D'huile ou déchaînée, la mer fascine. Souvent associée aux vacances et à la douceur de vivre, elle est parfois le théâtre de drames, une transition vers un ailleurs prometteur, une muse à l'attrayante rudesse.
Ces Japonaises ont tout abandonné au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis, sur la foi d'un portrait, un inconnu. Celui dont elles ont tant rêvé, qui va tant les décevoir. Choeur vibrant, leurs voix s'élèvent pour raconter l'exil : la nuit de noces, les journées aux champs, la langue revêche, l'humiliation, les joies aussi. Puis le silence de la guerre. Et l'oubli.
D'une écriture incantatoire, Julie Otsuka redonne chair à ces héroïnes anonymes dans une mosaïque de la mémoire éblouissante. Un roman bouleversant.
D'huile ou déchaînée, la mer fascine. Souvent associée aux vacances et à la douceur de vivre, elle est parfois le théâtre de drames, une transition vers un ailleurs prometteur, une muse à l'attrayante rudesse.
Récit historique sur des femmes japonaises vendues sur photo à des Américains au début du XXeme siècle.
La traversée entre le Japon et San Francisco est joyeuse, elles pensent se marier avec des banquiers voir des hommes d’affaires mais elles ne trouveront pour la plupart que des hommes rustres voir violents et peu aimants.
Et ensuite ce sont leurs enfants qui subiront les moqueries racistes et l’isolement.
La vie est difficile quand on a pas le choix et quand on a tout laisse derrière soi : famille, souvenirs,…
C’est un livre aux phrases courtes avec un style de narration qui m’a surpris car tout est écrit en « nous », cela apporte une proximité avec ce groupe de femmes.
"Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka est un récit littéraire puissant et émotionnel qui plonge profondément dans l'expérience des femmes japonaises qui ont immigré aux États-Unis au début du XXe siècle. À travers la prose de l'auteure, on est transporté dans le monde de ces femmes courageuses qui ont quitté leur pays natal pour épouser des hommes qu'elles n'avaient jamais rencontrés, dans l'espoir d'une vie meilleure en Amérique. Le livre explore plusieurs thèmes poignants qui résonnent encore aujourd'hui, l’auteure nous offre une plume délicate et sans concession.
Alors qu’elles finissent par arriver en Amérique, pour ces jeunes filles, leur première nuit de femme mariée, la situation est difficile et elles doivent subir les avances d'un homme qu'elles n'ont jamais rencontré. Nuit de noces ? Abus est un terme plus approprié. La réalité est brutale, violente. Les femmes japonaises sont limitées aux tâches les plus ingrates, travaillant dans les champs et dans des travaux pénibles ; pour certaines un travail comme domestiques au service de familles blanches fortunées. La population se méfie de ces femmes à l’aube de la guerre, lorsque le Japon entre dans le conflit. Pearl Harbor, malgré la distance, a de lourdes retombées pour ces femmes. La souffrance est multiple : avoir des enfants qui renient leurs origines, être internés dans des camps partout dans le pays à cause de la méfiance… Il ne s’agissait pas de la vie espérée, alors qu’elles rêvaient de sortir de la misère.
L'un des thèmes centraux du roman est l'expérience de l'immigration. Les femmes japonaises du livre ont tout quitté pour suivre leur futur mari aux États-Unis, mais en arrivant, elles se retrouvent dans un monde étranger, avec une langue inconnue et des coutumes différentes. Leur quête pour préserver leur identité tout en s'adaptant à leur nouvelle vie est un élément crucial du récit. L'auteure explore les tensions entre la préservation de la culture japonaise et l'assimilation américaine. À la fois touchant et plein de ténacité, mais également beaucoup de solitude…
Elles ont souvent rêvé de leurs futurs maris américains comme des sauveurs, d'hommes qui les sortiraient de la pauvreté et de la routine de leur vie au Japon. Cependant, la réalité est souvent brutale, avec des nuits de noces difficiles, des conditions de travail éprouvantes et des discriminations raciales. Le contraste entre leurs rêves et leurs déceptions est déchirant.
L'auteure utilise une narration collective à la manière d'un chœur pour donner une voix à ces femmes anonymes. Cette approche renforce le sentiment de solidarité entre elles et souligne leur expérience commune en tant qu'immigrantes. Leur clameur collective devient un moyen de faire entendre leurs histoires souvent ignorées de l'histoire américaine. Il y a des histoires dont on ne veut pas parler à voix haute…
Le roman évoque également le thème de l'effacement de l'histoire. Les enfants de ces femmes, souvent nés aux États-Unis, semblent déconnectés de leurs racines japonaises et sont enclins à oublier le passé de leurs mères. Cette perte de mémoire collective soulève des questions sur la transmission de l'histoire et de l'identité à travers les générations. Pour ces enfants, que leur restent-ils de leur origine si leur propre mère se doit de les mettre de côté pour essayer de s’assimiler au mieux ?
