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Le livre de Sara Bourre est surprenant et très énigmatique. Dès le début, le roman installe un sentiment de malaise à travers la vie d'une femme et de sa fille, la narratrice.
La relation entre la mère et sa fille est complexe et troublante. La mère semble ignorer sa fille, Elle fuit sa fille en s'entourant de vapeurs d'alcool et de fumées de cigarettes. Cependant, à l'extérieur, la mère se transforme en une femme fatale, exubérante et peu recommandable. Les langues des villageois sont des vipères et les rumeurs sur les relations de la mère avec les hommes affluent.
Lorsque soudainement, la mère disparait, l'enfant se retrouve seul. Le récit prend alors une tournure encore plus sombre et lancinante.
Les ingrédients sont tous là pour nous plonger dans une atmosphère incertaine. La maison isolée de la mère et de la fille, qui est située dans une forêt sombre et bordée d'un lac, ajoute à l'ambiance mystérieuse.
Un texte court, autant sensoriel que visuel, très poétique et où les émotions sont exacerbées. L'histoire est racontée du point de vue de la fillette, qui nous entraîne dans cette atmosphère tendue et lourde d'attente.
C'est un premier roman sensible et original que je conseille de découvrir. L'écriture de qualité et sublime de Sara Bourre mérite le détour. Un petit ovni littéraire.
Une autrice à suivre, c'est certain.
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Une mère vit isolée dans la forêt, près d'un lac avec sa fille, la narratrice, enfant non désiré. La mère disparaît une nuit laissant sa fille livrée à elle-même.
Dans ce roman, dont la première phrase rappelle l'incipit de "L’Étranger" de Camus et son célèbre "Aujourd'hui, maman est morte", l'intrigue importe peu.
Ce qui compte, c'est la relation mère-fille entre une mère fantasque, flamboyante, extravagante, marginale, libre, tellement libre qu'elle le paiera de sa vie et une fillette en quête d'amour maternel que sa mère est incapable de lui offrir. C'est l'amour, l'admiration et la fascination inconditionnels d'une petite fille mâtinés de honte, d'une sorte de jalousie. Sa mère est son seul modèle, sa seule référence. Lorsque celle-ci disparaît la fillette va se transformer en elle par identification; elle se maquille outrageusement comme elle, elle porte ses robes multicolores, elle vit en recluse, reçoit un garçon, fume. Son destin sera-t-il le même?
La nature n'est pas ici un havre de paix où se ressourcer; elle est menaçante avec une forêt dense, un lac sombre. C'est un lieu de violence et de mort, de danger.
Ce roman m'a fait penser à un drame antique avec le chœur, composé des femmes du village à la langue acérée, qui juge, commente, représente la communauté et annonce le drame qui se prépare mais aussi avec l'unité de lieu et de temps. Il suinte le désespoir, la solitude, la sauvagerie sans aucune lueur à l'horizon.
C'est un roman de sensations, d'odeurs, de couleurs qui s'impriment dans la conscience du lecteur grâce à une langue puissante, syncopée comme si la narratrice livrait ses émotions dans un souffle, dans un long monologue. Tout est suggéré, jamais clairement énoncé ce qui donne beaucoup de force au propos.
Je suis restée émotionnellement en marge de ce texte, même si je reconnais une écriture singulière, puissante, imagée, à la poésie brute, qui saisit mais peut aussi finir par lasser. Ce qui fut mon cas pour ce primo-roman qui sort des sentiers battus.
#Mamanlanuit #NetGalleyFrance
Voici un premier roman issu d’un master de création littéraire. Un texte où l’on sent le rythme, l’urgence et la poésie. Dès le début le lecteur sait que la mère de la jeune fille a disparu et qu’elle se retrouve seule. Peu à peu la jeune fille dévoile sa vie et celle de sa mère. Un lien très fusionnel les unissait. Mais les mots de la mère à l’égard de sa fille sont blessants. On ressent une souffrance chez la mère qui l’empêche d’assumer pleinement et sereinement son rôle.
Il y a aussi le regard méprisant et les mots cinglants des commères du village, traitant la mère de prostituée, plaignant la fille mais ne faisant rien pour l’aider, encore moins lorsqu’elle se retrouve seule.
Le lecteur est plongé dans les pensées d’une jeune fille puis d’une adolescente. Elle aimerait être aimée. Comment va-t-elle continuer à vivre sans sa mère ?
Sara Bourre réussit à inventer une langue propre à son personnage, très imagée. Les couleurs sont liées aux émotions du personnage. Elle sème des indices, évite d’en dire trop afin que le lecteur puisse imaginer. La nature est omniprésente, notamment avec le lac à proximité de la maison. L’histoire est plutôt sombre. On ressent la solitude de la mère et de la fille.
Un texte poétique et quelque peu déstabilisant, avec une écriture très travaillée. Chaque mot est choisi pour son sens et sa sonorité. Cela peut ressembler à une fable ou un conte, avec une légère touche de fantastique. Un premier roman original à découvrir !
« Maman a disparu », l’incipit est sans appel. Maman a disparu, et voilà la narratrice, jeune, adolescente, seule, livrée à elle-même, dévastée par l’ampleur de ce vide, désemparée par cet abandon. Parce qu’elle n’avait qu’elle, que cette maman admirée et pourtant défaillante. Alors elle convoque ses souvenirs et dans la nuit noire elle la fait revivre. Une femme devenue mère malgré elle, à la vie fantasque et dissolue, qui fume, boit et arbore des tenues chamarrées’ en se moquant des rumeurs qui pourtant pullulent dans ce village gris niché au bord d’un lac. Une maman encombrée par cette fille non désirée aux comportements alternant entre exubérance dérangeante et indifférence brûlante, laissant désemparée cette enfant délaissée. Difficile pour elle de se construire face à un tel modèle.
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Difficile de parler de ce livre tant sa forme est singulière. L’histoire est intéressante mais elle est presque secondaire face à cette écriture remarquable. Une plume sèche, nerveuse, tour à tour flamboyante ou lapidaire, minimaliste ou poétique. Très belle mais déroutante en tout cas, au point parfois de rendre la lecture exigeante. Les mots claquent, les phrases sont scandées, et adoptent le rythme des pensées et du désarroi de la jeune fille. Dans ce roman l´intrigue est livrée par bribes, par touches, dressant le portrait d’une maternité toxique qui sera le terreau d’une adolescence fracassée. On trouve aussi un champ lexical où les couleurs sont omniprésentes, apportant des touches lumineuses tristes ou gaies, selon les états d’âme de la narratrice ou selon les sentiments que les personnes lui inspirent. Ainsi le ciel est bleu, noir ou rose. Sa mère a les lèvres bleues, les yeux rouges ou les joues oranges pour mettre en exergue sont non conformisme, alors que les hommes du roman sont noirs, gris ou marrons, ternes ou angoissants face à sa magnificence.
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Un roman qu’au final j’ai plus aimé pour son écriture que pour son propos, mais une auteur dont je surveillerai les prochains titres.
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