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1939 Cerbère, la frontière entre la France et l’Espagne. Des tonnes d’oranges pourrissent dans les wagons d’un train de marchandise.
L’explication à cela, une raison technique. L’écartement des essieux entre les chemins de fer espagnols et français est différents. Les trains d’un pays ne peuvent pas circuler sur les rails de l’autre et vice versa.
En cas d’échanges commerciaux entre les deux pays, les marchandises doivent être, sur le même quai, transférées d’un train à un autre. Cela se fait en gare de Cerbère.
Et quelle population précaire et corvéable à merci se charge de cette tâche harassante ? Les femmes ! Mais celles-ci ont cessé le travail.
Parmi elles se trouvent Montserrat, Llucia, la Mousseigne, des femmes belles, fortes et surtout très déterminées.
Il faut dire que la fin de la Guerre d’Espagne a changé la physionomie du village. Les Républicains espagnols affluent pour passer la frontière, c’est le début d’un long exil pour eux.
Les portes se ferment. Franco est au pouvoir et les conséquences vont dorénavant se faire sentir en France.
Le Grand Hôtel s’est vidé de ses touristes. Seul y a élu domicile le peintre José Luis Villalobos, qui a entrepris de peindre une fresque sur un des murs pour y représenter la beauté d'un monde qui court à sa destruction.
Sa solitude est brisée par un homme tombé face contre terre, épuisé par sa trop longue marche.
Carles Bartomeu Altaio, après avoir subi la défaite des Catalans face aux troupes du Caudillo, a décidé lui aussi de fuir le régime franquiste.
Mais il n’est pas le seul à chercher un refuge. Walter Berman est un anarchiste juif allemand. Et lui ce sont Hitler et Staline qu’il est obligé de fuir.
Un village frontière, un hôtel de luxe, des femmes, des hommes, des réfugiés qui affluent alors que la guerre va bientôt envahir l’Europe.
Le regard, les mots et les dessins de Thomas Azuelos nous entraînent dans Toute cette beauté du monde, alors que le monde s’écroule.
Des hommes et des femmes prêts à tout pour résister, quitte à fuir pour sauver leur vie et celle des autres.
Un album fort de sens qui ne peut que nous inciter à réfléchir sur la nature même de l’Homme et celle de ses combats.
Inna est journaliste puis est engagée par la mairie. Est-elle un pion du système ? Peut-elle se rebeller ?
Ce monde est complexe, la pauvreté des étudiants catastrophique, beaucoup de filles doivent se prostituer pour accéder aux études. Inna cherche à combattre cette prostitution alors même que sa meilleure amie est dedans. Tout le monde trempe de près ou de loin, rien n'est blanc, rien n'est peut-être noir non plus. Peu de réjouissance là-dedans, mais une Inna qui cherche à réveiller les consciences de ces faits établis et connus.
Alors bien sûr on voudrait en avoir plus, en connaitre plus sur toutes ces actions, ce monde etc …
Une Ukraine qui est loin d'une version idyllique, mais où l'on sent la réalité de la vie, la dureté d'une liberté et démocratie acquises et fébriles.
A l'heure du chaos dans ce pays .. Beaucoup de questions restent en suspens et bien malin qui peut imaginer avec précision ce qu'il adviendra de tout cela. Un monde meilleur ? Vivement que cela commence. Mais faudrait démarrer par la fin de ces atrocités pour commencer. Vite !
L'histoire commence à Kherson en 1996. On y vit les premiers moments de cette jeune fille nommé Inna Shevchenko, que maintenant tout le monde connait et dont tout le monde a une opinion. Oui on parle bien de la leader féministe des Femen.
On est dans l'Ukraine post soviétique, qui essaie de trouver sa liberté, sa démocratie, difficiles concepts dans un monde gangréné par la corruption, les astuces des uns ou des autres pour tenter de se débrouiller au jour le jour. Tout cela sans que l'école ne puisse déceler quoi que ce soit. Sinon on est surveillé et la vie devient compliquée, voire bloquée. On y parle aussi de révélation, de prostitution, de conviction pour rendre le monde meilleur, pour que la démocratie et la liberté ne soient pas que des utopies.
C'est une BD remarquable, intéressante, qui éclaire sur ce pays en pleine révolution Orange, alors même que la guerre avec la Russie fait encore rage actuellement, un an après … qui eut pu deviner une telle catastrophe à cette époque.
Les Républicains espagnols fuient leur pays soumis par Franco. Certains tentent de passer la frontière par le rail et Cerbère, juste après la frontière, est leur premier point de chute.
On y trouve Montserrat, une orangère - ouvrière des oranges -, lumineuse jeune femme à la tête de la révolte des ouvrières et impliquée dans des missions de résistance. Et José, un peintre alcoolique à la recherche de la beauté, égaré dans le grand hôtel local qui semble servir de refuge aux fuyards républicains.
Carles est l'un d'eux. A son tour, il va recueillir Walter, philosophe sous morphine, et sa sacoche précieuse. Ces personnages se croisent, s'évitent, que cachent-ils ? Quel rôle jouent-ils ? Chacun pose un regard sur le conflit qui approche, sur les hommes et leur tendance à la guerre... Que va t-il rester ? Où est la beauté du monde ?
Dès les premières pages, j'ai été comme envoûté par le dessin de Thomas Azuélos. Un personnage féminin qui irradie, qui aimante le lecteur, un dessin sobre, où le noir est omniprésent, le vert et le jaune étant les seules couleurs vraiment visibles.
Un peu dérouté par la dernière partie - mais qui m'a permis d'en savoir plus sur la présence russe en Espagne à cette époque - je reste sous le charme de Montse et d'un univers graphique qui monte en intensité, comme l'orage qui annonce l'inévitable.
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