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« Et, comme les parents des enfants que je recherche, j'ai aussi perdu cette petite étincelle dans le regard. Je tournai sur ma chaise et levait les yeux vers eux. Ceux que je recherchais. Leurs visages couvraient un panneau entier sur le mur, derrière moi. Chaque espace était occupé, le moindre recoin."
"Ouah" et "ouf" me dis-je en refermant ce thriller anglais, et non pas une contraction de ces deux onomatopées qui me ferait passer pour un toutou à sa mèmère. "Ouah", parce que Tim Weaver m'a emmené très loin des thrillers communs pleins de tueurs en série et d'hémoglobine. "Ouf", parce que tard dans la nuit j'allais enfin pouvoir éteindre la lumière : difficile de quitter ce bouquin lorsqu'on est à cent pages de la fin. Ceci étant, une fois fini, tard dans la nuit donc, le sommeil ne sera peut-être pas exempt de quelques images fortes, voire de cauchemars. Pourtant, tout commence plutôt sobrement et lentement : la recherche d'un homme porté disparu depuis 6 ans et reconnu comme mort depuis un an. Mais très vite, David se heurte à des secrets : une société secrète, mystérieuse serait derrière cette disparition. La tension monte, à tel point qu'on se demande pourquoi David persévère : "Je restai figé sur place, sentant l'incertitude couler dans mes veines. Je me sentis oppressé, une sensation que j'avais déjà ressentie avant, dans les semaines qui avaient suivi la mort de Derryn. L'impression d'être au bord d'un précipice et de regarder le sol se dérober sous mes pieds. Mais quand j'aperçus mon reflet dans la vitrine d'un magasin, je compris à quel point cette affaire avait donné un sens à ma vie. J'avais retrouvé mon énergie. Et je compris que si je voulais continuer à aller de l'avant, je devais le faire. Il fallait que je franchisse le pas." (p.134)
Le suspense monte du début à la fin, maîtrisé, terrible pour finir sur des pages haletantes, prenantes. Loin d'être spécialiste du thriller, j'avoue avoir été pris quasiment de bout en bout (j'ai commencé ce bouquin un week-end, en même temps qu'un virus gastro-grippo-bizaroïde qui m'a cloué à la maison trois jours durant ; profitable pour la lecture et le régime ; il faut voir le bon côté des choses, mon éternel optimisme !). Le personnage de David Raker n'est pas mal travaillé, on entre en lui (c'est le narrateur-première personne); on devine ses pensées, ses craintes, ses doutes. Quelques réserves quand même sur David qui ne vit quasiment plus sans feue son épouse en tête (mais bon, c'est aussi elle qui le fait avancer), procédé un peu répétitif et surtout sur les coups qu'il se prend dans le final qui m'évoquent inévitablement les films d'action états-uniens dans lesquels les gros bras se castagnent et sortent à peine essoufflés et amochés. Certes David l'est, amoché, il passera plusieurs jours à l'hôpital. Mais un centième de ce qu'il endure suffirait à me tuer, moi homme "normal", mais j'ai quand même mon virus qui me diminue, parce qu'habituellement ... . Je me dis que c'est le genre qui veut ça, et puis, le reste est quand même très bon, donc je passe allègrement sur ces détails. D'ailleurs il a intérêt à être bon le contenu, parce que les livres MA Éditions sont assez austères : mise en pages dense, pas de chichi ; le minimum syndical du lecteur. Heureusement, le livre de Tim Weaver est largement dialogué, ce qui aère un peu les pages.
En quatrième de couverture, il est précisé que ce roman "est le premier volume d'une trilogie axée sur le personnage de David Raker, un homme qui recherche des personnes disparues". Si les autres sont du même acabit, je prends.
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