Découvrez les critiques Pour-Contre de Sara Adrian et de Sandrine Fernandez pour Animarex de Jean-François Kervéan aux éditions Robert laffon
bonjour cool on a le même ressenti sur le livre pour l'instant bonne suite de lecture
Ne laisse pas ton cheval.' Du bout de sa cravache, Louis ramasse la bride dans l'herbe et la lui tend, sans descendre. Marie agrippe sa botte à l'étrier, son front se pose contre son genou. Elle respire. La respiration violente parcourt Louis des pieds à la tête. Sa toque serrée dégage la fourche de sa nuque où naissent les racines de ses cheveux démons. Il recule, sentant immédiatement durcir son sexe. Derrière eux éclate la zizanie des sonneurs, qui rabattent en fanfare, beuglant leur chanson : Accourez, poursuivez, brillante jeunesse. Le sanglier part entre les souches. Venez ! répond Marie en chant : Accourez, poursuivez alentour ! Ça ne peut plus durer ainsi, se dit Louis, malheureux de désir. Les sabots énervés de leurs chevaux écrasent les hyacinthes, les populages. De la cime des arbres tombent les lianes du sureau noir. Sous la nature, les trompes, tiges molles, pluies folles, elle et lui, sans rien faire, rien se dire, vivent l'or de l'instant avec à la main le temps comme un couteau.
Été 1659. À vingt ans, Louis XIV aime à la folie Marie Mancini, nièce du cardinal Mazarin. Cette passion, qui va changer sa vie et la France, n'a eu qu'un seul témoin... Un roman insolent, moderne, où la splendeur et la férocité du Grand Siècle battent dans le coeur de la jeunesse.
Découvrez les critiques Pour-Contre de Sara Adrian et de Sandrine Fernandez pour Animarex de Jean-François Kervéan aux éditions Robert laffon
Chronique Explolecteur de la rentrée littéraire
Le roman est curieux, déjà de par son titre Animarex et sa 1e partie, où il n’est quasiment pas question de Marie, mais surtout de Louis XIV contrairement à l’annonce de la 4e de couverture. On découvre, le roi de manière différente plus intime et tourmenté, on s’attache à ses sentiments et sa part d’ombre. Une sorte de malédiction plane sur lui, avec les différentes fois où il échappe à la mort.
Sa rencontre avec Marie est fortuite, imprévue. Il a du mal avec cette jeune femme qui n’est pas béate d’admiration devant lui et n’est pas comme les autres sœurs Mancini, nièce de son mentor Mazarin. Elle a une beauté sauvage d’italienne, adore Monteverdi. Elle est une grande cavalière et n’hésite pas à se moquer de lui ou l’ignorer. Ce jeu de séduction se développe dans la 2e partie et on découvre alors un Louis XIV amoureux et tourmenté car pour la 1ere fois, il est obsédé par une femme.
En parallèle à ce récit amoureux, il y a la présence de l’auteur. Celui-ci devient un personnage, un peu fantomatique, en quête d’inspiration sur le Grand siècle. On assiste à ses difficultés pour retranscrire ce couple, ses recherches, ses doutes, sa vie quotidienne. Il est caché derrière la figure du nègre de la voix du narrateur. On a une sorte de mise en abîme de l’écrivain et des affres de la création qui m’a intéressé. En outre, les réflexions sur la politique, la corruption, le pouvoir, le regard sur le peuple, sont toujours d’actualité.
La question du narrateur de l’histoire est au cœur du récit. Ce narrateur qu’on ne nous présente pas, on s’interroge sur lui : est ce l’âme du roi ? Une conscience ?qui nous conte ces moments intimes de l’auteur et de louis XIV. Cela m’a intrigué et donné envie de poursuivre la lecture pour obtenir la réponse. Le choix de ce narrateur, son ironie, son recul, sa réflexion sur l’écriture est pertinent.
On retrouve la rigueur des détails et des personnages historiques, mais aussi un style soutenu et particulier qui alterne avec un langage plus familier. Une description plus crue de la vie de château, loin de l’image policée passée à la postérité. Un roman historique atypique, l’auteur le dépoussière par ses procédés stylistiques.
