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Un couple d'Américains entreprend un long voyage, dans des paysages de neige et de brume, pour adopter un enfant dans une ville froide d'Europe. À son arrivée, le couple s'installe au Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel, où flotte une inquiétante étrangeté. Le bar y est toujours ouvert, et le lobby peuplé d'une galerie de personnages énigmatiques, allant d'une ex-chanteuse flamboyante à un businessman débauché, en passant par un curieux guérisseur, et un barman stoïque. Dans ce lieu déconcertant cerné par le froid, les apparences sont souvent trompeuses, et plus le couple lutte pour adopter l'enfant tant désiré, plus leur mariage - tout comme leurs certitudes - semblent vaciller.
Peter Cameron réussit à explorer avec finesse la façon dont nous nous perdons et nous retrouvons, entre rêve et réalité.
Muni d’un style d’écriture très élégant, l’auteur, Peter Cameron emmène ses lecteurs pour un voyage troublant à la fois dans le temps et dans l’espace. D’abord, à travers l’espace, car l’intrigue se déroule dans une petite ville perdue, enneigée, loin de tout, sans qu’elle ne soit clairement identifiée ou localisable. Ensuite, le temps. Même si elle se passe sur une petite semaine, les jours se confondent avec les nuits. L’espace de temporalité est aussi flou. Cela se passe-t-il de nos jours ? Ou bien dans le passé? Si oui, quand? Difficile d’être sûr.
« Ce qui arrive la nuit » est donc un roman très perturbant, à bien des égards. Les deux personnages principaux ne sont identifiés que par les mots « homme » et « femme ». Ce couple d’Américains, venant de New York se retrouve bien loin de chez eux pour adapter un bébé. Les éléments de contexte ou leurs historiques ne sont que très brièvement abordés, laissant le lecteur les construire comme il les imaginerait lui-même.
Ensuite, l’essentiel de l’histoire se déroule dans un hôtel au nom imprononçable : le Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel. Ce lieu énigmatique avec son bar ouvert 24h/24 regorge de protagonistes, tout autant déroutants et mystérieux. L’auteur a mis l’accent sur cet endroit où y règne une ambiance singulière et oppressante. Selon moi, cet aspect revêt une place considérable dans le roman et en fait un personnage à lui seul.
Cette ambiance feutrée risque de vous envoûter, tout comme je l’ai été. Hypnotique à bien des égards, j’ai plus eu l’impression de « vivre » ce livre que de le lire. La toute fin m’a quelque peu décontenancée et je pense qu’elle me hantera encore un petit temps…
Un couple de new-yorkais dont les noms sont inconnus et appelés «l'homme» et «la femme» se rend en train dans une ville enneigée perdue au fin fond de l’Europe, dont le nom n’est pas spécifié lui non plus, en vue d’y adopter un bébé.
L’homme et la femme logent au Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel, une endroit hors du temps peuplé de personnages excentriques.
Il règne une atmosphère étrange dans cet endroit sombre et d’apparence inhospitalière mais cosy et réconfortant à la fois.
C’est le premier roman que je lis de Peter Cameron et j’ai beaucoup aimé le style cinématographique qui rend parfaitement les décors et m’a immédiatement fait entrer dans cette atmosphère obscure et mystérieuse.
J’ai été immédiatement emballée par ce style et le début de l’histoire me demandant où un tel univers allait m’emmener mais j’avoue avoir éprouvé un certain ennui à la moitié du roman.
J’ai ressenti de l’agacement envers les deux protagonistes. Un agacement dû aux comportements antagonistes de l’homme et de la femme, chacun centré sur sa préoccupation (légitime), à savoir la maladie pour la femme et l’adoption pour l’homme. Mais en définitive l’auteur réussit à nous transmettre l’agacement que les deux personnages ressentent l’un pour l’autre, ce qui est extrêmement intelligent et réussi.
C’est au fur et à mesure de l’histoire et en lisant entre les lignes que nous comprenons qu’ils éprouvent une réelle affection l’un pour l’autre mais qu’ils expriment leurs sentiments avec maladresse.
Ces personnages sans nom sont en quelque sorte la représentation de chaque couple qui traverse l’existence aussi imprévisible que l’est le Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel, en passant par l’amour, l’insatisfaction, la lassitude, la maladie, le détachement, le deuil, les rencontres et tout ce qui peut changer nos certitudes et nos perceptions.
Même si j’en ressors avec une impression un peu mitigée, je dois reconnaître que le sujet de ce roman est traité avec beaucoup de perspicacité d'une façon déconcertante et surprenante qui m’a donné envie de découvrir d’autres titres de Peter Cameron.
Un couple d’américains arrive de nuit dans une ville perdue de l’Europe. De nuit et sous la neige, la femme et l’homme gagnent tant bien que mal le Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel où ils vont séjourner, le temps d’achever les démarches pour adopter l’enfant qu’ils sont venus chercher. Mais rien ne va vraiment se dérouler comme prévu. De rencontres étranges en incertitudes, le couple va devoir faire preuve de patience et de persévérance. Mais toutes ces épreuves ne sont-elles pas de trop pour eux et sauront-ils y faire face ?
