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« Quelques éclats demeurent au milieu des heures profondes, en veille. Parfois une silhouette immobile se détache sur le rectangle éclairé. À quoi songent-ils, tous ceux que le sommeil fuit ? À quelle part de leur histoire, de leur mémoire, à quels absents parlent-ils en silence ?
C'est l'heure des aveux, des regrets, des impatiences, des souvenirs, de l'attente. Ce sont les heures où le coeur tremble, où les corps se souviennent, peau à peau avec la nuit. On ne triche plus. Ce sont les heures sentinelles de nos histoires, de nos petites victoires, de nos défaites.
Que racontent ces silhouettes silencieuses à la grande nuit bleue ? ».
On rencontrera ici des femmes, des hommes, des couples, des enfants, portraits intenses de vies ordinaires, tous reflets de notre humanité et de nos vacillements.
à travers ces microfictions, Gaëlle Josse poursuit cette écoute ultrasensible de nos vies qu'elle nous offre de livre en livre, au plus juste des émotions qui les traversent.
La nuit est un moment particulier de face-à-face avec soi-même. L’occasion de se plonger dans ses souvenirs, l’heure des choix et des bilans. Chacun de nous à sa nuit, ses rêves et ses réveils difficiles. Dans son nouveau livre « À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ? », Gaëlle Josse s’intéresse à ces femmes et ces hommes de tous les âges dont le point commun est d’être traversé à un moment de la nuit par une émotion lancinante.
Un père songeant à sa fille partie vivre à l’autre bout du monde, un cadre qui se retrouve découragé dans un hôtel banal, un célèbre pianiste arrêtant sa carrière car la mémoire lui fait défaut, un homme repensant à la plus belle fille du lycée.
Dans une série de microfictions, Gaelle Josse s’intéresse à des histoires, à des anonymes, à des villes, à des silhouettes, à des situations, de tous âges, ceux qui veillent alors que tout sommeille.
Il y a tout d’abord la forme : de tout petits textes, de deux à six pages à peine. Sur ce plan, ça pourrait faire penser au joli « La première gorgée de bière... » de Philippe Delerm.
Puis, il y a le style qui se distingue immédiatement par la densité de ses sujets. Dès les premières lignes, on retrouve toute l’étendue du talent de Gaëlle Josse, à commencer par sa plume si délicate, si mélancolique, si sensible et juste. Sa spécificité réside en ce qu’elle arrive à décrire des histoires banales, même de quelques lignes, pour en faire ressortir toute la poésie.
Le fil rouge de ces 34 (très) courts récits réside dans cette ambiance nocturne. Cette atmosphère si particulière, propice à l’introspection, aux doutes, aux rêveries. Un temps suspendu qui précède ou qui suit, l’heure des choix et des bilans.
C’est une formidable idée que Gaëlle Josse exploite - comme à chaque fois - avec brio, offrant un livre kaléidoscope, riche d'histoires humaines qui explore la solitude, les blessures de l'enfance, la vieillesse, la mort, l'amour et son pendant naturel, le désamour…
Un recueil délicat, sensible et poétique sur les pensées de ceux qui veillent alors que tout sommeille. Chacun retrouvera un sentiment connu, de l'angoisse à l'insomnie, du remord au deuil, de la maladie à la rupture… L’ensemble se démarque par sa justesse et sa poésie.
aëlle Josse tente de répondre à ces questions : « À quoi songent ils, tous ceux que le monde fuit? À quelle part de leur histoire, de leur mémoire, à quels absents parlent ils en silence ? Qu’attendent ils? »
Une trentaine de micro fictions, chacune est un poème de la vie quotidienne, des portraits écrits avec sensibilité et finesse.
Chaque nouvelle est touchante, l’écriture de Gaëlle Josse est vraiment une ode à l’humanité.
« Vous savez, les gens ont l’air d’aller bien, mais chacun de nous a sa nuit » Yasmine Khat
« La nuit colère, la nuit repos, la nuit ouverte, la nuit refuge » p.27
Un père songeant à sa fille partie vivre à l'autre bout du monde, un cadre qui se retrouve découragé dans un hôtel banal, un célèbre pianiste arrêtant sa carrière car la mémoire lui fait défaut, un homme repensant à la plus belle fille du lycée. Dans une série de microfictions, Gaelle Josse s'intéresse à des histoires, à des anonymes, à des villes, à des silhouettes, à des situations, de tous âges, de ceux que la nuit fuit..
