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Voici une dystopie que je ne peux que vous recommander, ayant apprécié cette histoire de retour à la terre et à la nature. Une histoire rendue possible par le départ des Hommes pour Mars, laissant à la nature le possibilité de se régénérer et aux animaux de s’épanouir, de (re)prendre leur place et de, libérés du joug des Hommes et de leur cruauté, vivre en liberté.
S’est créée et développée une société pacifiée avec ses propres règles et ses propres limites. Ainsi, si tuer est permis, la seule raison légitime pour le faire est de se nourrir ! Cet équilibre est néanmoins menacé par l’arrivée d’un vaisseau avec à son bord deux humains, une femme et un homme. Alors que cela est interdit, Nyelle, une lycaonne, s’approche d’eux, ce qui la conduira à être exclue de son clan… Une situation injuste et cruelle qui ne l’empêchera pas de veiller sur ces deux humains, la lycaonne refusant de condamner des individus pour le mal commis par leurs ancêtres.
D’emblée, j’ai été immergée dans ce monde dominé par les animaux, qui ont développé une manière d’être au monde bien plus juste et humaine que la nôtre. Toutefois, il n’y a pas que les êtres humains qui sont capables de jalousie, de peur et de haine comme le découvriront Nyelle et ses nouveaux amis. À cet égard, l’auteur suscite d’intéressantes questions et réflexions d’ordre presque philosophique. Peut-on condamner une espèce entière sur la base de ce que certains de ses représentants ont fait par le passé ? Est-il réellement acceptable de recourir aux méthodes de ses ennemis ancestrales, ou cela ne relègue-t-il pas les personnes qui s’y abaissent au même rang que ceux qu’elles méprisent ?
J’ai trouvé intéressant que la très sage Nyelle refuse de tomber dans le piège de la peur, de l’ignorance et de la méfiance. Elle fera montre de bienveillance alors même que celle-ci lui coûtera beaucoup ! Au lieu de condamner, elle accompagne et aide nos deux humains dans cette nouvelle vie pour laquelle ils ne sont taillés ni physiquement ni psychologiquement. Mais de fil en aiguille, la nature semble reprendre ses droits sur ces deux êtres dont on suit l’évolution avec une certaine fascination mêlée de crainte.
Avec un naturel étonnant qui rend le scénario crédible, Patrick Mallet inverse le processus de l’Évolution, amenant ses personnages vers une régression qui est finalement synonyme de libération et de pleine réalisation. Sur Mars, nos deux humains étaient déconnectés d’eux-mêmes, mais ils trouvent enfin sur cette Terre gâchée par les Hommes, mais ressuscitée par les animaux, le sens de la vie et une manière d’appartenir à la Terre sans la ruiner.
En plus des quelques références à la Bible qui s’incorporent étonnament bien à ce récit, j’ai apprécié la présence des Gardiennes, sorte de manifestation de la nature apparaissant en cas de danger. J’aurais adoré en apprendre plus sur ces entités que les animaux considèrent avec beaucoup de respect et de déférence, mais l’aura de mystère qui plane autour de ces dernières les rend encore plus intéressantes. D’autant que cela rappelle que la genèse de ce nouveau monde n’a pas besoin d’être connue dans les moindres détails pour en apprécier les concours et la manière dont les animaux ont réussi à s’y épanouir.
En conclusion, en plus de son originalité et du scénario sans fausse note de Patrick Mallet, Terra Animalia peut s’appuyer sur les illustrations vives et vivantes de Tom Tirabosco. Ce dernier donne corps et vie avec beaucoup de talent à cette nature foisonnante, mais pas sans danger, dans laquelle nos personnages évoluent. Une BD qui nous offre un retour aux sources et à la nature que je vous recommande chaudement, que ce soit pour les réflexions soulevées par l’histoire, ou la vision d’une Terre différente dans laquelle l’Homme n’est plus l’élément destructeur mais un élément qui a su s’adapter pour vivre avec et non vivre aux dépens de…
Avis publié également sur https://lightandsmell.wordpress.com/2024/08/30/terra-animalia-tom-tirabosco-et-patrick-mallet
Quand la bande dessinée se met au service de l’Histoire, c’est un plaisir décuplé pour le lecteur qui a soif de savoir et d’explorer toujours davantage des sujets méconnus ou à peine effleurés.
"Kongo", par la magie du dessin très fouillé de Tom Tirabosco et des textes de Christian Perrissin, nous emmène en Afrique, sur ce fleuve Congo, que le jeune Jósef Teodor Konrad Korzeniowski rêve de découvrir. Celui qui deviendra un fameux écrivain sous le nom de Joseph Conrad, est né en Ukraine en 1857 dans une famille d’origine polonaise. Il prendra la nationalité britannique en 1886.
C’est quatre ans plus tard qu’il part pour l’Afrique, en tant que capitaine de la marine marchande, pour prendre le commandement d’un vapeur de la compagnie d’Albert Thys. Il parle couramment le français et c’est un atout de plus.
Korzeniowski, comme on l’appelle souvent pendant son périple, est vite choqué par l’attitude de ses congénères européens qui traitent les Africains comme des bêtes taillables et corvéables à merci. Le commerce de l’ivoire bat son plein. Au fil des pages, nous découvrons toutes les perversions apportées par les Européens, la vie des autochtones ne valant presque rien.
La maladie oblige Joseph Conrad à rentrer à Bruxelles puis à Londres pour se faire soigner. Non seulement, il n’arrive pas à retrouver du travail mais la maladie le ronge et l’oblige à se consacrer essentiellement à son œuvre littéraire. Il écrit alors de nombreux romans, jusqu’à sa mort, en 1924. Parmi ceux-ci, c’est Au cœur des ténèbres qui a inspiré les auteurs de "Kongo".
De plus, Tom Tirabosco et Christian Perrissin ont eu l’excellente idée de compléter la bande dessinée avec un récit très documenté qui permet bien de comprendre tous les enjeux commerciaux et politiques de cette époque.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Kongo, où la genèse d'un des livres majeurs de Conrad, Au coeur des Ténèbres.
Cette BD relate le voyage de l'écrivain en tant que capitaine d'un bateau sur le fleuve Congo. Il y va pour réaliser un rêve d'enfance. Il ne va connaître que désillusions en touchant du doigt ce qu'il y a de pire dans l'être humain, avec des personnages qui sont à la frontière de la folie.
Le scénario nous permet de retrouver l'ambiance du livre de Conrad, avec ue atmosphère assez pesante. Les dessins, en noir et blanc, rajoute à cette lourdeur.
A ne pas manquer de lire également les 3 dernières pages de documentations pour bien comprendre le contexte de l'époque tant pour le Congo que pour Conrad. Belle réussite.
Józef Teodor Konrad Korzeniowski vient réaliser un rêve d'enfant : vivre l'Afrique équatoriale , descendre "la grande rivière, fascinant long serpent". Il n'y vivra que désillusions parmi des contrebandiers sans scrupules. Il en reviendra brisé, malade et se consacrera alors à l'écriture sous le nom plus connu de Joseph Conrad. Un bel album noir et blanc - bien sûr - où la bonhommie d'un trait naïf peine à faire oublier le sordide et l'abominable.
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