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Cet auteur est décidément une valeur sûre, il a encore une fois réussi à m’embarquer et une fois ouvert, je n’ai lâché ce roman qu’en arrivant à la dernière page.
Au vu du résumé, je ne m’attendais pas à ce que j’ai trouvé dans cette lecture: les protagonistes ne font pas que vivre dans cette décharge, ils y travaillent, dans des conditions effarantes.
Le contexte politique et social n’est pas abordé de front, c’est pas la description de la vie de ses personnages que l’auteur en souligne tout le sordide et l’injustice. A tout cela s’ajoute une touche de surnaturel qui s’insère très bien dans l’intrigue et lui confère une note encore plus touchante. Il y a également une post-face très intéressante qui explicite ce contexte, ne la zappez pas.
Encore une très bonne lecture, que j’ai dévorée et qui m’a touchée. Je conseille très vivement!
Lorsque "Monsieur Han" ( Hwang Sok-yong, Zulma 2017) décède, délaissé de tous, délesté de tout, personne ne sait rien du vieillard solitaire. Mais il laisse, sous le poids d’une histoire personnelle douloureuse, l’Histoire tragique de la Corée.
Médecin à Pyongyang, il rejoint le Sud, contraint à l’exil, lorsque la guerre est déclarée, en 1950.
Le récit dresse un état au plus prés et sans concessions, de la scission de la Corée où monsieur Han, n’est que la représentation d’un homme - Hwang Sok-yong ? - qui croyait naïvement, dans son obstination, qu'il suffisait de ne pas « s’impliquer » pour être serein.
Ce petit ouvrage - qui certes ne compte pas parmi le derniers édités, mais dont les qualités sont actuelles - est un voyage poignant et saisissant au cœur de la Corée, un récit sobre, instructif, entre témoignage et protestation.
Bonne lecture.
Michel.
Libéré après 18 ans, un prisonnier politique découvre que la femme qu’il aimait est morte, laissant derrière elle des carnets racontant la vie qu’elle a menée sans lui.
Dans ce roman-témoignage à deux voix, nous suivons en parallèle O Hyônu, incarcéré pour avoir critiqué le gouvernement et avoir manifesté pacifiquement, et YunHi, qui vit les changements sociaux et politiques de la fin du 20e siècle en Corée du sud, alors qu’ils ne peuvent avoir aucun contact l’un avec l’autre.
Le récit se déroule entre 1980 et le début des années 2000, le Soulèvement de Gwangju servant de point d’ancrage à l’intrigue. Il raconte l’engagement des étudiants coréens contre la dictature et la corruption, leurs manifestations réprimées dans le sang et la violence. Les condamnations à perpétuité. L’incarcération, dans des conditions effroyables. Mais aussi le combat de ceux restés libres, la vie des proches, sympathisants ou citoyens ordinaires. La solidarité, la peur. La dérive de la femme aimée, les familles brisées.
L’ambiance est douce-amère, parfois poétique, souvent rude, qu’on nous décrive l’environnement où évoluent les personnages, la vie dans la Corée du Sud de la fin du 20e siècle sous la dictature militaire ou les conditions d’incarcération des prisonniers, en particulier politiques.
On oscille entre 1980 et 2000, on navigue, pas toujours chronologiquement, entre l’avant et l’après, entre les souvenirs des protagonistes et les difficultés de réadaptation du Hyônu, entre les idées politiques et les carnets intimes de YunHi.
C’est un roman en partie autobiographique, ce qui rend la lecture d’autant plus touchante et prenante. Le texte est dense et demande de l’investissement et de la concentration de la part du lecteur. Impossible d’en ressortir indifférent-e.
Un must-read si vous vous intéressez à la Corée et/ou à l’Histoire du 20e siècle. A lire également si vous cherchez un récit de destins contrariés ou empreints de nostalgie.
Au soir de sa vie, Minwoo Park est un homme heureux. Il vit dans un bel appartement, sa fille a réussi en Amérique, il est reconnu, célèbre même en tant qu’architecte et, surtout, il a réussi à s’extirper du bidonville où il a grandi. Il est loin derrière lui le quartier de Dalgol, excroissance poussée à flanc de colline dans la banlieue de Séoul. Grâce à son intelligence, son ambition et un peu de chance, il a fait des études, un beau mariage, une belle carrière, laissant derrière lui la misère de Dalgol et ses habitants. Mais un message tendu par une jeune fille lors d’une de ses conférences le renvoie à son passé. Il émane de Soona, une jeune fille qu’il a aimée naguère et qui l’aimait en retour. Quand il a quitté le quartier, il a laissé derrière lui cet amour de jeunesse. Avec Soona, les souvenirs jaillissent et avec eux les questionnements sur ce qu’il a fait de sa vie. A-t-il renié ses origines ? En fuyant Dalgol, n’a-t-il pas troqué les petits trafics pour des malversations de plus grande envergure ? La solidarité, l’entraide, les amitiés, les relations de bon voisinage dont il se souvient lui jettent au visage sa solitude, ses trahisons, ses renoncements ? Minwoo est-il vraiment l’homme heureux qu’il semble être ?
Chronique douce-amère de la réussite d’un homme qui s’est construite à l’image de son pays. Combien d’amis Minwoo a-t-il laissé derrière lui pour accéder au sommet ? Combien de laissés-pour-compte pour faire de la Corée l’un des quatre dragons asiatiques ?
Minwoo se souvient de la misère, la faim, le froid, des masures qui poussaient comme des champignons tout autour de Séoul. C’était son monde avant qu’il ne devienne un éminent architecte. En se développant, le pays a voulu faire table rase de cette pauvreté crasse. Les gens ont été chassés, leurs logis dévastés par les pelleteuses, leur habitat remplacé par des tours d’immeubles. Où sont-ils allés ? Que sont-ils devenus ? Minwoo n’a jamais cherché à le savoir, il a fermé les yeux sur les gros bras recrutés pour faire dégager les contestataires qui s’accrochaient à leurs maisons. Il a indirectement participé à leur expropriation et s’est perdu dans un système de corruption.
Alternant entre le passé et le présent de Minwoo et le récit de la jeune fille qui lui a remis le message de Soona, Au soleil couchant est un livre plein de nostalgie et de regrets qui met le doigt sur la face cachée de la fulgurante réussite économique de la Corée du sud. Un roman beau et dur à la fois.
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