Voilà pourquoi j'aime tant les livres de Gaelle Josse, grâce à sa plume si délicate, si mélancolique, si lumineuse, si légère, elle arrive à décrire des histoires banales, même de quelques lignes, pour en faire ressortir toute la poésie. Gaelle Josse prête sa plume a ceux que "le sommeil fuit" et que c'est beau !
La sensibilité de Gaelle Josse crée une ambiance réaliste, une poésie magique où on se laisse vite happer par la nuit en frissonnant de plaisir car comme chaque individu, on se raconte tous des histoires la nuit venue. Le tout entrecoupé de petites phrases au milieu d'une page immaculée évoquant la nuit. Sublime !
À quoi songent-t-ils, ceux que le sommeil fuit permet à Gaëlle Josse de rassembler une série de nouvelles autour de la nuit. Comme des instantanés à un moment donné, l’écrivaine en propose une trentaine pour explorer toute l’amplitude des situations qui illustrent ce temps arrêté souvent de solitude, où le monde s’infiltre par une fenêtre.
La problématique de la nuit est récurrente dans l’œuvre de Gaëlle Josse au point de la faire figurer dans plusieurs de ses titres. Le prologue, précis et poétique, répond à la question posée. On imagine la voix de l’écrivaine la lire à notre oreille.
Sa démarche s’illustre dans cet extrait » Nos nuits éveillées parlent d’étreintes, d’une silhouette évanouie, d’un geste retrouvé, de solitudes accrochées à notre cou, de voix murmurées, de la couleur d’un mur sur une île saturée de lumière, d’une phrase recopiée de carnet en carnet, de l’attente d’un appel, d’un mot qui n’a pas été dit, d’un prénom qui nous hante encore.«
Ses saynètes font le lien avec notre propre mémoire. Toutes ces nuits de solitude où la vie s’est construite autour d’une décision, d’une compréhension, d’une peur à apaiser, de chagrins à étancher, d’un corps à apprivoiser, d’une peau à découvrir et des mots à trouver.
Gaëlle Josse les attrape et les offre en quelques lignes qui viendront toucher notre mémoire et retrouver un souvenir, illuminer notre corps de ce retour d’émotions qui nous avait marqués.
Une trentaine de situations autour de l’obscurité, souvent à l’intérieur de maisons, où la fenêtre symbolise le lien avec le monde. La nuit est le moment où la voix intérieure reprend sa place, où le chuchotement s’impose même dans une boîte de nuit, et où enfin, les masques tombent pour mettre à nu notre soif de vivre, même si la mort rôde.
Quelqu’un quelque part …
Avec beaucoup de poésie et de pudeur, Gaëlle Josse décrit les moments nocturnes où la vie est au cœur de nos préoccupations. Les derniers instants d’amour d’un homme avec sa femme mourante, une femme âgée qui attend les signes de vie dans la rue vide, la première nuit d’un couple dans leur nouvel appartement.
La vérité de nos engagements, même si ce n’est que pour une minute, est plus intense dans l’obscurité du monde. Gaëlle Josse immerge au cœur de la fin de la carrière d’un grand pianiste, au moment où un homme se retrouve de nouveau père, ou à l’instant où une jeune femme remporte la sélection pour un rôle, même secondaire.
Mais, Gaëlle Josse ne contourne pas les peurs, les cassures et les souffrances. Elle imagine un chirurgien commettant une erreur banale ou nous emmène auprès d’un enfant terrifié, blotti au fond du lit.
L’écrivaine se met elle-même en scène, reprenant son stylo, un soir de dédicace dans sa chambre d’hôtel, en confiant son besoin de se recréer un monde, celui des mots. « Peut-être écrit-elle ce lieu, aussi, celui qu’elle habite en rêve, là où les champs de blé viennent caresser la mer. »
Pour conclure
Venue à l’écriture par la poésie, Gaelle Josse apporte sa sensibilité à saisir l’ambiance de nos vies. Étudiés à l’école, ses textes sont devenus presque des classiques et sont traduits dans plusieurs langues.
