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Sherlock Holmes et les secrets de Jules Verne, Stéphane Pajot, Geste éditions
1898, Jules Verne revient à Nantes, sa ville natale pour un congrès autour de l’astronomie. Sherlock Holmes et le Dr Watson, intrigués par la disparition de 4 personnes arrivent en ville. La rencontre entre le détective et l’écrivain, au-delà de leur admiration réciproque aura bien lieu dans tous les coins les plus connus de Nantes.
Les éditions Geste ont créé une série autour de Sherlock Holmes, et cette fois-ci, c’est Stéphane Pajot éminent spécialiste de sa ville qui y invite le célèbre duo britannique. Comme dans tous les livres de l’auteur, les anecdotes autour des lieux, des personnages connus -au moins localement- et des figures emblématiques nantaises pullulent. Il ne résiste pas au plaisir de raconter tel ou tel fait avéré, à placer en second plan une musicienne de rue, un inventeur, de ceux qui ont compté un temps dans les rues de la ville. Et c’est tant mieux, car ça donne une réalité, une crédibilité au récit, ça le colle parfaitement dans l’époque et la ville décrites.
Et puis, il y a les références à l’actualité : Nantes qui serait devenue la ville la plus dangereuse de France -que dis-je, du monde- d’après ceux qui n’y habitent pas, ou les fake news : "Ah, une rumeur ! Et pourquoi pas un de ces complots ourdis par une puissance occulte, nous y avons déjà eu droit. On ne se méfie jamais assez des rumeurs, ces histoires créées de toutes pièces qui détruisent des commerces, des institutions, salissent parfois des réputations d’honnêtes citoyens."
Une rencontre entre Holmes, Watson et Jules Verne autour de bonnes tables et d’une étrange affaire de disparition pour laquelle le maître détective devra faire travailler ses cellules grises et son esprit de déduction et de synthèse. Très agréable de savoir que je marche régulièrement dans les lieux que le plus grand détective du monde a fréquentés.
Une enquête sérieuse, narrée sur un ton volontairement léger et distrayant. Bref, comme toujours avec Stéphane Pajot, une très belle balade nantaise épicée d’une intrigue policière, de l’humour, des références et du vrai plaisir de lecture.
Fuck la mort, Stéphane Pajot, Locus Solus
Nantes, 1915, le Groupe des Sârs, formé par quatre lycéens, se reforme à l’occasion d’une permission ou d’une convalescence des mobilisés. Ils se retrouvent en haut du pont transbordeur. Parmi eux, Jacques Vaché, un précurseur du surréalisme selon André Breton qui l’a connu pendant la guerre.
Cette courte fiction met en scène les quatre jeunes gens ayant réellement existé. Stéphane Pajot, grand amoureux et connaisseur de sa ville, Nantes nous y balade dans ce qu’elle était il y a un siècle. Très bien documenté, autant sur les lieux que sur les personnes qu’il présente, son roman se lit avec un plaisir évident. Les Sârs étaient Jacques Vaché, Eugène Hublet, Jean Sarment et Pierre Bisserié. On croise aussi André Breton, Guillaume Apollinaire, Théodore Fraenkel, tous ceux qui ont marqué le mouvement surréaliste auquel la ville de Nantes est très liée.
Une très belle idée que de les faire revivre. Le récit est très bien mené, émaillé d’expressions locales, de citations des uns et des autres. Il nous plonge dans les années noires de la Première Guerre, dans les esprits de ces jeunes gens qui en reviennent avant d’y repartir, la peur au ventre. La mort rôde, et certains de leurs camarades sont déjà tombés au champ de bataille. Jacques Vaché, dit Jack, le dandy nantais, blessé au combat s’essaie à l’opium, écrit, déclame. Il aime la vie, ses copains et comme les autres sent bien que cette rencontre sera l’ultime du groupe des Sârs.
