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Le Complot Médicis, Quattrocento dans la version originale parue en 2008, a été publié par les éditions Héloïse d'Ormesson en 2014. Le style est fluide, agréable à lire, tout en étant recherché..."L'homme l'observa avec étonnement. c'était un gaillard replet, la tête couverte d'un capuchon en vieux cuir. Il passa un bras par l'ouverture de sa cape usée et lui indiqua la direction à suivre, accompagnant le geste d'une litanie si compliquée que c'est à peine si le garçon en comprit un mot." (Page 22)..."Luca pila de mauvaise grâce le cinabre dans le mortier, le mêla à la poudre d'ocre brûlé comme le lui avait appris son maître, et malaxa le tout avec l'acharnement que l'on met à combattre un ennemi invisible...le gris du ciel et la pierre argentée dans le contre-jour des matins d'hiver, les toits rouges des demeures patriciennes, les coupoles étincelantes, le fleuve dont les reflets cuivrés se diluaient au crépuscule en un brouillard mauve et ténu à mesure que le soleil déclinait..." (Page 123)
Fil rouge: l'histoire du tableau de Masoni la Madonna di Nievole.
L'intrigue:
26 avril 1478. Jour de Pâques. Laurent de Médicis réchappe de justesse à la conjuration des Pazzi.
De nos jours. Ana Sotomayor, étudiante boursière en histoire de l'art, se rend à Florence afin de rédiger sa thèse consacrée à Pierpaolo Masoni, l'un des peintres les plus énigmatiques et les plus talentueux du Quattrocento. La découverte de ses neuf cahiers, certains à peine plus grands qu'un jeu de cartes, dans lesquels le peintre consignait chaque jour le moindre événement, réoriente son axe de recherche: en effet, parmi de nombreuses précisions de toutes sortes, elle y découvre le récit de cette fameuse journée du 26 avril 1478, racontée avec force détails, restituant la violence de l'attentat qui faillit faire basculer le destin de Florence.
Que s'est-il vraiment passé ce jour-là? Qui était dans la confidence de la trahison? Qui est le "troisième homme", fomenteur du complot contre les Médicis, qui avait ordonné de renverser le Conseil, institution dominée par la famille du Magnifique? De tous les Florentins anonymes qui se pressaient pour assister à la messe, combien étaient au courant? Combien dissimulaient une arme sous leurs vêtements? Dans un monde où la religion occupait la place d'honneur, un massacre en pleine cathédrale le jour de Pâques, dépassant en violence et en sauvagerie bien des crimes commis au nom de la religion, a dû avoir un retentissement énorme pour les témoins de l'époque.
Ana se lance alors dans une enquête à rebours sur la trace des commanditaires d'un des complots les plus célèbres de l'histoire italienne, sans se douter que ses recherches vont faire d'elle la cible d'une police parallèle et des hommes de main du Vatican qui souhaitent que certains secrets ne remontent jamais à la surface. A n'importe quel prix...
Florence du XVe siècle: Des descriptions soignées afin de restituer au mieux l'ambiance de la ville: "Via Mattonaia, le garçon salua familièrement Michele di Cione, assis devant son fournil, le visage noirci par la poussière de brique. Les quartiers d'artisans comme celui de Sant'Ambrogio, avec ses gouttières envahies de mauvaises herbes, l'émouvaient profondément, le réconciliaient avec son enfance paysanne. Comprimé au milieu de la foule, il se fondit dans le bouillant vacarme des vendeurs à la criée du marché de gros. Il n'y avait pas de meilleur poste d'observation pour apprendre ce qui se tramait en ville que la piazza del Mercato Vecchio..."(Pages 45-46) =>Avouez que l'on s'y croirait!!
L'art de la mise en scène, dont la maîtrise permet de donner au roman un souffle supplémentaire, faisant vivre au lecteur les émotions des personnages avec plus d'intensité : "Ce fut son regard d'oiseau de proie sous ses paupières mi-closes qui le trahit. Cesare Petrucci, pressentant le traquenard, dégaina sa cinquedea à lame triangulaire et contraignit le jeune prêtre à reculer jusqu'à la porte, sans qu'aucun des soldats de sa suite n'accoure à son secours, car tous se trouvaient pris à leur propre piège dans l'aile nord du palais, dans la salle de la Chancellerie qui protégeait un labyrinthe de chicanes et de portes cadenassées, justement conçu par les architectes pour résister à n'importe quelle attaque." (Page 287)
Le +: la particularité du roman Le Complot Médicis est que son intrigue repose sur la création de l'œuvre la plus controversée de Masoni, La Madonna di Nievole.
L'auteur y fait revivre avec beaucoup de dynamisme et de réalisme un monde aussi beau que cruel, celui de la Florence des Médicis où régnait pouvoir, argent, sombres secrets, intrigues politiques et complots dans le but de les préserver ou les conserver.
