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Il est toujours difficile de chroniquer un livre avec lequel on n’a pas accroché et je vais essayer d’en donner les raisons. Je n’ai pas réussi a entrer dans cette histoire d’amour complexe entre une icône, passionaria antisoviétique et un exilé français aux Etats-Unis dans le quartier russe de Brooklyn. On sait que les années 1990 ont été marquées par la chute des régimes communistes européens du bloc de l’Est et celle de l’URSS, ce qui a profondément marqué le paysage politique mondial. On sent que l’auteur maîtrise parfaitement son sujet. J’ai eu beaucoup de mal a m’attacher aux personnages, le fait qu’ils n’aient pas de prénoms et soient nommés par leur fonction ne m’a pas aidé. Nous trouvons donc « Le Grand Homme » « Le Conseiller », « Le Libraire », « l’Afghan » et bien sur « l’icône de l’alcôve », ils seront tous amenés à se croiser, à vivre dans une bulle antitotalitaire russe en tentant de créer un nouveau lendemain construit sur les cendres de l’ancien régime. Mais celle qui m’a fait le plus de peine est le personnage de « Cette Femme », ce terme et le fait de ne pas pouvoir nommer la femme avec qui l’on vit m’a plusieurs fois mis mal à l’aise. Le Conseiller revient pour nous sur ses années au service du Grand Homme et les temporalités sont nombreuses. Paris années 80, Londres 1993-1997, Kiev 1997, Dublin 1990, New York 1999, Brooklyn 2010, un exercice imposé et que j’ai trouvé plutôt fastidieux qui nous fait sauter du coq à l’âne sans que j’aie pu en comprendre le sens si ce n’est celui d’une boîte à souvenirs dans laquelle on piocherait au hasard. Il est question « d’un amour déchiré entre les deux blocs », on ne doit pas avoir la même conception de l’amour, je n’ai pas ressenti autre chose que la passion, l’embrasement et l’exultation des corps mais où sont les sentiments intérieurs parce que au-delà de sa beauté l’icône tout comme Le Conseiller ne se dévoilent que très peu. Je souhaite à ce livre de trouver son public. Bonne lecture.
Ce titre, pour moi, est un oxymore. Souvent les histoires qui se passent sur un cargo sont émaillées d’ivresses, pas seulement celle du large.
Après des années d’errance et de destruction, Thierry Marignac entreprend la traversée de l’Atlantique sur un cargo « fer à repasser industriel aux dimensions d’immeuble de quatre étages » et relate ce voyage. Un cargo où, pour des raisons évidentes de sécurité, tout alcool est interdit. Un défi pour lui qui ne cache pas son attirance pour l’alcool « Il y avait plusieurs années que je n’avais pas passé une seule soirée sans boire, et trop, du reste, la plupart du temps. »
Thierry Marignac intellectualise beaucoup le voyage, pourtant il y a comme de la rage, derrière ses mots. Chaque moment, chaque paysage, l’état de la mer sont autant de moyens de se remémorer des auteurs lus, traduits, des films, ses propres écrits. Il s’égare dans ses souvenirs personnels et de lecture. Cela ne l’empêche pas, au détour d’une page, de brocarder le capitalisme à travers les marins philippins et les ingénieurs roumains, de parler de Notre Dame des Landes. Son bateau, il ne l’appelle plus que « cargo sobre » ; La terre, donc, la griserie, lui manque, le thème revient en boucle. Oui, il a le temps du voyage pour penser, il prend le temps de se souvenir, faire le point. « Je concevais donc ce voyage comme une étape utile vers un apaisement salutaire »
« Il se peut que je m’aveugle et que je vogue vers l’échec, à bord du cargo sobre. Mais j’aurais tenté quelque chose d’autre que la traduction au kilomètre pour payer mes factures. J’aurais échappé, bercé le temps d’une rêverie atlantique, à mon sort civilisé. » J’espère que vous avez trouvé cet apaisement.
Un livre à l’écriture exigeante, saccadée, comme l’état de la mer, avec de belles envolées poétiques (très belle description de la toundra russe). Un livre que je n’ai pu lire qu’au calme pour bien m’imprégner des mots de Thierry Marignac. Il y a l’ivresse des mots dans ce cargo sobre.
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