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En juin 2021, à l’occasion du Prix Raymond Leblanc de la jeune création, on pouvait découvrir les premières planches et la couverture provisoire réalisées par Shih-Hung Wu pour un album qui s’intitulait encore “Vent de montagne, pluie d’océan”.
Trois ans plus tard, le titre est devenu “Oken, Combats et rêveries d’un poète taïwanais”, mais les premières impressions quant au travail de son auteur sont toujours bien présentes. Le seul changement est de pouvoir maintenant apprécier la beauté du dessin de l’auteur, non plus sur neuf planches, mais sur 208 pages.
Cet album est l’adaptation de l’autobiographie du poète taïwanais Yang Mu, intitulée “Mountain Wind and Ocean Rain”. Dès les premières pages l’auteur nous plonge dans la Seconde Guerre mondiale alors que l'île de Taïwan, où est né le jeune Oken, est occupée par le Japon depuis 1895.
Après l’attaque japonaise sur les forces navales américaines postées à Pearl Harbor, des raids aériens bombardent la ville de Hualien où résident Oken et ses proches. Obligée de quitter la ville, la famille se réfugie dans les montagnes pour être en sécurité.
En 1945, après la reddition du Japon, la famille retourne en ville et découvre les changements qui l’attendent. En effet, plus question de parler japonais, dorénavant le mandarin est la langue officielle, à l’école, dans l’imprimerie du père et dans la famille. À travers les yeux d’un enfant, puis d’un adolescent, on assiste aux soubresauts politiques qui ont secoué Taïwan. En 1949, le gouvernement nationaliste chinois s’installe sur l’île et instaure une dictature. Les tremblements de terre vont alors accompagner les changements politiques. Mais l’Art que va progressivement découvrir Oken lui permet malgré tout de grandir et de se construire.
Qu’il est difficile de décrire le travail graphique de Shih-Hung Wu ! Même dans le noir, l’horreur et la désolation, la beauté de son trait et de ses couleurs arrivent à transparaître. Comme si une lueur d’espoir était toujours visible malgré les affres de l’Histoire.
Oken est un magnifique album à lire, mais surtout à contempler, les nombreuses pages sans texte nous y aident parfaitement.
Il est difficile de parler de ce genre d'oeuvre. Tout dépend finalement de la sensibilité de chacun envers les dessins de l'artiste.
Parfait mélange d'aquarelle et de traits fins, il retranscrit avec douceur le récit autobiographique de Yang Mu dit Oken qui a grandit dans l'horreur de la guerre avant de découvrir la force de l'Art, sous différentes formes.
Meme si certains passages m'ont paru compliqué à comprendre, j'ai aimé ce livre, véritable page turner graphique, qui, au-delà de la vie de Oken, nous en apprend plus sur l'Histoire de Taiwan.
Cette île prise en étau entre Chinois et Japonnais, entre Nationalistes et Communistes, et qui divisera sa population en fonction des "croyances" de chacun.
Ce roman graphique sort au moment où des tensions viennent à nouveau menacer la tranquillité de Taiwan, nous rappelant au passage que l'Histoire peut se répéter. Ce n'est pas le propos de l'auteur mais force est de constater l'avertissement.
A l'origine, le projet ne devait traiter que de la troisième partie, celle où Oken découvre l'art littéraire. L'ajout des 2 premières parties concernant l'Histoire géo politique de Taiwan est selon moi une très bonne idée pour comprendre d'un côté le contexte mais aussi le pourquoi de cette passion naissante pour la poésie.
« Là où s’étendait la mer, le temps et l’espace se faisaient toujours si lents.
Les oiseaux volaient paisiblement, les vagues blanches s’élevaient avec douceur.