Finalement, cette histoire entre Marie et Louis est très moderne, ce 1er affolement, bouleversement des sentiments et la façon de le gérer. Marie n’est pas à sa place, trop libre pour l’époque, franche dans ce monde d’hypocrisie et d’espion de la cour, fait qu’on s’attache à elle. On a l’impression d’être de l’autre côté du miroir et de découvrir le siècle du côté de l’intimité du souverain. Cette histoire est pour une fois incarnée, l’auteur donne un souffle au récit. Il insuffle de la tension, alors même que l’on connait la fin de l’histoire sans tomber dans la mièvrerie.
J’aurais aimé que la dernière partie soit un peu plus longue notamment sur l’année 1660 et le début de la construction de Versailles que l’auteur associe à cet amour. De même, j’aurais apprécié que l’analyse de la personnalité de Marie soit plus développée, connaître davantage ses pensées et l’histoire de la famille. La fin est un peu abrupte, ce qui est dommage. Une réactualisation du roman historique intéressante qui ne tombe pas dans l’écueil de l’hagiographie ou de l’autofiction. Un bon dosage que j’apprécie.
Donc partez à la découverte d’Animarex et découvrez la face intime de Louis XIV, sa folle passion et la difficulté d’écrire. Vous passerez un agréable moment suspendu, comme un songe ou un saut dans le passé qui vous fera voir le grand siècle et le roi soleil autrement.
Le rendez-vous de la page 100
#ExploLecteurs de la rentrée littéraire
Roman atypique, dès le début on se questionne qui est le narrateur ? une conscience ? une âme ? la mort ? qui passe du récit sur Louis XIV à un récit contemporain sur un écrivain et la société d’aujourd’hui.
L’écrivain personnage a mis 10 ans pour écrire un nouvel ouvrage et pense à Louis XIV, s’interroge sur l’écriture. Ce procédé est intéressant et fait des pauses au récit du roi soleil. Je trouve que ça donne une originalité à l’histoire, ce n’est pas un énième roman historique . Ce double réel et fictif est intriguant.La voix du narrateur inconnue est moqueuse, ironique, condescendante parfois.
On est bien loin de l’image d’Epinal de Louis XIV, on s’intéresse à sa personnalité, le roi soleil est présenté plutôt comme un roi d’ombre. Hanté par la mort de son père, différents accidents. L’impression de tragique domine dans un style soutenu et poétique. Jusqu’à la rencontre avec Marie Mancini en dehors des codes de beauté de l’époque. 4e nièce de Mazarin, ces rencontres atypiques avec le roi, lui permettent à la mort de sa mère de rester à la cour. J’aime cette période et j’apprécie la précision des détails, de retrouver des personnages historiques et l’ ambiance de l’époque loin de l’image fantasmée du grand siècle. Je suis vraiment étonnée de cette mise en intrigue et du rôle de cette voix. Que représente cette voix qui m’accompagne dans la lecture, que va-t-elle révéler sur Louis XIV et sa relation avec Marie ? sur l’écrivain ? Je continue l’enquête.
En 1659, Louis XIV a vingt ans et il est amoureux. Celle qui lui a ravi son coeur s'appelle Marie Mancini, elle est italienne, nièce de Mazarin, un peu garçon manqué, peu attirée par les intrigues de la cour.
Marie n'est pas le premier amour du roi. Avant elle, il y a eu Olympe, sa soeur aînée. Mais pour elle, il est prêt à tout, même à demander sa main à l'oncle cardinal. Pourtant, le roi ne s'appartient pas. La raison d'État prévaut sur les raisons du coeur. Louis doit épouser l'infante d'Espagne, il en va de l'avenir de l'Europe. Le jeune roi se résigne, sa belle retourne en Italie.
Cette histoire d'une royale passion devient sous la plume de Jean-François KERVÉAN le prétexte à un exercice de style. Ce n'est pas Louis qui raconte, ce n'est pas non plus Marie, ni même Jean-François qui n'est que le nègre du témoin privilégié de l'histoire, à savoir l'âme du roi (anima rex). Une mise en abîme qui permet à l'écrivain de se mettre en scène assoupi dans son salon parisien ! Le procédé est risqué et je n'y ai malheureusement pas adhéré. A cela, et au ton général du livre. Cette espèce d'irrévérence, de modernité poussée à l'extrême ont pesé sur ma lecture. Et même si je comprends les intentions de l'auteur qui a voulu rendre compte du tourbillon des jeunes années du roi, je suis restée hermétique à sa verve et à son style.
