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1945. Saint-Pierre-de-Chaillot, l'une des paroisses les plus huppées de Paris. L'aristocratie se presse pour enterrer la duchesse de Sorrente. Cette femme frivole et élégante a traversé la guerre d'une bien étrange façon. Elle portait en elle un secret. Les gens du monde l'ont partagé en silence. « Ce sont des choses qui arrivent », a-t-on murmuré avec indulgence.
Et, à l'heure où la filiation décide du sort de tant d'êtres humains, comment Natalie de Sorrente a-t-elle affronté la révélation de ses origines ?
Dans ce roman où l'ironie est à la mesure du fracas des temps, Pauline Dreyfus révèle une partie du drame français.
« Un style brillant et désabusé qui colle à son sujet, et donne parfois la chair de poule. » Jérôme Garcin, L'Obs.
« Une plume à la fois élégante et mordante. » Isabelle Spaak, Le Parisien.
Peut-être parce que cette lecture suivait celle d’un coup de cœur, je suis passée à côté de ce monde dans lequel il n’y a de la place que pour la réussite sociale et surtout pas pour les états d’âme. De plus, je ne suis pas d’accord avec certaines phrases comme celle citée en exergue de ce billet. Justement, je trouve que la vie se découpe en chapitres. Je n’ai pas été emballée par le style. Sand doute Pauline Dreyfus n’est-elle pas une auteure pour moi.
Un roman écrit dans une langue d'une rare élégance, tout en retenue mais d'une grande puissance, qui évoque les ravages causés par la prise de conscience soudaine de ses origines par une femme d'un monde où tout se sait mais tout se tait.
J’ai été absorbée dès les premières pages, car j’ai trouvé le sujet très original et superbement traité. L’occupation vécue du côté de l’aristocratie est en effet un thème que je n’avais pas encore rencontré dans la littérature.
A la mort de sa mère, Natalie de Sorrente, maman de deux enfants dont le dernier né est le fruit d’une relation adultère (ce sont des choses qui arrivent… ), doit faire face à une révélation qui va complètement bouleverser sa vie.
L’écriture très précise de Pauline Dreyfus, notamment sur la période trouble du Gouvernement de Vichy est également empreinte de sarcasme, c’est un régal !
C’est un coup de cœur. C’est assurément un livre à lire si le sujet vous interpelle.
Certains livres méritent que le lecteur s'acharne et ne s'arrête pas à des premières pages qui de prime abord ne le saisissent pas, le deuxième roman de Pauline Dreyfus est de ceux-là. Dans Ce sont des choses qui arrivent l'auteur prend son temps pour installer l'intrigue, le rythme est lent presque éthéré, ce qui est, il faut bien l'avouer un rien déroutant. On peut être tenté de reposer ce livre, parce que le rythme n'est peut-être pas assez soutenu, ce serait une bien grossière erreur.
La guerre vue à travers les yeux d'une certaine partie de l'élite française
Si l'on accepte de s'accrocher, de saisir la main tendue par l'auteur, ce roman révèle de bien jolies choses. Pauline Dreyfus y met en exergue la vie d'une petite frange de la population française durant la Seconde Guerre mondiale : Natalie de Sorrente est une femme issue du gratin de la société française dans lequel les femmes s'ennuient souvent et qui pour pimenter des existences oisives entretiennent des relations extra-conjugales. En 1942, à la mort de sa mère Natalie de Sorrente découvre qu'elle est le fruit d'une relation adultérine et que son véritable père est juif. Dès lors le regard qu'elle portait sur la vie et sur cette guerre dont elle n'avait jusqu'ici cure, change irrémédiablement. Si la guerre n'était pour elle qu'un simple désagrément dont le seul inconvénient était de ralentir les mondanités, il en va tout autrement depuis la révélation de ses origines. Elle se sait, se sent désormais en partie juive, et prend conscience des brimades infligées à toute une communauté et de la cruauté des lois antisémites. Pauline Dreyfus prend son temps pour installer le nœud de son roman, mais elle brosse un portrait féroce de cette petite partie de la communauté française qui pour ne pas déranger leur existence confortable, ne souhaitait surtout pas savoir, ni voir la souffrance des autres. C'est un portrait sans complaisance, voir au vitriol d'une partie de l'élite française que décrit l'auteur. Une frange de la population que l'on retrouve finalement peu dans les romans traitants de cette période de notre histoire.
