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Autant que des traits, le portrait inscrit un nom : celui d'un homme mais aussi celui de l'artiste qui le peint.
Celui-ci, par sa gloire, garantissant la gloire de celui-là : qui se souviendrait du roublard Andrea Odoni si Lotto ne l'avait peint ? Qui se souviendrait de l'ennuyeuse Signora del Giocondo sans Léonard ? En dessinant les traits d'un homme, le peintre fige pour l'éternité un visage qui, de ce fait, devient plus ressemblant que cette réalité mouvante que fut sa physionomie au fil des ans. En ce sens, un portrait n'est pas simple reproduction - et non imitation - d'une physionomie, mais un témoignage de l'intemporalité qui gît dans un visage et donc de sa dimension morale.
Au fil des pages, à contempler ces effigies, de l'Antiquité jusqu'à nos jours, que Gérard-Julien Salvy scrute à la loupe, on réalise qu'elles recèlent des énigmes sans nombre. D'abord parce que le portrait, qui semblerait la plus anodine des disciplines de la peinture, est en fait celle qui concentre le plus grand nombre de questions touchant à un au-delà de la représentation et avant tout au rapport avec la mort, bien avant la photographie.
Ensuite parce que, en peignant les traits d'un autre, l'artiste exécute, par ses choix, son " autoportrait par procuration " d'où un feuilletage vertigineux de leurre et de probité cachés sous la physionomie muette de la centaine de modèles réunis ici et que Gérard-Julien Salvy soumet avec finesse et sagacité à l'interrogatoire de l'historien de l'art.
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