À 14 ans, Emilio a survécu à une attaque terroriste et vu son père mourir sous les balles. Déscolarisé, addict aux jeux vidéo, il grandit auprès de sa mère, Serena, embourbée dans les interminables parcours médicaux, juridiques et indemnitaires liés à leur statut de victimes. Malgré sa combativité, elle s'enfonce dans l'obsession, le désespoir et la bière. La rancoeur et les loyers impayés s'accumulent.
Emilio devient un jeune homme désabusé : les prétendues aides aux victimes masquent un système qui les exclut de la société humaine. C'est inacceptable : à 19 ans, il veut agir.
Du fond de ses abîmes, Serena peut-elle voir celles qui menacent son fils - la haine, les théories du complot, la radicalisation... la violence ?
À travers le portrait sensible d'une mère et d'un fils qui ne partagent plus que la douleur, la colère et l'amour, ce roman interroge les failles de l'engagement de la société envers toutes les victimes et dessine les limites de sa compassion.
M. Thierry Vimal raconte dans « Au titre des souffrances endurées » l’enfer des victimes d’attentat. Double enfer, peut-on dire après cette lecture. Car on réalise qu’au-delà de la perte d’un proche et du traumatisme de la chair, les malheureux qui l’on vécut subissent aussi les affres d’une société qui ne veut pas savoir, et qui mesquinement met des bâtons dans les roues à la simple reconnaissance de leur souffrance.
Du point de vue du témoignage, ce livre est une réussite. Un témoignage utile sur le parcours du combattant, pour ne pas sombrer, ne pas céder, malgré l’incommensurable douleur, malgré la peine abyssale. Sur le comment continuer alors qu’un être cher n’est plus là. Sur le parcours d’une mère qui doit se battre pour elle et aussi pour son fils. Sur le parcours d’un fils qui voit son adolescence bouleversée et ne sait pas comment gérer sa peine, si ce n’est en se plongeant dans la violence exutoire et fictive des jeux-vidéos. C’est aussi un témoignage instructif sur les procédures, les avocats, les expertises et contre-expertises, les attitudes parfois (souvent) blessantes des uns et des autres, des juges, des politiques, et même des proches ou de ceux qui ont subi les mêmes épreuves et ressenti les mêmes souffrances.
J’ai toutefois été moins convaincu par la construction du récit, où la psychologie des personnages, pourtant bien explorée, n’explique pas tout à fait, du moins à mes yeux, le rebondissement final. Mais peut-être est-ce là une volonté. On ne peut pas tout comprendre, et l’on ne peut surtout pas comprendre ce que vivent ceux qui ont traversé pareille tragédie.
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