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Ce qui a pris pour l'histoire le nom de « Légende du coup de poignard » (Dolchstoßlegende) s'énonce en quelques mots.
En novembre 1918, l'armée allemande n'aurait pas été vaincue par les armées de l'Entente. Restée invaincue, elle n'aurait été contrainte de déposer les armes et d'accepter l'humiliant armistice de Rethondes qu'à la suite
du coup fatal que lui avait porté, par derrière, la révolution. Incompréhensible tant il a été apparemment rapide, l'effondrement militaire du Reich s'expliquerait par l'action de groupes d'individus agissant selon une
démarche commune pour briser la résistance du pays.
La « Légende » est d'abord un récit historique dont l'expression la plus concise pourrait être la suivante : une révolution est déclenchée le 3 novembre 1918 par la rébellion de quelques unités de la flotte de guerre ; elle
déferle sur toute l'Allemagne et culmine le 9 novembre à Berlin avec la chute de la monarchie ; le 11, l'armée accepte un armistice. Celui-ci met fin à plus de quatre années de combats et marque le terme de la longue retraite entamée en juillet, qui a certes permis à l'ennemi de se rapprocher des frontières de l'Allemagne, mais ne lui a pas permis de les atteindre les armes à la main. En d'autres termes, sans révolution, pas d'armistice, et pas de défaite.
Mais la réalité est autre. Se livrant à une minutieuse analyse, Pierre Jardin révèle l'état de faiblesse extrême auquel est parvenue une
armée allemande usée de façon irrémédiable par les offensives qu'elle a menées depuis mars. Cette usure n'est pas seulement physique, elle est aussi morale, et le mal est profond. Il démontre que défaite était inévitable, mais aussi pourquoi les militaires et les conservateurs n'ont jamais pu l'accepter et comment ils ont tenté de réécrire l'histoire.
Dès le début, la « Légende » apparaît comme un récit doté d'une fonction claire : disqualifier le régime républicain, parce qu'il serait né de la défaite et de la révolution mais surtout du « parjure » et de la « trahison» , ses fondateurs ayant voulu l'une et l'autre pour parvenir à leurs fins. À ce titre, elle est l'un des
éléments d'un discours révisionniste dont l'autre grande articulation est la négation de toute responsabilité allemande dans le déclenchement de la guerre, et donc le rejet de ce qui apparaît comme le fondement même
du traité de Versaille.
En faisant de la social-démocratie le responsable de la défaite, le commandement occultait ses propres fautes stratégiques et sa responsabilité dans le calvaire subi par son armée. Dès 1918, il préparait les conditions
d'accession au pouvoir de Hitler. Il initiait surtout une légende tenace dans toute l'histoire du XXème siècle (Dien Bien Phu, guerre d'Algérie) celle du front trahi par l'arrière.
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