Le Complot Médicis se distingue par son érudition passionnante, riche en anecdotes et détails, comme la fabrication des pigments pas les peintres ou leurs apprentis, très bien documenté. Enrichir sa culture générale tout en se divertissant. Pari réussi.
Atmosphère troublante pour ce roman écrit et traduit avec bonheur.
Au début du XX ième siécle , une vieille domestique attachée à une grande famille espagnole raconte les amours interdites, les tourments associés aux transgressions, et ce dans une ambiance baroque.
Le roman se situe entre Cuba et l'Espagne, entre mysticisme et vieilles coutumes caribéennes.
Une vraie belle découverte ; trop courtes ces 200 pages!
Ce pourrait être le récit d’une saga familiale, dans la tradition la plus convenue du genre : le récit d’une ascension sociale, ou d’une décadence provoquée par la génétique familiale .Il n’en est rien .Dès le début du roman, le docteur Ulloa, contracte mariage le 25 juillet 1917, conformément au souhait de son père, le comte de Gondomar, seigneur de Salvatierra.
Quelque temps plus tard, le frère aîné du docteur, Jacobo, part avec son épouse pour Cuba, dans le but d’y diriger une plantation que possède la famille Ulloa de Andrade dans la province de Camagüey. À Vilavedra, localité de Galice, dans le nord-ouest de la péninsule ibérique, Juana, domestique, est le témoin direct de la vie familiale des Ulloa.
Et c’est vers une plongée dans des univers passablement inquiétants et pervers que nous entraîne Susana Fortes. Le rôle de la peur, comme moteur de conduite, y est omniprésent ; il dicte maints comportements et attitudes des membres de la famille Ulloa : ainsi, Rafael Ulloa se souvient-il avec douleur, des sentiments que lui inspirait son père : « Mais le pire n'était pas le tonnerre de sa voix, qui finissait par se briser en quinte de toux sous le poids de son propre effort, c’était le spectacle du courroux biblique d’un père despotique, capable d’infecter comme un aiguillon l’âme innocente de n’importe quel enfant. »
D’autres sentiments troubles sont décrits : celui Du docteur Ulloa, en proie à un désir de plus en plus explicite, impérieux vis-à-vis de Laura, héritière de la ligne Ulloa : « Le docteur Ulloa resta un bon monnaie à la regarder, debout contre la vitre, le gilet défait, les manches de sa chemise attachées par des élastiques. Pour la première fois de sa vie, il entendit résonner à son oreille, clairement, nettement, le démon. »
Une autre supposition est glissée dans le récit, à l’occasion entre José, un autre domestique, et Juana : « Ainsi donc, Mademoiselle Laura est la fille du comte (…) Tu veux dire, José ? Que Mademoiselle Laura est la sœur de sang de don Jacobo et du docteur, c’est bien çà ? ».
Le roman de Susana Fortes plonge dans les ténèbres de l’âme humaine, il introduit souvent des descriptions de cauchemars faits par les personnages. La superstition y tient une grande place. On pense à l’ambiance des romans de Bernanos, tels que Sous le soleil de Satan, ou Mouchette, et aussi aux peintures terrifiantes de Jérôme Bosch, très représentatives de l’ambiance de ce roman, très bien écrit, magnifiquement traduit, au style dense, au vocabulaire précis. À découvrir.
Juana a été au service de la famille Ulloa durant des décennies, et au soir de sa vie, attentive aux présages, elle se remémore les souvenirs de cette maison, ces histoires dont elle a été le témoin, ces accouchements dans la douleur, ces disparitions accidentelles, cette folie contagieuse. Dans cette famille tous les membres semblent connaître une fin tragique.
A commencer par le comte de Gondomar, patriarche régnant sur sa maisonnée, de sa belle-soeur à sa belle-fille, qui choisit par testament de séparer son fils Rafael de son frère Jacobo, parti gérer les terres de la famille à Cuba.
Tandis que Rafael, devenu docteur, fait un mariage sans amour avec Elvira, qui sombre vite dans la folie et finit par être internée, son frère meurt à Cuba, laissant seules son épouse Rebecca et sa fille Laura. Parti régler les affaires de la famille, il les convainc de revenir auprès de lui en Europe. Dès lors les fantômes de l’histoire semblent ressurgir et l’histoire se répéter.
Ce pourrait être un conte funeste avec des fantômes, des jeunes filles aux pouvoirs surnaturels, une maison à l’ambiance pesante, des amours interdites aux répercussions sans fin, jusqu’à former une étrange malédiction familiale entre deux terres, la Galice et Cuba, pétries de superstitions et de sorcellerie. C’est un livre fascinant une fois qu’on est entré dedans, avec une écriture transcrivant avec grand talent une atmosphère très particulière.
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