Le superbe portrait d'une femme en pleine crise d'identité
Si le portrait de cette élite nombriliste brille pas son authenticité, la force de ce roman réside dans la superbe description de cette femme qui perd pied. Pauline Dreyfus autopsie avec brio la chute de son héroïne, une femme en pleine crise d'identité qui ne se reconnait plus dans les codes du monde dont elle est issue. Le sentiment de ne plus pouvoir s'identifier à un groupe, de perte de repères sont superbement bien retranscrits. Le lecteur assiste impuissant à la l'agonie psychologique de la duchesse de Sorrente, à sa lente déchéance que personne - ni son mari qui craint que le scandale de la révélation des origines de sa femme ne ternisse la réputation de sa famille, ni son entourage qui ne la reconnait plus - ne pourra empêcher.
Avec "Ce sont des choses qui arrivent" Pauline Dreyfus permet au lecteur de côtoyer une partie de la société française bien peu reluisante, mais lui livre surtout le magnifique portrait d'une femme que la révélation de ses origines va broyer. "Ce sont des choses qui arrivent" met ainsi délicatement en abîme les terribles conséquences que peuvent entrainer les comportements des parents sur le futur de leurs enfants et le poids du secret. Un roman qui mérite d'être découvert...
Pauline Dreyfus n'en a pas fini avec Paul Morand. Il était au centre de son premier et excellent roman "Immortel, enfin" où transparaissait à la fois son admiration pour l'auteur et ses doutes fondés sur la personne.
"Ce sont des choses qui arrivent" est cette fois un roman purement Morandien de par sa langue travaillée, son remarquable côté aérien qui décrit la France des salons parisiens pendant l'occupation où certaines familles de la très haute bourgeoisie continuent de manger du foie gras, de boire du champagne et d'assister aux défilés de mode. Et ce dans une insouciante hypocrisie et une nauséeuse cupidité. Et Morand n'est jamais loin, apparaissant dans un bal costumé , un dîner avec l'occupant alors que l'antisémitisme et la misère faite au juifs va crescendo dans le Paris de Sacha Guitry. Mais Morand est là également et peut être surtout dans le style de Pauline Dreyfus, auteur, élève appliquée qui fait dire à un de ses personnages abjects "Un juif converti, ça fait un chrétien de plus mais pas un juif de moins" qui rappelle évidemment le fameux "Le mariage: Une femme de plus, un homme de moins" de Paul Morand. Il y a d'autres clins d'oeil qui sont autant de règlement de compte que règlent à nouveau Pauline Dreyfus avec Morand;
Son personnage principal, la duchesse de Sorrente et sa prise de conscience de l'horreur est l'occasion pour l'auteur de décrire un monde abominable mais également d'en décrire toutes les failles et d'en dénoncer à nouveau son attitude.
Attendons le troisième roman de Pauline Dreyfus avec impatience. Sous influence ou pas, il ne pourra sans doute pas nous décevoir.
C'est une autre façon de d'écrire la France sous l'occupation nazie dans les milieux bourgeois .La duchesse de Sorrente vit dans un monde que rien ne semble atteindre mais apprend au décès de sa mère qu'elle est le fruit d'un petit coup de canif au contrat de mariage . L'amant était juif . Elle est enceinte et a reproduit le même schéma que sa mère . Celui de l'adultère .Et oui ce sont des choses qui arrivent .
Roman de très grande qualité , qui se lit très bien .
Ils sont nombreux, en ce jour glacial de février 1945, à se presser sur les bancs de l'église Saint-Pierre-de-Chaillot pour assister à la messe d'enterrement de la duchesse Natalie de Sorrente, née princesse de Lusignan. Officiellement, cette femme encore jeune est morte d'une embolie pulmonaire. La vérité est pourtant toute autre. Natalie de Sorrente est morte dévorée par la morphine, rongée par un secret de famille. Un secret de famille embarrassant mais si banal qu'autour d'elle on l'a balayé d'un désinvolte : ''ce sont des choses qui arrivent''. Mais pour cette princesse si fière de son ascendance, le secret s'est insinué comme un poison, balayant ses convictions les plus profondes, l'interrogeant sur ses origines à un moment de l'Histoire où l'occupant nazi en a fait une question de vie ou de mort.
