein rassemble tous les vieux cinémas français remarquables que le cinéaste photographe a collectés au fil de ses pérégrinations récentes.
Dans cet ouvrage, les photographies sont de loin privilégiées. de belle qualité, elles présentent les façades, mettent un focus sur les entrées ou un détail particulièrement remarquable. Quelques lignes racontent l'historique du lieu et en dévoilent les aspects singuliers.
L'âge d'or des locaux de cinéma se situe des années 20 jusqu'aux années 50 où la démocratisation permet à un nombreux public de fréquenter ce qui va devenir un loisir de plus en plus apprécié. Les photographies de Simon Edelstein en montrent toute la diversité architecturale de type Art Déco (années 20 à 30) aux façades de formes géométriques stylisées et des ornementations travaillées. Dans toutes les régions de France, ces bâtisses élégantes se retrouvent prouvant l'optimisme et le dynamisme de l'époque.
Ces belles constructions sont souvent un peu défraîchies, néanmoins elles conservent ce port incomparable ! Ainsi, le Casino de Saint Quentin dans le Grand-Est est construit en 1929 pour accueillir 1300 spectateurs. Au fil des années, il est devenu magasin de meubles et discothèque pour fermer définitivement. Heureusement, deux ans et demi de travaux après, il retrouve sa superbe !
L'après-guerre jusqu'aux années 70 voit l'essor des cinémas de quartier, populaires mais aux dimensions plus réduites. Leurs appellations “Palace” se multiplient ! Que reste-t-il du Palace de Montceau-Les-Mines transformé en lieu d'habitation ?
Qu'ils s'appellent le Régent, le Berry, Eden ou tout simplement Cinéma, ces lieux ont une histoire, comme n'importe quel monument. Il faut bien noter que l'appellation Rex est souvent privilégiée, rappelant le grand frère parisien mais peut se décliner, par exemple, en Rexy ou petit Rex. D'ailleurs, le cinéma de quinze places appelé ainsi, un passionné l'installe en Bretagne dans une ancienne forge !
Alors bien sûr, le vrai et l'unique est présenté dans la section Paris. Mais, ce n'est pas le plus beau, à mon avis. le Louxor, inauguré en 1921 garde le témoignage de l'architecture égyptianisante de l'époque. Comme beaucoup, son usage sera détourné pour renaître grâce à une association d'habitants et rouvrir en 2003.
Car après les années 80, la mode fut à la centralisation des salles de cinéma. Tout d'abord, en ville, comme le Gaumont de Montpellier. Mais aussi, aux abords des villes, où les multiplexes ont absorbé toute la clientèle. Les cinémas de quartier se sont convertis puis trop difficile à entretenir, ils ont été abandonnés et oubliés.
Dans la préface, Jack Lang rappelle l'engagement politique qu'il a fallu pour ne plus revivre les déserts culturels. Et, dès 1983, l'Agence pour le développement régional du cinéma avait, entre autres, la mission de sauvegarder ce patrimoine, qui permet à la France de s'enorgueillir de “posséder un parc,, unique au monde de salles obscures.” le travail de Simon Edelstein est le fruit d'une passion mais aussi d'une révolte de voir les promoteurs s'emparaient de telles richesses.
Simon Edelstein réalise un superbe condensé photographique de ces bâtisses élégantes et façonnées, dans toute la France, consacrées au cinéma qu'il nous faut sauvegarder au nom de notre patrimoine. À découvrir assurément !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/12/26/simon-edelstein-cinemas/
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