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Afghanes

Couverture du livre « Afghanes » de Lamazou/Dupaign aux éditions Gallimard-loisirs
Résumé:

Un pays libre, mais seulement pour moitié de ses ressortissants. Bien qu'il faille se garder de l'a priori ethnocentrique, je subodorais quelques difficultés, frisant la provocation impie, avec mon projet de réaliser des portraits de femmes dans le coin... Je me suis souvenu d'une réflexion... Voir plus

Un pays libre, mais seulement pour moitié de ses ressortissants. Bien qu'il faille se garder de l'a priori ethnocentrique, je subodorais quelques difficultés, frisant la provocation impie, avec mon projet de réaliser des portraits de femmes dans le coin... Je me suis souvenu d'une réflexion d'une jeune Berbère qui m'avait troublé, il y a vingt ans, lors d'un séjour dans le Haut-Atlas marocain : "Chez nous, le statut le plus envié en matière d'autonomie féminine est celui de veuve de guerre, car il confère, en plus d'une vraie liberté, le droit à une pension!" Ici, il n'y a pas à proprement parler de vraie liberté, et encore moins de pension, mais ce ne sont pas les veuves qui manquent. De fait, il s'avéra plus aisé de convaincre des veuves de poser pour des photos et des dessins. Ces dames me racontèrent par le témoignage de leurs destinées les vingt-cinq dernières années de conflits afghans : la veuve dont le mari fut exécuté par les Russes, celle qui perdit le sien lors d'un dommage collatéral américain, deux autres dont les époux étaient morts, l'un assassiné par les Tâlebân, l'autre tué par une roquette lors de la guerre civile; ou encore cette dernière, séparée de son homme, enfermé à Guantanamo... À mon retour d'Afghanistan, en vue de publier une partie de mes travaux dans la compilation Femmes du Monde, j'ai recherché un spécialiste de cette contrée mythique pour relire mes textes et surtout pour éviter de m'affubler ce costume de passeur de poncif qui irritait tant Claude Lévi-Strauss. J'ai trouvé ce savant en la personne de Bernard Dupaigne, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, laboratoire d'Ethnologie. Bien m'en a pris, car Bernard s'amusa, mais s'agaça aussi, parfois, des quelques fausses vérités dont je m'étais laissé aller à orner mes témoignages et dont le terreau afghan est le fréquent nourricier. Pour la composition de cet ouvrage spécifique sur mes rencontres féminines afghanes, j'ai cette fois proposé à Bernard d'éclairer mes portraits de femmes de sa connaissance "millénaire" de cette terre d'Asie centrale qu'il a parcourue en voyageur impénitent toute sa vie avec son regard acéré, curieux et scientifique.

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