"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En ce dimanche soir d'octobre, les lumières commençaient à trouer le brouillard qui depuis les premières heures de l'aube enveloppait Londres d'un voile opaque.
L'appartement du Pr Challenger, à Victoria West Gardens, était situé au troisième étage. Une brume épaisse collait aux carreaux.
En bas, la chaussée demeurait invisible : on ne la devinait que grâce à la ligne de taches jaunes régulièrement espacées ; la circulation, réduite comme tous les dimanches, faisait entendre un bourdonnement assourdi.
Une nouvelle aventure du professeur Challenger, l'anti-Sherlock Holmes, confronté aux doctrines spiritualistes.
Paru en 1926, Au pays des brumes est l'occasion pour Conan Doyle de prendre la défense des adeptes du spiritisme.
Edward Mallone et Enid Challenger, deux journalistes, décident d’écrire un article sur le spiritisme. Et c’est avec un esprit ouvert et objectivité qu’ils réalisent leur enquête dans la vieille Angleterre auprès des médiums et qu’ils assistent à des réunions spiritistes.
Dans ce roman Arthur Conan Doyle nous pousse à nous interroger sur le monde de l’au-delà, ou plus spécifiquement sur l’existence du spiritisme ; c’est-à-dire sur l’existence possible d’un phénomène qui permettrait de « connecter » les êtres humains défunts aux vivants, avec comme intermédiaire, comme outil de communication, le médium. Mais cependant avec un parti pris notoire de l’auteur en faveur de l’existence d’un tel phénomène ; Arthur Conan Doyle ayant en effet choisi son camp, car pour ceux qui ne le sauraient pas il était un adepte convaincu des pratiques du spiritisme. Cette vision « pro-spiritisme » sera contrebalancée par la présence du professeur Challenger, un zoologiste à l’esprit rationnel, aussi célèbre qu'irascible, le sceptique par excellence, et père d’Enid la jeune journaliste.
Néanmoins plus qu’un roman sur l’existence d’ectoplasmes, Au pays des brumes est un roman qui donne un éclairage intéressant sur la façon dont le spiritisme était perçu à l’époque en Angleterre, c’est-à-dire dans les années vingt, car il retrace le débat intellectuel qui fit alors rage entre les sceptiques et les convaincus. Il est aussi intéressant de voir les figures qui prirent partis pour un camp ou pour l’autre, ainsi que l’absence de lois spécifiques qui obligea la justice à recourir à deux décrets très anciens, l’un contre la sorcellerie qui remontait à George II (mais il était devenu par trop désuet et absurde, il n’était plus invoqué que comme accessoire) et l’autre réprimant le vagabondage et datant de 1824. Ce dernier avait pour but de contrôler les gitans et les romanichels sur les routes, et ses auteurs n’avaient jamais pensé qu’il pourrait servir contre les médiums…Ainsi « Toute personne exerçant le métier de diseur de bonne aventure ou employant des procédés subtils pour tromper et abuser un sujet de Sa Majesté sera jugée pour vagabondage, etc. »
Un pays où la loi avait ainsi une vision criminelle des individus qui faisaient commerce de « don » de médium car jugés purs charlatans. En effet la loi ne reconnaissait nulle part les pouvoirs surnaturels quels qu’ils soient, et la revendication de tels pouvoirs qui s’exerçaient contre de l’argent constituait un crime en soi.
Par les nombreuses séances de spiritisme auxquelles assistent les deux principaux protagonistes, deux journalistes eux-mêmes tout d’abord sceptiques mais à l’esprit ouvert, on entre de plein pied dans un monde qui nous est fermé si l’on n’a pas eu l’envie ni la curiosité d’y entrer. On apprend alors que la possibilité d’établir une connexion entre les vivants et les morts serait une question de sphère, en sachant que le monde serait entouré de sept sphères, avec l’idée que la septième sphère, autrement appelée le septième ciel, serait le lieu où se trouve le Christ. Un lieu où « Tout le monde y monte à la fin. Vous, moi, tout le monde… »
De ces séances émergent aussi des messages. Des messages apaisants pour les communs des mortels. Ainsi il ne faut pas avoir peur de la mort car il y a une vie dans l’au-delà. L’esprit s’y élargit, élargit ses vues jusqu’à tendre vers un credo universel qui inclut seulement la fraternité des hommes et la paternité de Dieu. Les esprits illuminent quotidiennement des milliers de vies par le réconfort qu’ils apportent ; et de dire alors que le spiritisme ne s’oppose pas à la religion, mais qu’au contraire il ne ferait que confirmer l’existence de Dieu. Mais dans ce roman il y a également en filigrane des questionnements sur ce que nous avons fait de ce monde et sur la façon de vivre sa religion avec une très jolie phrase à ce sujet : « Toutes les religions sont bonnes si elles vous rendent meilleurs. »
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Ce roman de Arthur Conan Doyle est une aventure du Professeur Challenger. Ce professeur est un personnage méconnu de l’œuvre de cet auteur mais reste néanmoins intéressant.
Dans ce roman, le professeur Challenger n'est pas le personnage principal. Malone et sa fille Enid Challenger, journalistes, enquête sur l'existence du paranormal. Avec un esprit ouvert et objectif, ils partent à la recherche de médiums et d'esprits. Leur objectif étant bien sûr un article complet sur ce domaine qui peut paraître ridicule, à la réputation douteuse à cause des charlatans qui le polluent de leurs escroqueries.
De fil en aiguille, Malone et Miss Challenger sont confrontés à différents cas, et surtout à l'entêtement navrant du Professeur Challenger.
L'écriture de Conan Doyle est légère. Le roman se lit avec un facilité déconcertante. Bien sûr, des termes et des tournures de l'époque se retrouvent dans le texte mais ne sont en aucun cas gênants. Cette lecture pourrait très bien plaire à des adolescents, tellement elle est aisée.
L'histoire démarre sur une enquête des plus banales que fait un journaliste pour finalement se confronter à un homme à l'entêtement aussi puissant que l'est son intelligence. Certains passages sont comiques, d'autres agaçants. La quête de vérité de Malone et Enid face à des interventions relatives au fantastique font de ce roman un mélange savoureux entre la vieille Angleterre matérialiste et le paranormal.
Finalement, l'auteur nous propose un roman léger qui ravira les amateurs de littératures classiques.
J'aimerais bien le lire mais il ne se charge pas
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