Si vous aimez Nantes ou le surréalisme ou les deux, ce livre est fait pour vous. Sinon, l’est aussi si vous aimez découvrir, apprendre, car en plus de la fiction, il y a un dossier succinct sur chacun des Sârs et des photos.
Stéphane Pajot est journaliste culture dans un quotidien du pays nantais, il connaît la ville, ses moindres recoins, ses personnages typiques, connus ou marquants, les anecdotes qui les entourent, les divers changements de la ville au cours des années qu'il traque avec sa collection de cartes postales et dévoile sur ses divers comptes sur les réseaux sociaux. Stéphane aime semer dans ces livres les traces de tel ou tel personnage, ses acrobaties -car il aime les acrobates, les freaks, les chanteurs de rues, les clodos flamboyants...- décrire tel monument ou installation qui n'existe plus. Quand on connaît ses livres, on se plaît à chercher où il a pu les cacher, et quand on ne les connaît pas, ce qui entre nous est une faute impardonnable, ils donnent des couleurs, une ambiance.
Pour ce roman, l'auteur quitte un peu Nantes pour la Bretagne profonde, celle de Brocéliande et de ses légendes. Mathieu Leduc a délégué à moins impliqué que lui les recherches qui vont assez vite flirter avec le fantastique, l'immatériel. Les âmes errantes des morts, les Dames Blanches... Et la forêt de Brocéliande, terre de légendes s'il en est -je m'y suis perdu une fois- et le typique village de Tréhorenteuc.
Stéphane Pajot écrit là un roman noir, un roman d'ambiance, de ceux qui laissent une présence longtemps après l'avoir lu : la force de l'imagination et de la visualisation. J'aime beaucoup les romans de l'auteur. Il sait, à chaque fois, se renouveler tout en gardant une voix personnelle reconnaissable.
Stéphane Pajot est journaliste à Presse Océan et auteur de pas mal de livres soit sur Nantes, sa ville natale et les figures locales, soit des polars ou romans noirs. Et souvent dans ces derniers, sa toile de fond est nantaise et peuplée des personnages et des rues et des lieux qu'il décrit dans ses autres ouvrages. Ce livre, je l'ai vu sur les rayons de la librairie, et hop dans ma besace. Puis, un jour où j'étais sur la terrasse à lézarder, la flemme de monter un étage pour aller chercher le livre commencé, j'ai attrapé Matos et n'ai pas pu m'en décrocher avant la fin. Stéphane Pajot y décrit très bien la vie des cités encore paisibles au début des années 90 -c'est personnellement le moment où je les ai quittées après presque vingt ans, pour prendre mon indépendance- et le changement qui s'opère au mitan de la décennie avec le marché parallèle qui explose, les caïds qui veulent imposer leur lois et les parents qui ne parviennent plus à empêcher leurs enfants de mettre un doigt dans le trafic. Argent facile. Chômage très présent.
Le récit de l'auteur est touffu, puisqu'il y fait également intervenir son journaliste récurrent Mathieu Leduc, qui enquête sur la cité des Cerisiers, puis qui s'éclipse et revient pour le final. Il y parle de la vie en cité, du trafic, de la prison, de la vengeance, des femmes battues. Tout se lie, tout s'emboîte aisément. C'est un roman noir pas commun, qui nous emmène de Nantes à Essaouira en passant par Paris et Le Havre, qui souffle les airs de Jimi Hendrix à quasiment toutes les pages, évoque sa vie, sa mort et tous les doutes qu'elle a provoqués parmi ses fans, renforcés par la mort de son ancien manager en 1973, dans un crash d'avion au-dessus de Nantes. Voilà, c'est cela ce roman de Stéphane Pajot, un amour pour Jimi Hendrix et Nantes, et une foultitude de faits avérés, d'événements qui se retrouvent dans sa fiction, l'alimentent lui donnent corps. Et tout cela tient dans un format resserré pour mon plus grand plaisir. Excellent, comme d'habitude.
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