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Lorsque les Éditions Hashtag m’ont contactée pour me proposer un service presse, je n’avais pas eu encore connaissance de l’existence de Volodymyr Volodymyrovych Vakoulenko, Володимир Володимирович Вакуленко. De sa mort, encore moins. Son prénom me laissait penser qu’il était ukrainien. Soldat, écrivain, papa d’un garçon, Vitaliy, il est en dernier lieu devenu diariste et héros de guerre, celui que les Éditions Hashtag ont eu à cœur de célébrer la mémoire. D’autant que l’homme a été tué en tout début de guerre et qu’il n’a eu le temps ni de faire les adieux à son fils, ni de s’étayer davantage par écrit, l’ouvrage compte une centaine de pages dont la moitié est composée des commentaires des divers intervenants dans la confection de ce corpuscule. Évidemment, ce témoignage posthume est fort, ne serait-ce que parce que l’homme laisse derrière un fils autiste, dont s’occupe la grand-mère aujourd’hui. Que sa mort, il l’a sentie venir, lorsqu’il a effacé tous les contacts de son téléphone, et qu’en deux mois de guerre, il a œuvré à quelque chose de grand, qui l’a fait entrer dans la mémoire de l’histoire de son pays.
D’abord une introduction de Victoria Amelina, Вікторія Амеліна, écrivaine ukrainienne. Lors de l’invasion russe en février 2022, elle s’est consacrée « à la documentation des crimes de guerre russes, notamment avec l’organisation ukrainienne de défense des droits de l’homme Truth Hounds ». Elle est décédée à la guerre, également, lors d’une frappe de missile russe en juin 2023 sur Kramatorsk, et son introduction posthume est, quelque part, le testament qu’elle nous laisse aussi : Victoria Amelina est celle qui a permis de retrouver le journal enterré sous terre près d’un arbre, le 23 mars 2022, dont la silhouette illustre la couverture. Le texte de l’autrice ukrainienne a son importante, car il rappelle que l’attaque des russes, militaire d’abord, symbolique d’autre part, fait écho à d’autres évènements semblables de l’histoire du pays, la Renaissance fusillée, le Holodomor, l’auteur Mykola Khvyliovyy, les soixantards…
Volodymyr Vakoulenko, c’est Volodymyr Vakoulenko-K, K du nom de son village natal Kapytolovka, assiégée par l’armée russe le 7 mars 2022, l’auteur ukrainien en première ligne pour observer depuis sa maison, qui se situe justement à l’entrée du village, comme témoin privilégié des événements. Trente-six pages de journal, rédigé au stylo, l’ordinateur dépourvu de toute charge, un premier et unique jet, quelquefois hésitant où les ratures démontrent de l’envie de l’auteur à trouver le bon mot, à l’allant des événements, rythmés par les faits de l’ennemi russe. Les Éditions Hashtag, dans le respect à l’auteur, ont été jusqu’à reproduire les carreaux du cahier de Vakoulenko.
Première remarque, le journal s’ouvre sur une fin février 2022 glaciale, au paysage encore en hibernation, sans soleil ni fleurs, juste avant l’invasion de ce qu’il nomme les Rascistes, mot-valise éloquent qui contracte Russie et racistes. On aperçoit de suite les couleurs, bleu et jaune, du militant pro-ukrainien, on constate les préoccupations premières du père d’un enfant autiste qui ressent cette guerre de façon encore plus violemment, et qui par reflexe d’autoprotection, s’est enfermé dans le mutisme de son moi intérieur.
Autre remarque : son récit pointe l’isolement progressif qui les entoure, d’abord l’ordinateur, ensuite le cellulaire, puis le réseau, résultant en un manque total de communication, où Vakoulenko ne savait plus rien ni de ses voisins encore moins de l’extérieur. Seule communication possible, celle, contrainte, avec le soldat russe.
C’est le premier témoignage de guerre que je lis, Volodymyr Vakoulenko n’était pas engagé dans l’armée, il n’était pas dans les tranchées au front, il fut malgrè cela un soldat fidèle et engagé, les Russes ne s’y sont pas trompés, c’est pour cela qu’ils sont venus le débusquer par deux fois chez lui. L’enfant a eu la vie sauve, on ne sait pas trop par quel miracle, au prix de la vie de son père, probablement. Le journal de Vakoulenko m’a également appris une chose à laquelle on ne pense pas forcément, celle derrière l’idée préconçue que tous les citoyens d’un pays envahi sont obligatoirement des patriotes purs et durs, des Volodymyr Vakoulenko. Ici, il ne faut voir aucune critique, je n’ai jamais vécu dans un pays en guerre, je n’ai aucune leçon à donner. C’est une chose qu’il évoque dès le début et dont il parle à plusieurs reprises : les délateurs.
Patriote convaincu, pacifiste dans l’âme, homme généreux, de ce journal il ressort que Volodymyr Vakoulenko croyait fermement en la victoire de son pays, qu’il ne voyait que par le prisme du don de soi, en premier lieu à son fils, comme héritage ultime. De ce qui fait aujourd’hui de la grandeur de cet homme, de celle de Victoria Amelina, et de tous ceux qui y ont laissé leur vie. À la différence du président de Russie qui prend la question très personnellement, tout comme ce qu’il n’a jamais accompli....
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