En dépit des épreuves et des déceptions, les femmes font preuve d'une incroyable résilience. Elles endurent des conditions difficiles, s'efforcent d'apprendre une nouvelle langue, élèvent leurs enfants et maintiennent une certaine dignité dans des circonstances souvent oppressantes. Leur force et leur persévérance sont inspirantes. J’ai ressenti beaucoup de solitude, de peine, et même de la colère contre ces conditions de vie injuste.
En bref : "Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka est un livre qui explore les thèmes de l'immigration, de l'identité, des rêves et des déceptions, de la collectivité, de l'effacement de l'histoire et de la résilience. À travers ces thèmes, l'auteure offre une perspective profonde sur l'expérience de ces femmes japonaises aux États-Unis, tout en invitant les lecteurs à réfléchir sur les défis de l'immigration et de l'assimilation dans un nouveau pays. Les émotions sont mises à rude épreuve.
Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka
D’une seule voix, Julie Orkusa donne vie à plusieurs femme japonaise qui sont parties du Japon pour rejoindre des maris designés par une marieuse. Des maris qui les attendent à San Francisco. On vit la traversée dans des conditions pénibles, la découverte du mari, la violence, la soumission, le travail pénible et sans répit dans les champs, au foyer, certaines sont employées de maison, d’autres prostitués. Elles ont des enfants quoi ont des difficultés à être acceptés aux Etats Unis. Puis vient la deuxième guerre mondiale, le mépris, l'enlèvement des maris.
On découvre le destin de plusieurs femmes dans ce texte riche, poétique, très fort et bouleversant.
Une narration que j’ai trouvé originale et vraiment très réussie. Elle donne une intensité particulière à l’histoire. Comme une seule voix qui s’élève mais pour donner la parole à plusieurs femmes.
Ô rage ! ô désespoir ! ô immigration ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie
Le premier chapitre vous remue comme si vous subissiez, avec ces jeunes femmes, le mal de mer qu’elles endurent lors de leur traversée du Japon aux Etats-Unis.
Le malaise est là, omniprésent, car le lecteur sait que l’espoir qui les anime toutes, d’une vie meilleure est mort-né.
Leurs époux, qu’elles n’avaient jamais vus, les ont prises comme des reîtres.
« Ils nous ont prises en vitesse, de façon répétée, toute la nuit durant, et au matin, quand nous nous sommes réveillées, nous leur appartenions. »
Évidemment, aucun, n’’est propriétaire terrien, ni banquier, ce sont juste les hommes de mains des américains.
Ces femmes d’exilées, deviennent des itinérantes, de campement en campement, de taudis en taudis, où il y a du travail, elles suivent leurs hommes et font le même travail qu’eux.
Elles n’avaient jamais vu la mer ni autant de mauvaises herbes.
Julie Otsuka emploie le « nous » avec brio, car elle nous fait vivre des centaines de destins particuliers en une trajectoire collective.
Cela renforce le récit, comme le chœur dans la tragédie grecque qui donnait la cadence.
Ce « nous » donne la parole à cette cohorte d’invisibles, qui dépendent de tous car elles ne maîtrisent pas la langue, ni les us et coutumes de ce pays si différent du leur.
« Mais à notre réveil, nous nous retrouvions allongées au côté d’un inconnu en un pays inconnu, dans une étable bondée, remplie des grognements et des soupirs des autres. »
« Nous avons accouché dans des petites bourgades où aucun médecin n’acceptait de nous assister, et nous avons dû nous débrouiller nous-mêmes avec le placenta. »
Sous le joug de leur mari ou du patron, sous l’empire des coutumes du pays d’accueil, sous l’emprise de ceux qui veulent tout contrôler, elles arrivent à saisir les petites joies saupoudrées sur un quotidien des plus sombres.
Puis, soudain la guerre.
La chasse à l’ennemi commence, elles effacent tout de qui peut laisser paraître le lien avec le Japon, elles assassinent leurs souvenirs.
La peur sourd, inexorablement.
L’auteur est issue de cette communauté.
Un épisode du XXe siècle méconnu.
Le « nous » change de sens à la fin de l’histoire, il prend le sens du « nous » les américains, car il parle de ceux qui sont restés, ont survécu et peut-être gagnés leur place sur cette terre.
Si ce récit est la narration d’un épisode très particulier, il résonne de façon universelle pour tous les immigrés, ceux qui vivent le racisme, l’exploitation, l’adaptation aux coutumes si différentes des leurs et raconte le modus operandi d’une adaptation forcée, si l’on ne veut pas mourir.
C’est brillant, poignant, précis et poétique, un tour de force littéraire pour donner une mémoire à toutes ces héroïnes anonymes.