En quelques lignes, en quelques mots, ses microfictions créent un monde où l’ambiance est posée, l’attention captivée, l’émotion libérée. Comme dans ses romans, l’intensité romanesque est préservée, malgré la concision. De l’exercice littéraire qu’elle s’est imposé, Gaëlle Josse révèle, avec sensibilité, tout son talent.
C’est varié, bien croqué et terriblement réaliste ! Semblables aux stories sur internet, les histoires s’énoncent. Comme un air familier, la phrase poétique les distingue. Elles sont toutes différentes mais captent une situation réaliste, issue de l’expérience de chacun. Et, puis, une autre, encore et encore. On ne peut s’arrêter qu’à la fin. Encore une réussite !
À offrir pour ceux qu’un roman effraie !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/02/08/gaelle-josse-a-quoi-songent-ils/
Gaëlle Josse nous offre ici une trentaine de récits courts entrecoupés de petites phrases évoquant la nuit. Ce moment est un leitmotiv dans plusieurs des histoires racontées et un lien, un fil rouge, tissé entre ces microfictions.
La nuit est un moment particulier de face-à-face avec soi-même. On pense à des souvenirs, on est habité par des histoires, on voit vivre des personnages. Ce sont quelques-uns de ces personnages que l’autrice va nous présenter.
La nuit est un motif souvent présent dans l’œuvre de Gaëlle Josse et ressurgit dans certains titres : L’Ombre de nos nuits, La Nuit des pères. Les interrogations du texte liminaire « À quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit ? À quelle part de leur histoire, de leur mémoire, à quels absents parlent-ils en silence ? Qu’attendent-ils ? » étaient déjà des questions posées par Isabelle dans La Nuit des pères : « Je t’ai regardé monter les marches jusqu’au palier de l’étage, ta silhouette mince à peine voûtée, et la porte de ra chambre que tu as refermée sans bruit. Vers quels paysages es-tu parti, mon père ? De quoi sont faits tes songes aujourd’hui ? Et la nuit, dis-moi, et la nuit ? »
Dans cette ambiance nocturne, on découvre une galerie de personnages très différents les uns des autres : un père isolé qui aimerait recevoir un appel de sa fille qui vit à 7h de décalage ; un pianiste qui vit son dernier concert parce qu’il sent qu’il est temps pour lui d’arrêter ; un chirurgien qui perd un patient lors d’opération bénigne ; un enfant qui entend une énième dispute de ses parents et qui essaie de se terrer au fond de son lit ; une comédienne qui vient d’apprendre qu’elle va jouer le rôle d’Ismène au théâtre ; un homme qui vit les derniers instants de son épouse en lui tenant la main…
Au départ, j’ai trouvé la brièveté des textes un peu frustrante mais, petit à petit, je me suis habituée au format de ces histoires qui abordent de nombreux thèmes et qui parlent de tous les âges de la vie : l’enfance, l’adolescence, la vieillesse ; les amours qui débutent, celles qui s’achèvent, celles qui auraient pu avoir lieu ; des sujets difficiles comme le suicide, l’inceste, la fin de vie. Après les avoir lues les unes à la suite des autres, j’y reviendrai cette fois-ci en les savourant plus lentement.
J’ai beaucoup aimé le récit de l’autrice en tournée pour son dernier livre et la mise en abyme du travail d’écriture. La nouvelle se conclut par ces mots : « Elle écrit. J’écris » et j’espère que Gaëlle Josse va continuer ce « travail obscur de sourcière » encore longtemps car quel bonheur de la lire ou de l’écouter ! Elle trouve toujours les mots justes, ceux qui décrivent si bien ses semblables, ceux qui sonnent si bien à notre oreille. Je conclurai donc cette chronique par deux de ses si jolies phrases : « Elle écrit ce qui se tisse sous sa main, ce qui demande à venir. Elle écrit un morceau de nuit traversé d’un vol d’oiseau, d’un trait de lumière. »
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