Le rendez-vous de la page 100 :
Dès les premières pages, le ton est donné. Ce roman historique se veut original. Pour l'instant je suis saoulée par toute cette verve qui semble forcée. On dirait du Jean Teulé en moins bien. La mise en abime avec l'écrivain qui serait le negre de la véritable narratrice me semble aussi artificiel. Heureusement que le sujet en est Louis XIV qui peut supporter une bio de plus sans en être terni. J'attends que débute vraiment l'histoire entre le roi et Marie Mancini mais pour l'instant je n'accroche pas.
Chronique proposée dans le cadre de la rentrée littéraire des Explo-lecteurs 2015 :
Animarex raconte l'idylle de jeunesse que Louis XIV a entretenue avec Marie Mancini, l'une des nièces du cardinal Mazarin. Le récit s'articule en trois parties : avant, avec, et sans Marie, et se détache des romans historiques "classiques" : le style, foisonnant et humoristique, l'en éloigne ostensiblement.
Ainsi, ce qui caractérise d'abord Animarex, c'est cette verve, cette énergie débordante de l'auteur qui ne se refuse rien : le lecteur est apostrophé, l'identité du narrateur est tenue secrète jusqu'à la dernière page, l'écrivain grimé en nègre est distingué du narrateur, et n'est là que pour exécuter sa volonté, les références se mélangent et se tissent à plusieurs siècles d'écart, la langue est riche et parfois crue; en un mot, il dépoussière la cour de Louis XIV et la déshabille de son austérité sans ambages.
Mais le récit dépasse également la truculence du style : en se consacrant à une période méconnue de la vie de Louis XIV, l'auteur nous donne à voir la confrontation de l'homme et du roi, l'inéluctable victoire du rôle sur les aspirations et les désirs de Louis. On se laisse prendre au jeu de l'amour adolescent, et la fin, brutale bien qu'attendue, nous rappelle à l'Histoire et à ce que l'âme du roi réclame d'intransigeance et, d'une certaine façon, d'abnégation.
Enfin, la connivence établie rapidement avec le lecteur rend le roman singulier : l'auteur a recours au procédé de la mise en abym, le nègre incarnant son propre rôle, et de la même manière que l'auteur est un personnage à part entière, le lecteur en est un également, auquel le narrateur n'hésite pas à s'adresser directement lorsqu'il lui sied.
Pour la lectrice néophyte que je suis en matière de romans historiques, ce roman m'a paru receler d'une bonne dose d'exotisme de par son originalité dans la combinaison d'un style très vivant et humoristique et d'un sujet grave, que j'ai davantage l'habitude de voir traité avec solennité. Ce qui en a fait, somme toute, une belle surprise! Avec le recul cependant, il me semble qu'il me restera davantage en mémoire pour son traitement atypique et son écriture que pour l'intrigue en elle-même.
Le rendez-vous de la page 100 :
Animarex nous introduit dans la cour du roi soleil, auprès d'un Louis XIV enfant puis adolescent.
Dans un style truculent, le narrateur, dont l'identité est mystérieuse, nous raconte les intrigues qui se nouent autour de lui et auxquelles il prend part.
Peu amatrice de romans historiques, les cent premières pages d'Animarex m'ont ravie, en raison principalement du style vibrant employé : les anecdotes sont truculentes, l'écriture déliée mélange allègrement le registre soutenu et le registre familier, pour donner un objet unique. L'auteur n'hésite pas à apostropher le lecteur, à mêler les références d'époque et celles du XXIe siècle, il ne se refuse rien! Pour l'instant, cela me semble fonctionner à merveille.
Le personnage de Marie Mancini vient tout juste d'être introduit, la suite devrait donc être dédiée à la relation entre Louis XIV et la nièce de Mazarin, je l'espère avec la même verve.
bonjour cool on a le même ressenti sur le livre pour l'instant bonne suite de lecture
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Merci Sara pour cette chronique qui attise la curiosité.