Ce roman est assurément un livre d’atmosphère. Pris dans le froid et la neige, quasiment coupés du monde, l’hôtel et ses occupants forment un microcosme à la fois feutré et angoissant. La femme et l’homme, dont on ne saura jamais les prénoms, évoluent dans un monde dont les codes ne leurs sont pas connus et doivent plus ou moins s’en remettre à des personnages étranges.
Ainsi de Livia Pinheiro-Rima, ex-chanteuse qui régale encore les clients de l’hôtel de quelques-unes de ses interprétations. Ou de ce businessman étrange et un brin envahissant qui va entraîner l’homme sur des terrains inconnus. Ou de ce flegmatique barman, toujours présent pour servir des verres de schnaps. Ou encore de cet énigmatique Frère Emmanuel, un guérisseur en qui la femme, atteinte d’un cancer, va mettre tous ses espoirs.
Au fil des jours, les objectifs de l’homme et de la femme commencent à diverger. Si lui ne varie pas dans son envie d’adopter l’enfant pour qui ils ont fait tout ce long voyage, la femme se consacre à sa guérison ou en tous les cas à son espérance de guérison. Et le couple s’éloigne ainsi de plus en plus, se délite lentement sans pouvoir se comprendre ou s’entendre.
On oscille ainsi dans ce roman comme pris dans les rets d’un rêve qui vire parfois au cauchemar, comme anesthésié par la neige qui s’accumule et empêche chacun de circuler librement, comme enfermé dans cette espèce de huis-clos où l’homme et la femme deviennent presque totalement dépendants des personnes qu’ils croisent dans cet hôtel, incapables de se soutenir l’un et l’autre dans leurs quêtes personnelles. On a l’impression d’évoluer ainsi au cœur d’un mirage, que ce lieu figé dans le temps n’existe pas vraiment. Peut-être parce que beaucoup d’évènements ont justement lieu la nuit, durant ces heures où on ne sait plus très bien distinguer le rêve de la réalité.
C’est un roman très particulier, qui ne se laisse pas facilement apprivoiser, mais duquel, une fois qu’on a plongé dedans, il est difficile de s’extraire. Il vaut se laisser envoûter par ce livre et ces personnages atypiques et s’autoriser, un instant, à prendre place au bar du Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel pour un voyage hors du temps.
Quelle classe Monsieur Cameron ! Je ne vous connaissais pas mais quelle élégance dans votre écriture qui parvient à être aussi littéraire que cinématographique. Bon je ne vous cacherai pas que je ne suis pas sûre d’avoir totalement compris le sens de votre roman mais on mettra ça sur le fait que j’ai été littéralement hypnotisée par l’atmosphère. Car si il y a bien un adjectif qui colle à ce livre, c’est bien « atmosphérique ».
Un couple d’américain, dont nous ne connaitrons jamais les noms, se rend dans une ville étrange et enneigée du nord de l'Europe dont nous ne connaitrons pas plus le nom. On imagine la Lettonie, l’Estonie, la Lituanie, peut-être la Finlande. Leur mariage est en difficulté, en grande partie parce que la femme est en phase terminale d’un cancer mais d’autres problèmes semblent affliger le couple. Ils viennent ici pour adopter un enfant. Elle espère qu'en adoptant cet enfant son mari ne sera pas seul après sa mort. Lui nie cette mort imminente et compte sur l'enfant pour recoller leur union devenue froide.
Tout ne va pas se passer comme prévu…
Le couple séjourne au Grand Imperial Hotel, un hôtel d’une autre époque, un peu comme le Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, désuet, majestueux mais étrangement désert. Le bar est toujours ouvert, le restaurant sert des dîners à treize plats, les portes des chambres ont été récupérées dans un opéra démoli. Leur tentative d’adoption va être à la fois aidée et entravée par les personnes qu'ils vont rencontrer. Il y a une ancienne actrice, ancienne artiste de cirque, aujourd'hui chanteuse de l'hôtel. On croise aussi un homme d'affaires débauché qui prétend avoir déjà rencontré le mari, un barman stoïque qui distribue du schnaps au goût de lichen, et un mystérieux religieux-guérisseur.
Tout est étrange dans cet hôtel, dans cette ville. Tout ici ressemble à un songe.
Et plus le temps passe, moins le couple semble en savoir sur leur mariage, sur eux-mêmes et sur la vie.
Un roman envoûtant avec la sensation d’une livre écrit par un vieux maitre européen, un peu Stefan Zweig, un peu Italo Calvino pour donner à l'ensemble un ton plus léger et magique. L'attention méticuleuse portée aux mots et au rythme donne une lecture trompeusement facile ; trompeuse parce que vous n'êtes jamais tout à fait sûr de ce que vous lisez. Il semble presque toujours y avoir un sous-texte caché, une signification alternative aux mots auxquels vous êtes confrontés sur la page.
Magnétique et fascinante, cette lecture me laisse un merveilleux goût.
Traduit par par Catherine Richard
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