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Adrénaline fois mille !
« Michel-Ange passa trois mois dans la contemplation des six mètres de hauteur d’un colossal bloc de marbre »
Le prologue donne le ton.
Voici un thriller coréen digne d’un film en version 3D. D’emblée on aime l’ambiance. L’idiosyncrasie coréenne et la trame grand écran. Nous sommes en plongée dans une histoire plausible, frénétique au suspens subtil.
« Le film volé » sous ses allures caustiques dénonce un phénomène qui n’est malheureusement pas si rare, celui du plagiat. Se.Dong.Sue est du côté ville professeur dans une faculté de Séoul. Il enseigne à ses élèves beaucoup plus méritants que lui, les diktats cinématographiques . Comprendre un scénario, écrire des synopsis, aller jusqu’au bout de soi-même et plus encore. Côté cour cet anti-héros a réussi une seule fois dans sa vie un scénario qui a eu un vif succès. Mais voilà, le noir l’emporte. L’inspiration n’est plus et il devient le mouton indésirable des nantis du cinéma. Il en devient aigri, jaloux et méprise ses élèves. Néanmoins il est malin comme un singe et sournois. Le récit est brillant, de haute voltige, un crescendo hors pair jusqu’au mot FIN.
Attachez votre ceinture, l’évènementiel devient palpitant.
De nombreuses références cinématographiques, des notes en bas de page encensent « Le film volé ». Nous sommes en plongée dans un polar contemporain au corpus artistique et psychologique qui n’a rien a envié à ses grands frères et pour cause. Du grand art !
Il faut dire que Seo.Dong.Sue est l’emblème même de l’homme en faillite, en déroute et qui va par tous les moyens tricher pour retrouver un semblant de notoriété. D’aucuns croient à ses manœuvres vils. « Le film volé » c’est Andante Cantabile. On aime d’emblée ce titre, celui qui l’a composé avec fièvre et ténacité. Et pourtant, ce dernier n’en saura rien et pour cause. « La vie , c’est du cinéma. La mort, moins. »
Ce thriller mené d’une main de maître dénonce les mouvances intestines, les vols intellectuels. Il pointe du doigt là où ça fait mal : les manipulations et les emprises, la déloyauté et les faiblesses humaines. On ressent un auteur : You Sun-Dong habitué du septième Art. « Le film volé » en devient majeur. On a la vive impression d’un réalisme qui fait froid dans le dos tant tout peut advenir immanquablement. C’est une sacrée réussite.
« Apprendre à toujours se méfier » comme le disait Prosper Mérimée. Ce livre appose aussi son sceau de morale. On assiste à la chute de ce lâche qui, en fait, est en déroute dans sa propre vie, dans l’emprise de ses mensonges et duperies.
« Oserais-je l’avouer ? C’était LE film que j’avais toujours voulu écrire, celui que je n’avais jamais réussi à écrire. »
Traduit du coréen à la perfection par Han Yumi et Hervé Péjaudier, publié par les majeures Éditions Matin Calme.
A noter : « Le film volé » est écrit par le scénariste de Demon Catchers actuellement sur Netflix.
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