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L'auteur, Michael Ward, chirurgien et alpiniste, fut le médecin de l'expédition britannique de 1953 qui écrivit la plus belle page de l'histoire de l'alpinisme mondial, Edmund Hillary et Tensing Norgay atteignant le sommet le plus haut de la planète, après trois décennies de tentatives avortées.
L'ouvrage de Michael Ward se veut très didactique pour tout ce qui concerne l'Everest et plus globalement les régions de l'Himalaya. Il retrace dans une première partie l'historique de la découverte de contrées peu accessibles et peu ouvertes aux étrangers par des explorateurs avides de cartographier ces étendues vierges.
Pour l'Empire Britannique bien implantée dans cette partie du monde, l'idée fait son chemin de gravir le géant et de boucler la conquête des extrêmes terrestres après celle des deux pôles. Dès 1921 une première reconnaissance est effectuée sur le versant nord en territoire tibétain, le Népal au sud étant inaccessible. La première expédition pour le sommet suit en 1922, puis Mallory et Irvine entrent dans la légende en 1924 en disparaissant de la vue de leurs compagnons au-dessus de 8000 mètres lors d'une tentative malheureusement sans retour, devenant l'objet d'une discussion sur la possibilité – peu probable - qu'ils aient atteint le sommet.
Les années 30 voient pas moins de 4 tentatives et reconnaissances, le conflit mondial y mettant un terme sans qu'aucun alpiniste n'ait pu fouler le toit du monde, ni aller au-delà des 8572 mètres d'Edward Norton en 1924.
Après guerre le Tibet se ferme et le Népal s'ouvre. Il faut pour les Britanniques trouver de nouveaux itinéraires sur le versant sud. Michael Ward participe à ce travail indispensable en puisant dans les archives de cartes et photos aériennes.
Dans le même temps de nombreuses personnes dont l'auteur essayent de comprendre le problème des 300 derniers mètres et d'arbitrer la guéguerre sur l'utilisation de l'oxygène que se livrent partisans et opposants.
Les deux tentatives des Suisses, qui en 1952 obtiennent le droit de rêver à l'exploit mais ne font pas mieux que les expéditions d'avant-guerre, confortent les Britanniques dans leur projet en cours depuis 1951 sous la direction du docteur Griffith Pugh, et leur objectif d'identifier et d'étudier très sérieusement, sous un aspect scientifique - technique, physiologique et médical -, ce qui empêche une équipe d'alpinistes de haut niveau avec une organisation quasi irréprochable de franchir ces 300 derniers mètres d'altitude.
L‘auteur fait une analyse complète et détaillée de toutes les étapes ayant abouti à l'expédition victorieuse de 1953, permettant de mieux cerner le cheminement de la réflexion et de la prise de conscience d'hommes ne voulant plus laisser de place à l'amateurisme et à l'improvisation, pour se donner le maximum de chances de réussite en suivant un programme scientifiquement établi le plus large possible : sur l'utilisation la plus efficace de l'oxygène avec des appareils parfaitement adaptés, la protection contre le froid et le vent avec des équipements minutieusement sélectionnés, le maintien en bonne forme de tous avec des règles d'hygiène strictes, des régimes alimentaires appropriés et une attention particulière à l'hydratation.
L'ouvrage a les défauts de ses qualités, une description très détaillée impliquant forcément beaucoup de noms de lieux ou de personnes, et beaucoup de dates. La première partie axée sur les découvertes des régions himalayennes et leur cartographie m'a semblé un peu indigeste. Toutes les reconnaissances nécessaires aux différentes expéditions sont également peu captivantes, il est compliqué de s'y retrouver dans tous ces noms de sommets, de vallées, de glaciers, et de cols.
Les diverses tentatives et leurs destinées variables, parfois dramatiques, sont nettement plus intéressantes. L'aboutissement final de 1953 est bien mis en valeur, après un chapitre très technique mais passionnant sur les études et tests effectués dans le but de vaincre les mystères des derniers mètres du plus haut sommet du monde.
L'originalité de l'ouvrage de Michael Ward - que je conseille aux passionnés de haute montagne, d'aventures humaines, et aux curieux de nature – est de mettre en avant comme principale explication de la réussite de l'expédition britannique l'implication des scientifiques de la Royal Society et du Conseil de Recherches Médicales qui a permis de résoudre les problèmes d'extrême altitude, donnant enfin à de talentueux grimpeurs la possibilité de réaliser un authentique exploit, quelques jours avant le couronnement d'Elisabeth II.
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