Un prix Femina hautement mérité.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/06/24/certaines-navaient-jamais-vu-la-mer/
Un roman poignant dont la puissance réside dans son écriture, dans le choix opéré par l’auteur de faire entendre la voix collective de ces femmes racontant elles-mêmes leur histoire , ces Japonaises oubliées ou plutôt disparues de l’histoire.
Sept des 7 chapitres sont constituées de phrases dont le verbe a pour unique sujet la première personne du pluriel NOUS . Jamais de JE, jamais de 1e personne du singulier comme si chacune se noyait dans le Nous collectif, comme si chacune avait subi en elle le malheur des autres .
Ce NOUS est toujours lié à des phrases brèves, juxtaposées, qui donnent au texte un rythme rapide et nerveux. Elles relatent des faits , parfois même d’une manière presque clinique et sont autant d’images qui défilent dans notre esprit, un peu comme si des diapositives étaient projetées à vitesse rapide sur un écran . Ce NOUS produit aussi un effet d’écho sonore , de litanie, un effet envoûtant . Le lecteur se sent enfermé dans une sorte de huis clos, où il ne voit que des images où sont présentes ces Japonaises, où il n’ entend que leurs voix.
Dans le chapitre 2 : La première nuit, le NOUS a laissé la place à ILS : les hommes, les maris, laissant au NOUS, passé de sujet à objet, la charge de représenter l’objet sexuel que ces femmes sont alors devenues . Dans le dernier chapitre : Disparition, plus de NOUS ; les femmes ont disparu, il ne reste que leur souvenir, qu’on évoque, seulement, parfois ……
Un livre bref, d’une rare intensité, qui prend à la gorge mais évite le pathos. Les images de ces femmes s’impriment en nous , leurs voix résonnent en nos oreilles .
Quand j’ai lu cette oeuvre, j’ai eu l’impression d’un chœur en mouvement sur une scène d’opéra, un chœur dont les interprètes nous regardaient dans les yeux , dont le chant incantatoire nous prenait à témoin.
Elles ont quitté le Japon au début du siècle dernier pour épouser en Californie des compatriotes émigrés qu’elles n’avaient vus que sur photos. Elles vont partager, leur vie durant, le lit et le pénible sort d’ouvriers agricoles qui fournissent à l’Amérique une main d’oeuvre bon marché. Et, plus tard, lorsqu’éclatera la seconde guerre mondiale, elles se retrouveront déportées avec mari et enfants dans les camps d’internement où les Etats-Unis incarcèreront les Nippo-Américains.
Le mode de narration est singulier et donne toute sa force au roman. Rédigé à la première personne du pluriel, le récit se fait l’écho des multiples voix anonymes de ces femmes japonaises, sans jamais se fixer sur aucune en particulier. Ce sont ces mille trajectoires, suggérées par petites touches impressionnistes, qui finissent par composer un tableau d’ensemble puissamment évocateur de l’histoire collective de la communauté dont l’auteur est elle-même issue.
L’arrivée de ces femmes sur le sol américain est un choc à tout point de vue. Leur traversée sans retour possible les jettent dans un inconnu auquel elles n’auront d’autres choix que de s’adapter, quoi qu’il leur en coûte, et combien même il ne correspond en rien à ce qu’elles avaient imaginé de leur vie future. Leurs expériences racontent toutes le racisme, leur exploitation, mais toujours leur obstination à trouver patiemment et silencieusement leur place, si misérable soit-elle, entre modes de vie japonais et occidental. Pourtant, alors que gonfle la paranoïa à leur encontre après l’attaque de Pearl Harbor, tout ce que leur communauté a si laborieusement construit finit par leur échapper peu à peu. Ce sont d’abord les hommes, arrêtés les uns après les autres pour soupçon d’espionnage, que leurs épouses voient partir. Et quand tous, femmes et enfants compris, ont finalement disparu, c’est jusqu’à leur absence qui s’efface bientôt totalement dans l’esprit de leurs voisins Américains, pour qui la vie continue inchangée.
Les phrases courtes, comme psalmodiées en une complainte fantôme portée par le vent de la mémoire, s’alignent sans pathos pour mieux nous frapper de leur implacable et triste vérité. Et l’on ressort hanté par le murmure de toutes ces voix anonymes que, pour notre plus grande émotion, ce livre exhume de l’indifférence et de l’oubli. Coup de coeur, que l'on peut prolonger sur le sujet par un autre très beau roman : Fantômes de Christian Kiefer.
Une manière originale de raconter cet épisode tragique de l'immigration japonaise aux Etats Unis au début du 20 ème siècle. Se lit très rapidement et nous apprend plein de choses sur cet événement très peu connu du monde.
Ces désillusions sont agréables à lire même si elles sont parfois terribles. Juste très longuet à lire de par le fait que l'autrice ait voulu raconter la pluralité des vies de ces jeunes, puis moins jeunes, japonaises.
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