Le souffle de l’océan semblait m’emporter loin, très loin. »
Oken est un roman graphique adapté de Mountain Wind and Ocean Rain, un classique de la littérature taïwanaise, dont l’histoire retrace l’enfance et la jeunesse de Yang Mu, un écrivain important de la poésie taïwanaise. Le récit débute au printemps 1945, alors que Taïwan est sous occupation japonaise. Oken est un jeune garçon qui grandit dans la ville de Hualien située sur la côte Est de Taïwan. Mais lorsque les bombes américaines s’abattent sur Hualien, Oken et sa famille sont obligés de partir se réfugier dans un petit village au cœur des montagnes. Ici, Oken va découvrir une nouvelle vie où il pourra s’émerveiller devant la beauté de la nature et laisser libre cours à son imagination.
« Je n’oublierai jamais ce parfum intrigant qui hantait les collines et les champs verdoyants. Rudesse, courage, pureté de cœur, joie traversaient les montagnes et les forêts. »
À la fin de la guerre, de retour chez lui, tout a changé, les japonais sont partis, il est interdit de parler leur langue et les chinois sont au pouvoir. La transition vers cette nouvelle ère est synonyme de défis pour Oken et sa famille qui doivent s’adapter aux nouvelles règles, tout en préservant leur identité et leurs souvenirs d’une époque révolue.
À travers les épreuves et les transformations, « Oken » offre un témoignage de l’histoire de Taïwan. Son récit nous invite à une réflexion sur les liens entre passé et présent, l’exil, la famille, le courage, l’identité, la transmission et sur la manière dont les individus naviguent à travers les tourments pour trouver leur place.
En plongeant dans les dessins aux ambiances délicates et poétiques, nous découvrons un univers à la fois personnel, pur et expressif. Nous sommes aussi captivés par un texte empreint d’une grande sensibilité et d’une profonde humanité. « Oken » est une exploration sublime, subtile et envoûtante, faite de mélancolie, d’espoir et de contemplation.
L'enfance du jeune Oken se déroule à Hualien, dans l'est de Taïwan, pendant la Guerre du Pacifique, subissant la colonisation Japonnaise, la rétrocession de de Taïwan à la Chine, les bombardements, mais aussi les tremblements de terre cataclysmiques et bien entendu ceux de l'âme liés à l'adolescence.
Le jeune garçon, doué d'un sens de l'esthétisme rare se réfugie dans sa propre vision du monde.
Oken est son surnom, car il est Yang Mu, grand poète Taïwanais.
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Adaptée d'un classique de la littérature Taïwanaise, Mountain Wind and Ocean Rain, qui m'était totalement inconnu, comme son auteur d'ailleurs, Shih-hung Wu nous offre ici sa 1ere bande dessinée après avoir remporté aisément le concours annuel Raymond Leblanc de 2021.
Animateur de profession, il est heureux qu'il se soit tourné vers le 9e art tant l'album qu'il nous livre ici est magistral !
La vision de la guerre, des tourments des adultes et de ceux de l'adolescence vus par le prisme de ce petit garçon à l'esthétique délicate, comme un refuge à des événements trop énormes pour lui, les images qui se créent en lui et sa façon de traduire et de restituer les choses sont absolument fascinants.
Sa découverte de l'art et du beau transcendent littéralement ses tourments, qu'ils soient personnels ou historiques.
L'esthétisme grandit avec lui, en lui, jusqu'à être face à l'enfance à nouveau, à travers les yeux de son fils, comme pour boucler la boucle et perpétuer la magie de ces instants fugaces.
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Graphiquement parlant, je suis juste subjuguée par ce mélange d'aquarelle et d'encre noire qui apportent encore une touche de poésie supplémentaire si c'est possible, de ces visages taillés au couteau qui me rappellent parfois Grazia La Padula.
Que les événements soient durs ou tendres, l'artiste use plus de l'un ou de l'autre, mais les mêle toujours dans un équilibre savamment délicat absolument somptueux.
Somme d'instants suspendus et de vie débordante, Oken est un one-shot d'une rare poésie à tous niveaux.
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