C'est à Cannes et dans ses alentours que l'aristocratie parisienne trouve refuge pendant l'Occupation. Ils ne fuient pas les persécutions allemandes, ils n'ont rien à se reprocher, leur particule les met à l'abri d'une quelconque ascendance juive et ils apprécient tout ce que fait Pétain pour la France. Non ils essaient d'échapper à un Pris qui s'enlise dans l'ennui et les restrictions. Sur la Côte d'Azur, le soleil brille, les dîners sont charmants et le bruit des bottes reste lointain. L'aristocratie est pétainiste, frivole, cynique, et peut se faire antisémite si l'air du temps l'exige. Dans ce monde qui l'a vu naître et où elle évolue comme un poisson dans l'eau, Natalie de Sorrente se targue d'être anti-conformiste, même si elle participe à l'insouciance générale. Même la découverte de sa filiation ne la fait pas dévier de sa trajectoire pailletée. Bien sûr, elle va laisser le doute s'insinuer en elle, s'interroger sur le sort des juifs mais n'ira pas jusqu'à trouver le courage de se démarquer de la complaisance teintée de lâcheté de son milieu. Elle mourra d'avoir fermé les yeux, de s'être tue.
Un livre dérangeant dont le titre aux notes résignées décrit toute la passivité de l'aristocratie française à l'heure des choix. Eux ferment les yeux et essaient de maintenir leur train de vie. Dans ce monde où il faut avoir du sang bleu pour exister, les juifs ne sont pas dignes qu'on s'intéresse à leur existence ou à leur mort.
Les petites histoires de ces mondains se mêlent à la grande Histoire sans réellement s'y frotter. Tandis qu'on danse dans les salons parisiens, qu'on fréquente les plus grandes tables du marché noir, ailleurs des hommes, des femmes, des enfants, portent une étoile jaune... Ils se vantent du passé glorieux de leurs ancêtres mais ils n'ont rien de glorieux ces aristocrates qui pactisent avec l'ennemi.
Un beau roman qui décrit la guerre sous un angle original, même si l'empathie est difficile avec ces êtres frivoles et lâches.
Dès l'incipit, le ton du roman est donné : l'enterrement de la duchesse Natalie de Sorrente est ironiquement observé par le chef de protocole des Pompes funèbres. Cette distance se maintient tout au long du retour en arrière qui raconte les cinq années qui ont précédé.
1940-1945 - Les années de guerre n'ont pas le même poids selon le monde auquel on appartient. A Cannes comme à Paris, la duchesse de Sorrente évolue parmi une société privilégiée et ne connaît de la guerre que l'inconfort qu'elle génère. Réunions mondaines, choix des toilettes, amants de passage, ennui... le temps de la guerre ne change guère son quotidien. Natalie promène sa beauté et son insouciance dans e cercle de la haute-bourgeoisie. Une grossesse adultérine, la mort d'une mère, l'exode, la guerre, les fêtes... ce ne sont que des choses qui arrivent. Tout paraît être sur le même plan, laminé par les codes sociaux, dans ce monde où l'apparence et le savoir-vivre dominent et gouvernent les relations et la vie. Mais lorsque Natalie apprend qu'elle est la bâtarde d'un juif, ce monde de masques est sur le point de voler en éclats.
Dépendante de la morphine, progressivement attirée par la frange de son monde, elle découvre un ssentiment de solidarité mais aussi de culpabilité vis-à-vis des juifs persécutés.
L'ironie décapante de l'écriture arrache les masques et révèle ce que cache la bienséance et la certitude d'être "bien né". Ce choix d'écriture instaure une distance et empêche l'identification complète au personnage. Ce "jeu" entre compassion et indifférence est une sorte de mise en abymes des états d'âme successifs de Natalie, mais aussi de la distance instaurée entre privé et public, vie et art, réalité et littérature. Comme le lecteur "joue" à s'identifier sans risques, Natalie "joue" à être quelqu'un d'autre. Un jeu qui peut s'avérer dangereux.
Au-delà des pistes interprétatives qu'elle ouvre sur la place de la littérature, Pauline Dreyfus engage une réflexion sur la question de la judéité quis'inscrit naturellement sans l'intrigue, sans jamais l'alourdir.
J'ai beaucoup apprécié de roman et ses richesses, mais il m'a fallu dépasser le vide apparent des personnages et la description d'une société qui me semblait trop étrangère et éloignée pour que je m'y attache.
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